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Terres du son 2019 : Rencontre avec GRANDE

A l’occasion de notre venue au festival Terres du son, nous avons eu la chance d’échanger avec GRANDE, un duo que nous avions très envie de rencontrer depuis quelque temps. L’occasion idéale pour discuter du parcours de Chloé et Gabriel, de leurs futurs projets et de la scène locale tourangelle !

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> Étant un webzine basé en région Centre nous aimons bien découvrir des groupes locaux et nous sommes ravies de pouvoir échanger avec vous ! Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Gabriel
: On s’appelle GRANDE, on est un duo composé de Chloé qui joue du violon et qui chante, et de Gabriel qui joue de la guitare et qui chante. On existe depuis un peu plus de trois ans, on est basés à Tours, on fait de la musique triste mais cool.
Chloé : Et on chante en anglais.

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> Quelque chose nous a interpellé dans votre biographie : il est noté que Chloé, tu aurais pu finir dans un bal irlandais. Quelle est cette histoire ?
Chloé
: J’ai appris le violon, mais le violon traditionnel. Je viens du Berry du coup j’ai appris le violon dans les bals trad et j’ai aussi appris pas mal de techniques du violon irlandais. Ma formation vient de là et je pense que j’ai un jeu un peu identifié. Même dans la manière de composer, j’ai cette esthétique là qui est assez redondante.
Gabriel : Puis tu as pas mal traîné tes grolles dans les bals…
Chloé : J’ai pas mal traîné mes grolles dans les bals ouais. Je sais danser la bourrée tu vois.

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> Tout le monde ne peut pas dire ça…
Gabriel
: Moi je sais danser bourré par contre (rire) !

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> C’est assez rare de voir un duo qui n’est composé que de cordes et de voix, sans percussions… Comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble ?
Chloé
: En fait, c’est la rencontre humaine qui a fait qu’on a commencé à jouer ensemble.
Gabriel : Ouais on est devenus copains, on s’est rencontrés dans un bar et on est devenus potes. Puis moi j’avais envie de rejouer avec des gens et un peu à la cantonade j’ai dit « j’ai trop envie de refaire un groupe de musique » et Chloé m’a dit « ben moi je joue du violon ». On a essayé de faire une répétition ensemble puis ça a marché tout de suite, donc on n’a pas arrêté. Et on n’a jamais vraiment ressenti le besoin de la percussion. On a essayé un peu au début.
Chloé : La musique est percussive en elle-même. Soit il n’y a pas de percussion mais c’est sous-jacent parce qu’on l’amène naturellement, soit effectivement, avec le violon vu qu’on loop, on a quelque chose de percussif qui est amené par là.
Gabriel : Il n’y a pas de percussion mais la rythmique n’est pas absente.
Chloé : C’est ça, on ne fait pas de la musique lounge.

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> Comment composez-vous vos morceaux ? Est-ce que c’est instinctif, ou est-ce que vous écrivez avant très classiquement ?
Gabriel
: Pas du tout.
Chloé : On sait très peu lire les partitions.
Gabriel : Moi je sais lire les partitions (rire).
Chloé : Oui mais franchement c’est quand même un enfer !
Gabriel : Mais c’est important (rire).
Chloé : Du coup, ça part vachement sur l’impro. On compose à partir de larges plages d’improvisation où on cible des motifs qui nous ont interpellés et après Gab a cette capacité de pouvoir improviser des paroles dessus.
Gabriel : Pas forcément les bonnes (rire) ! Puis à partir de là on arrive à construire des morceaux, puis on rajoute des éléments, on en enlève…
Chloé : Après on orchestre ensemble.

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> Comment vous arrivez à vous dire que le morceau est fini ? Comment sait-on qu’il est prêt ?
Gabriel
: C’est une bonne question ça.
Chloé : Oui.
Gabriel : Je ne sais pas… Quand il nous fait plaisir à jouer, qu’il nous semble harmonieux. Finalement quand on écrit et qu’on joue de la musique, on écoute de la musique en même temps, donc quand le morceau nous plait c’est qu’il est prêt.
Chloé : Ouais on ne s’est jamais posé cette question là. Et des fois, il y a des morceaux qu’on ré-orchestre aussi. La semaine dernière on a fait une résidence et il y a des morceaux qu’on a ré-orchestrés, parce qu’il y avait des moments de latence qui nous gênaient. Ils évoluent. On peut avoir fait un morceau il y a six mois, et ça ne sera pas forcément exactement le même aujourd’hui.
Gabriel : Ça me fait penser que je ne sais pas si un morceau est jamais fini. Ils vivent.
Chloé : Oui c’est ça, parce que même quand tu l’enregistres tu vas forcément le ré-orchestrer à un moment donc non, il n’est jamais vraiment fini.
Gabriel : C’est rigolo que tu dises « orchestrer » depuis tout à l’heure. Tu as des envies d’orchestre symphonique ?
Chloé : En fait j’ai un complexe…
Gabriel : Tu aurais aimé être premier violon !

