HomeInterviewsTerres du son 2019 : Rencontre avec Cannibale

Terres du son 2019 : Rencontre avec Cannibale

Durant notre deuxième journée à Terres du son, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Nicolas Camus et Manuel Laisné de Cannibale. On a parlé enregistrement et voyage, mais surtout, on a découvert qui était The Ugliest Rabbit of the 70’s. 

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> Nous n’avons malheureusement pas pu assister à votre concert. Comment s’est-il passé ? Pas trop fatigués ?
Nicolas Camus : C’était chaud ! On a joué sous le chapiteau, ça faisait un effet de serre. Et après un concert, l’adrénaline retombe donc c’est toujours un peu fatigant, mais ça va. Le concert était chouette, on est contents.
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> Sur scène, vous défendez actuellement votre deuxième album Not easy to cook ; un opus très riche en sonorités. Cela aurait pu faire fouillis, mais pas du tout ; chaque son est à sa place. A quel moment vous vous dites qu’un titre est équilibré, fini, et qu’il ne faut plus y toucher ?
Manuel Laisné : Bonne question… Il y a un moment où tu ressens de la satisfaction et tu te dis « J’ai envie d’écouter ce morceau-là » ; ça s’arrête à cet endroit-là. Mais il faut aussi que tout le monde soit OK.
Nicolas : Oui, parce qu’après il y a une écoute générale avec tout le groupe, et ça peut arriver que les avis divergent, même si c’est plutôt rapidement positif. A la base, c’est Manu qui compose tous les morceaux.
Manuel : Le processus de composition n’est pas évident à expliquer et diffère selon les morceaux. Mais à un moment c’est bon, et tu le sais. Le but, dans un premier temps, est d’éprouver du plaisir, ou du moins une émotion ; à ce moment-là l’objectif est atteint. C’est aussi pour ça qu’on ne retourne pas en studio pour réenregistrer ; on veut que ça reste « bricolé », artisanal. Une fois que c’est fait, c’est comme ça.
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> Puisque vous ne retournez pas en studio, est-ce que cela arrive parfois qu’en réécoutant les enregistrements, vous notez une « anomalie » ou que vous vous dites « Mince, on aurait dû faire autrement » ?
Manuel : Oui, il y a toujours des regrets. Mais sur ces deux albums, pas trop, car on les joue sur scène. Une fois qu’on les fait vivre en live, ils ne nous appartiennent plus ; la musique n’est pas figée comme sur l’album. Depuis trois ans, on joue énormément sur scène donc on a la liberté de refaire des choses. On a des phases d’improvisation sur des titres, on les fait différemment chaque soir.
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> Cela permet aussi de s’adapter au public.
Manuel : Oui, il y a le public, et il y a aussi l’état dans lequel on est, car on est sur scène comme dans la vie. Ça change tous les soirs, donc ce n’est vraiment pas ennuyeux pour l’instant.

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Cannibale
> Dans votre musique, il y a beaucoup d’influences qui viennent des Caraïbes ou de l’Afrique de l’Ouest. Ce sont des cultures musicales qu’on connaît peu en France. Est-ce que vous avez des noms d’artiste à nous citer en particulier ?
Nicolas : Énormément ! Le premier qui nous a vraiment influencés, mais cela ne répond pas vraiment à la question, c’est The Doors.
Manuel : Après, il y a ces Colombiens qui font de la cumbia, Los Corraleros de Majagual.
Nicolas : Pour la petite anecdote rigolote, Manu était allé deux fois en Colombie et avait ramené une compilation avec ce titre de Los Corraleros de Majagual. Et le CD était resté coincé dans le camion, dès qu’on partait en tournée on n’avait que ça.
Manuel : On était contraints d’écouter de la cumbia en permanence ! (rires) Sinon il y a aussi Seun Kuti qui jouait tout à l’heure.
Nicolas : Après, on est influencés par des styles, plus que par des noms, comme la biguine des Caraïbes, ainsi que tout l’univers rock anglais, américain et européen. Il y a tellement de choses, on n’est pas arrêtés sur des artistes en particulier ; ça nous permet de continuer, de toujours être étonnés.
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> D’où vous viennent ces influences ? Ce sont des héritages familiaux, des souvenirs de voyage ?
Manuel : Maintenant avec Internet on peut voyager quand on veut. Après il y a aussi de vrais voyages ; là on a parlé de la Colombie. Dès qu’on voyage, on essaye de chopper des choses chez les disquaires, d’écouter les radios locales. Mais sur Internet, on peut tout écouter.
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> Cette richesse des influences se retrouve aussi dans la pochette de Not easy to cook qui est truffée de détails. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Manuel : C’est Nico qui l’a faite !
Nicolas : Elle a été réalisée très rapidement sur un petit carnet. Je l’ai proposée aux gars et tout le monde était unanime. A partir de là, j’ai développé le concept à l’intérieur de l’album, le dos, etc. J’ai tout dessiné. Mais c’est parti de l’idée de dessiner les morceaux ; chacun a sa petite illustration et, mis ensemble, ça fait un cabinet de curiosités. Ça donne un truc un peu dégueulasse que j’aime beaucoup, comme ce que fait l’illustratrice de Tom-Tom et Nana, Bernadette Després. Il y a ce truc toujours un peu crado, et je pense que ça m’a influencé car je lisais beaucoup Tom-Tom et Nana quand j’étais môme.
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> Effectivement, on reconnaît les dessins qui illustrent les chansons, et notamment le lapin de The Ugliest Rabbit of the 70’s. Le titre est génial, est-ce qu’il y a une histoire derrière cette chanson ?
Nicolas : Oui, il y en a une ! C’est l’histoire du lapin qui était dans une fresque sur le mur d’une ancienne école maternelle, devenue salle de concert. On y répétait de temps en temps et on voyait ce lapin, un peu Dingo/Mickey, fait par des enfants dans les années 70. Ce lapin, on le regardait et on se disait « il est vraiment tout moche », mais en même temps il avait une beauté brute. Et je me suis dit qu’il fallait qu’on parle de ce lapin. Au début, la pochette devait être centrée sur ce lapin mais quand j’ai voulu le photographier, un mec des travaux était en train de le recouvrir avec du placo. En arrivant, je me suis dit « Oh non, il n’est plus là le lapin ! » et le mec m’a montré qu’on pouvait passer derrière, entre le mur et le placo, pour le photographier. Donc j’ai réussi à le capturer juste avant qu’il ne disparaisse. Ça m’a fait rire cette anecdote et la chanson raconte vraiment ça ; cette histoire du lapin qui est enfermé à jamais. Personne ne sait qu’il est là à part nous, alors on a voulu que ça soit notre mascotte, le lapin « le plus moche des années 70 » !
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> Un lapin désormais connu grâce à vous ! Merci Cannibale pour cette discussion !

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cannibalemusic.com

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Photos © Laure CLARENC pour Can You Hear The Music ?

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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