Il est des albums qui vous font comprendre dès la première écoute l’absolu pouvoir de la musique tant il vous bouleverse, tant il vous remue, tant il vous touche. Nightsongs, le quatrième et dernier album de Yael Naim fait partie de ceux là.
Composé et produit intégralement par la chanteuse, seule au piano pendant trois ans et cette fois sans son comparse de toujours, David Donatien, Nightsongs est très autobiographique et d’une grande délicatesse. Une plongée subtile et profonde dans l’intime.
Yael Naim a enregistré dans le silence de la nuit, d’où le nom de l’album, pour son ambiance, inspirant un certain lâcher prise et un abandon, pour écouter la petite voix à l’intérieur de soi et cela donne toute une dimension à l’album. L’enregistrement s’est fait aussi au milieu de bouleversements personnels, avec la naissance de sa fille, le passage à la quarantaine et la disparition de son père à qui le titre Daddy, qui ouvre l’album, est dédié.
Il en ressort un album lumineux aux questionnements et aux textes forts. Un album sur l’acceptation aussi dont les arrangements féériques sont d’une beauté rare et d’une élégance absolue. Il s’écoute surtout comme on lirait de la poésie. Chaque note est délicatement posée. Chaque instrument parfaitement choisi. Il y a ces cordes de guitare méticuleusement pincées sur le morceau Daddy, qui font penser à celles d’une harpe. La ritournelle obsédante de She. La sublime subtilité du morceau How Will I Know, premier extrait de l’album, dont la musique semble comme suggérée. La beauté du morceau Shine (illustré par un très beau clip réalisé par la chanteuse). La mélodie au piano sur Miettes. Les chœurs de l’ensemble classique Zene rencontrés lors d’un concert à la Philharmonie de Paris, sur les morceaux She, Shine, Miettes ou encore My Sweetheart, qui accentuent une émotion déjà très forte.
La voix de Yael Naim est plus mise en avant, plus marquée. Chaque mot résonne à la perfection. Elle écrit aussi et chante en français (Miettes, Des Trous), moments plus que très rares sur ses albums et c’est parfaitement réussi. « Mais quand on va grandir, après tout ce qu’on s’est fait, Quand on sera en paix, dans un monde imparfait, Un jour on va oser, tout simplement s’aimer, Juste comme ça comme on est… »
Il faudrait tout retenir. On a littéralement les larmes aux yeux en écoutant certains morceaux si ce n’est tout l’album. Familiar et My Sweetheart en tête, sa montée musicale et les chœurs sont d’une puissance émotionnelle intense. Sans oublier le morceau Des Trous, pour ses mots.
Et puis, il y a A Bit Of qui clôture l’album et dont le texte semble chuchoté à votre oreille… Les dernières paroles du morceau reprennent celles de My Sweetheart. « I’ll try to find a way, to fly but yet to stay… ». Nightsongs se termine ainsi, comme un rêve merveilleux invitant à la renaissance et au recommencement.
L’album est sorti pendant le confinement. Yael Naim dira : « Nightsongs sort pendant cette période très particulière, et d’une certaine manière tout cela prend sens. Je le partage avec vous avec tout mon amour et toute ma force ». Nightsongs est un album qui rassure et laisse de la bienveillance sur nos nuits.
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