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> Est-ce que vous prévoyez de faire un 1er album ?
Gabriel
: On vient de terminer la deuxième session d’enregistrement de notre 2ème EP. Il reste à enregistrer les voix. Il devrait pouvoir sortir cet hiver, parce que ça prend du temps. Après l’enregistrement, il y a plein d’autres étapes. Donc, cet hiver, il y aura un 2ème EP.

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> Est-ce qu’il a déjà un titre ?
Gabriel
: Non.
Chloé. 2. EP 2.
Gabriel : On va trouver un truc. Par contre ce sont des morceaux qu’on a déjà pas mal joués sur scène, que les gens qui nous ont déjà vus sur scène reconnaîtront. Il  a un morceau qui s’appelle La Petite Sirène, qui parle du mythe de La Petite Sirène, complètement un mythe queer en fait. Andersen était gay, peu de gens le savent. Il y aura Demons aussi, qui est un morceau qu’on joue souvent à la fin des concerts. Il y aura Yellow Saturday, Pray The Lord et puis d’autres surprises.

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> Est-ce qu’il est enregistré dans des conditions un peu live ou est-ce qu’il va être retravaillé ?
Chloé
: Il y a les deux. On a des copains qui sont venus jouer dessus et on a choisi de l’enregistrer live avec eux. Dessus, il y a batterie et basse et ça on a choisi de l’enregistrer live parce que je pense qu’il y a un groove qu’on ne peut avoir qu’en le faisant tous les quatre ensemble et pas en commençant par la batterie, ça n’aurait eu aucun sens parce qu’on a jamais travaillé comme ça en plus. On ne travaille pas avec une batterie.
Gabriel : Après il y a d’autres morceaux qu’on a enregistrés avec des techniques plus classiques d’enregistrement, piste par piste. On a essayé de trouver la méthode adaptée pour chaque morceau, pour que ce soit à la fois le plus simple à l’enregistrement et que le résultat soit le meilleur.
Chloé : Et puis parce qu’il y a des contraintes techniques aussi.

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> Vous êtes lauréats du dispositif Propul’Son. Est-ce que c’était important pour vous d’avoir un accompagnement local et professionnel pour vous aider dans votre cheminement ?
Chloé
: C’était carrément important.
Gabriel : Je pense que ça nous a vraiment permis de dépasser l’étape de l’amateurisme. On a du coup eu accès à beaucoup d’informations qui nous ont permis de comprendre qu’elle est la réalité du métier de musiciens aujourd’hui, comment accéder aux choses qui nous font rêver finalement. Parce que quand on commence la musique c’est très flou tout ça. La Fraca-Ma nous a vraiment permis de mieux comprendre tout ça. On est aussi accompagnés depuis un certain temps par Lyloprod qui est une association qui fait partie de la Fraca-Ma, qui sont aujourd’hui nos manageurs et qui déjà, eux, nous ont aidé à nous structurer. Mais Propul’Son c’est vraiment une super opportunité parce qu’ils mettent à notre disposition des espaces, des personnes, du temps et c’est une chance assez cool. On est très contents, on les aime très fort.

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> On a l’impression que la scène musicale bouge beaucoup dans cette région, à Tours notamment, par rapport à certaines autres scènes. Professionnellement on a l’impression qu’il y a pas mal d’opportunités mais est-ce que le public suit beaucoup ? Est-il assez réceptif ?
Chloé
: On a un public assez fidèle, à notre échelle.
Gabriel : Je viens d’emménager à Tours, avant j’étais à Paris et j’ai l’impression que tout le monde joue un peu le jeu, que les gens sont habitués au fait qu’il y ait beaucoup de propositions et qu’ils continuent à aller aux concerts même s’il y en a plusieurs par semaine. Il y aura toujours du monde pour voir les gens jouer. Et les groupes entre eux se connaissent, du coup il y a de l’entraide. Il y a des structures qui permettent aussi de pouvoir travailler, les studios du Temps Machine sont très confortables. Je pense qu’il y a une volonté de créer cette scène musicale là. Ce qui à Paris n’est pas du tout le cas, c’est très dur.
Chloé : Il y a aussi un environnement. A Tours, il y a des écoles qui font que ça rayonne vachement. Il y a vraiment une concentration de musiciens importante donc ça participe à l’émulation.
Gabriel : Puis c’est une ville agréable où vivre, et qui est accessible. Comme c’est une grosse ville, ça attire pas mal les jeunes. Tout ça entretient un cercle vertueux.

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> C’est une émulation qui vous aide forcément dans votre cheminement artistique ?
Chloé
: Ouais carrément. Une bonne partie des groupes qui passent sur Propul’Son sont nos potes donc on s’entraide, on échange sur nos expériences.
Gabriel : Et puis toutes les personnes qui sont venues prêter mains fortes pour l’EP sont des gens qu’on a connus par ce biais-là, par la scène locale. On est devenus copains et c’est très chouette.

