HomeInterviewsTerres du son 2019 : Rencontre avec Abschaum

Terres du son 2019 : Rencontre avec Abschaum

A l’occasion du festival Terres du son, nous avons profité de notre passage sur le site du Domaine de Candé pour faire la connaissance du trio Abschaum, avec qui nous avons discuté rituel et Beaujolais vert.
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> Bonjour Abschaum ! Nous n’avons malheureusement pu voir que le début de votre concert. Ce qui nous a frappées, c’est que tout le monde était assis. Est-ce qu’ils sont restés assis tout le concert ?
Chris : Non, après ils se sont allongés, puis ils sont partis ! (rires) Non, ils se sont mis debout au bout d’un moment.
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> Est-ce habituel que les gens soient assis comme ça à vos concerts ?
Chris : Oui, il y en a beaucoup qui s’assoient, surtout au début du concert, car ça crée une ambiance. C’est une musique qui s’écoute comme ça, assis.
Jonas : Surtout au J3 des festivals !
Chris : Et on aime bien ça.
Paul : Ça veut dire qu’ils sont vraiment là pour écouter notre musique.
Chris : On cherche vraiment à faire de la musique dans cet esprit, si les gens veulent se poser pour écouter et prendre une petite dose de psychédélisme tranquillement. Ou alors, s’ils veulent danser, ils peuvent aussi. Les deux cartes peuvent être jouées.
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> Quand on a vu tout le monde assis autour de la scène, ça nous a rappelé ce que vous aviez dit à propos du clip de Moon Tango ; ça faisait très rituel. Est-ce quelque chose qui vous intéresse beaucoup, cette notion de rituel ?
Paul : C’était le morceau Moon Tango qui a ouvert le concert, d’ailleurs.
Chris : Oui, c’est un truc qu’on vit beaucoup avec la musique. On adore faire des sessions d’écoute. On achète beaucoup de vinyles et on découvre plein de choses, très concrètes, ou très abstraites, parfois des trucs plus rock ou psychédéliques qui méritent vraiment de la réflexion à l’écoute. On aime bien se poser chez nous, sur les tapis avec des petites bougies, se mettre des disques, s’allonger et profiter.
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> Le début du clip de Moon Tango, avec les plans sur les paysages, a aussi un aspect rituel en lien avec le territoire, comme de vieilles légendes de la région. Est-ce un aspect qui vous parle ? 
Jonas : Alors pour les plans, on les a choisis parce que c’est chez nous. La forêt, les sapins… c’est autour de la maison. On habite vraiment en rase campagne, dans les bois. Après, c’est rituel parce que c’est systématique.
Chris : Oui, pour nous c’est un rituel de copains, plus qu’un truc pensé. Ça ne va pas plus loin.
Jonas : C’est exactement ce que je voulais dire.
Chris : Oh, pardon.
Jonas : Nan mais c’est super, on se comprend trop bien, on devrait jouer de la musique ensemble ! (rires)
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> Chez vous, c’est près de Lyon, c’est ça ?
Chris : On a vécu un moment à Lyon, mais là ça fait trois ans qu’on est partis. On vit dans le Beaujolais, à une heure de Lyon.
Jonas : Le Beaujolais vert ; il n’y a pas les vignes, c’est vraiment les sapins.
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> Comment est la scène musicale là-bas ?
Jonas : Il y a une fanfare !
Chris : Dans le Beaujolais, il y a une petite scène. Les campagnes sont bien reprises par la jeunesse en ce moment ; pour les loyers, et pour le fait de pouvoir faire de la musique tranquillement.
Paul : Ouais, il y a des groupes ! En fait, c’est beaucoup de Lyonnais qui ont bougé à la campagne.
Chris : Il y a quelques membres de Satellite Jockey, Fun Fun Funeral
Jonas : Ils ont une maison à côté de chez nous. Puis, nos anciens voisins étaient des gars du hip-hop qui font de la sérigraphie aussi, Corbac à Casquette. Au final, même dans la forêt on se retrouve bien entourés, mais en étant vachement tranquilles. Après, on ne peut pas vraiment dire qu’il y a une scène musicale ; c’est très lié à la scène lyonnaise. Il y a peu de choses, sinon. On a des copains qui ont ouvert un lieu à côté, ils organisent des concerts, il y a des choses qui se passent. Et c’est subventionné, parce que justement c’est un milieu ultra rural et que la médiation culturelle en milieu rural, alors ça, ça paye ! (rires) Mais sinon, ils ne se passent pas grand-chose, les gens travaillent, et voilà.
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> Est-ce un hasard qu’autant d’artistes partent de Lyon et se retrouvent à habiter vers chez vous ?
Jonas : Tout le monde veut se barrer de la ville, de toute manière ; ça va vraiment être dur pour les villes dans les prochaines années.
Chris : Oui, c’est un peu une généralité en fait. Nous, on a vécu au moins dix ans à Lyon.
Paul : Moi j’y suis encore ! (rires)
Chris : On a subi un peu, et au bout d’un moment, on a eu besoin d’aller voir autre chose pour produire, pour s’enfermer dans un truc et penser qu’à ça. Et en ville, on est trop amenés à faire autre chose, tout le temps.
Jonas : C’est vrai que chez nous, il n’y a pas de distraction. Du coup, on est obligés de créer de la distraction. Déjà, on n’a pas de réseau, donc pas de coup de file. Et ça, ça change la vie.
Chris : Bon, maintenant on a un fixe. On découvre les joies de la vie avec un fixe ! (rires)
Jonas : « – Pourrais-je parler à Chris, s’il vous plaît ? – Ah non, désolé, il n’est pas là, il est en train de faire une balade. » (rires)
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> Ce changement entre la vie en ville et à la campagne, ça doit forcément impacter la musique aussi, la faire évoluer.
Chris : Ça joue parce que du coup on est enfermés, entre nous. Ça a des côtés positifs, et des côtés négatifs aussi.
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> Et quelle est la suite pour Abschaum ? Est-ce que vous avez déjà des projets ?
Chris : Là, on vient de finir notre nouvel album. On voudrait que ça sorte vers la rentrée. On cherche un label. Et on est en train de finir un EP.
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> Un EP et un album ? Ce n’est pas commun de bosser sur les deux en même temps.
Chris : En fait, ils ont été faits différemment. Le prochain album est la suite logique de Moon Tango, alors que l’EP c’est autre chose qu’on a fait aux studios de l’Hacienda, vers chez nous. On a déjà fait la base, et maintenant on va inviter d’autres personnes pour enregistrer avec nous, pour poser des voix, ou des cuivres.
Paul : On est allés là-bas en ne préparant rien. On n’avait aucune idée. On a pris nos instruments, et au final il y a deux morceaux qui sont sortis, assez différents de ce qu’on fait d’habitude.
Jonas : Un EP, deux morceaux, mais quand même trente minutes.
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> Merci Abschaum !

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www.facebook.com/abschaumband

Photos © Laure CLARENC pour Can You Hear The Music ?

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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