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> Contrairement à Paris où il y a beaucoup de groupes à suivre et où on n’a pas la sensation qu’il y ait le même genre d’accompagnement, d’émulation.
Chloé
: Je pense qu’il y a aussi une question de temps. La Fraca-Ma prend le temps de se poser. On peut prendre des rendez-vous avec eux pour qu’on leur explique si à un moment on a une question. On les appelle, on va les voir et ils vont pouvoir nous débroussailler le questionnement qu’on a.
Gabriel : A Paris, le problème, c’est un peu comme quand tu arrives à la FAC : il y a tellement de monde qu’en fait tu ne peux rencontrer personne. Au final nous, les groupes, on se croise au studio du Temps Machine, on se croise sur les scènes qu’on fait, puis on se croise au bar. Alors que quand tu es à Paris, tu ne te croises pas au bar, il y a une vingtaine de studios de répétition où les gens vont, donc c’est compliqué de se croiser. Les salles ont à la fois la possibilité d’aider les petits groupes qui sont vraiment en mode pépinière, et en même temps des groupes qui sont déjà très développés et finalement ils aident déjà les groupes qui sont très développés parce qu’en terme d’énergie, c’est plus facile. Mais la région Centre, c’est chouette pour ça. Ça laisse aux groupes leurs chances.

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> Vous avez joué au Printemps de Bourges cette année. Souvent, on dit que le festival du Printemps de Bourges est un tremplin pour les artistes car il y a beaucoup de professionnels. Est-ce que vous avez ressenti ça ?
Chloé
: Nous on ne passait pas par les Inouïs, c’était vraiment par Propul’Son, mais on a ressenti ça. C’est grâce à ça que maintenant nous avons un tourneur. Je pense qu’on va se présenter aux Inouïs cette année, mais l’an dernier on n’avait pas envie de se présenter. On avait déjà Propul’Son, donc chaque chose en son temps, on ne va pas se mettre la rate au court bouillon et stresser pour un truc.
Gabriel : Est-ce que vous pouvez bien noter « on ne va pas se mettre la rate au court bouillon » ? (rire).
Chloé : Le Printemps de Bourges a été un tremplin pour nous. Par contre le travail de repérage avait été fait en amont puisqu’on passait le dimanche, et le dimanche, en général, ce n’est pas un jour où tu as beaucoup de programmateurs qui sont encore là. Ils sont tous partis la veille. Donc ce travail de repérage avait été fait en amont grâce à Lyloprod et la Fraca-Ma qui avaient fait pas mal de diffusion.
Gabriel : La Fraca-Ma nous a aussi permis de jouer pour les pro dans un espace, en amont, dans la semaine. Et c’est grâce à ça qu’on a été repérés par certaines personnes. C’est très généreux de leur part d’avoir organisé ça.

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> En dehors de l’accompagnement avec la Fraca-Ma, vous êtes accompagnés par un label ?
Gabriel
: Pas encore.
Chloé : Pour le moment on est en autoprod’. Chaque chose en son temps.
Gabriel : C’est très différent de rentrer en collaboration avec un label sur un disque. Il y a d’un seul coup des gens qui viennent aussi intervenir dans un aspect purement artistique, puis il faut réfléchir à des stratégies et pour l’instant on n’en ressent pas forcément le besoin.

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> Ça offre de la visibilité mais ça enlève de la liberté.
Chloé
: Ça dépend du label sur lequel tu tombes. Le but n’étant pas non plus de vendre notre âme au diable.
Gabriel : On a envie de pouvoir continuer à faire ce qu’on a envie de faire, mais je pense vraiment que les labels, s’ils s’intéressent à ta musique, c’est qu’ils aiment ta musique, donc ils ne vont pas d’un seul coup tout changer. Mais ils créent d’autres contraintes à partir du moment où ils mettent de l’argent. Là, pour l’instant, on organise la partie live, après on verra ce que ça va donner pour le reste. On a réussi à produire notre disque nous-mêmes donc c’est cool. Puis on verra pour la suite. Peut-être un éditeur, ce serait cool.

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> Vous avez d’autres dates de prévues après Terres du son ?
Chloé
: On a une vingtaine de dates jusqu’en avril 2020.
Gabriel : Puis probablement plus, puisqu’on a un tourneur maintenant.
Chloé : Ça fait une semaine qu’on a un tourneur, mais il a déjà des dates.
Gabriel : Et en gros rendez-vous, on sera à Yzeures’n’rock le samedi à l’ouverture pour la grosse soirée dub, ce qui est étonnant mais cool. Après on fait Hop Pop Hop puis les Rockomotives.

Merci à Chloé et Gabriel de GRANDE pour cet agréable échange particulièrement intéressant !

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www.facebook.com/grannnde
grannnde.bandcamp.com/releases

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Actuellement chargée de communication, je suis passionnée par les musiques actuelles. J'observe, j'écoute, j'interroge et j'écris.

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