Dans quelques jours Bye Bye Baby, le troisième album de Requin Chagrin aka Marion Brunetto, sera disponible sur la toile et dans les bacs de nos disquaires favoris. En attendant, Marion a accepté de répondre à quelques-uns de nos questions, de nous parler de la composition de cet album, de son rapport à l’image, de ses projets futurs…
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> Ce vendredi 9 avril, tu sortiras ton nouvel album Bye Bye Baby. À quelques jours de la sortie de ce nouvel album, comment te sens-tu ?
Je me sens bien. J’ai hâte de partager, avec le public, cet album et ses dix chansons que j’ai commencé à écrire il y a un peu plus d’un an.
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> Est-ce que tu ressens une certaine appréhension liée à la situation actuelle, pas évidente pour sortir un album et qui empêche notamment de savoir quand tu pourras le présenter sur scène ?
Cela dépend des jours. Il y a des jours où je ne me pose pas trop de questions et des fois où je me dis que ce n’est pas une période idéale. Même si j’imaginais, comme plein de gens, qu’en avril 2021 nous serions tirés d’affaires. Mais ce n’est pas encore le cas et nous allons devoir être encore un peu patients. J’ai bon espoir.
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> Pour réaliser ce nouvel album, tu as utilisé un enregistreur à bandes. Peux-tu nous expliquer comment tu as procédé pour composer Bye Bye Baby ? Comment l’as-tu construit, combien de temps as-tu travaillé dessus ?
J’avais déjà commencé à écrire ce nouvel album avec mon précédent enregistreur cassette et très vite j’ai eu envie de passer à autre chose, pour découvrir de nouveaux sons et une nouvelle façon de faire. Je suis tombée sur une annonce très intéressante, sur Le Bon Coin, qui proposait un enregistreur à bande, avec sa table de mixage. Ce n’était pas forcément dédié mais c’était vraiment le même modèle. C’était un couple parfait. Je me suis dit que c’était une occasion en or alors j’ai foncé et cela m’a permis d’enregistrer d’une manière un peu différente. Du mois de janvier-février jusqu’au 15 août je n’ai pas arrêté de faire de la musique avec ce magnétophone puis on m’a prêté des synthétiseurs, ce qui était vraiment une découverte pour moi. Avant, j’étais davantage focalisée sur la guitare, la basse, la batterie. Donc faire du synthétiseur et pouvoir l’intégrer dans mes chansons étaient vraiment une découverte pour moi. Le combo synthétiseur et magnéto a vraiment été une chouette découverte.
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> Est-ce que tu as la sensation de composer différemment quand tu travailles à la guitare ou au synthétiseur ? Est-ce une façon différente de penser la musique ?
Oui. C’est différent parce que j’ai pris des cours de guitare donc je sais me repérer dans l’instrument. J’ai davantage de mécanismes déjà ancrés. Je maîtrise moins les claviers donc j’ai plus de surprises, de fausses de notes et d’inattendu, ce qui peut débloquer des choses dans la composition. C’était intéressant pour moi de m’aventurer là-dessus. Puis ça dépend aussi des chansons… Certains titres se sont débloqués plus facilement avec la guitare, d’autres plus en cherchant ailleurs. Cette nouvelle approche a permis la naissance de nouvelles chansons comme Juno, qui porte le nom du synthé que j’ai utilisé, et Love. Ce sont vraiment des chansons composées comme cela, avec des boîtes à rythme, mon synthé, sans savoir où j’allais. C’était un son ou un rythme qui me plaisait et je me laissais aller…
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> En règle générale, c’est d’abord la mélodie qui te vient, ou plutôt un texte ?
C’est quasiment exclusivement la musique qui vient en premier. Le texte vient quand j’ai fini d’expérimenter avec l’instrument et que je me retrouve avec les pistes sur mon ordinateur. Souvent, les chansons sont très longues, parfois je me dis que j’ai voulu essayer quelque chose et je vais l’enlever ensuite. Une fois que c’est assez condensé et que ça ressemble à une chanson avec un couplet et un refrain, j’essaye de chanter quelque chose, de trouver des mots en chantant… Quand la musique est assez aboutie je peux arriver à faire des textes ensuite.
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> Bye Bye Baby est ton troisième album. Il fait suite à un premier album éponyme sorti en 2016, puis à Sémaphore sorti en 2019. Quel a été le cheminement vers ce troisième album. Est-ce difficile de produire un troisième album ? As-tu eu peur de la redite ?
Je pense que la question se pose forcément quand on se dit que c’est le moment d’écrire autre chose. On se demande où on va aller. Naturellement, je pense que le fait d’avoir de nouveaux instruments m’a permis d’aller voir ailleurs, de ré-inventer un peu, tout en gardant des choses qui sont vraiment « Requin Chagrin« , une patte. Le fait d’avoir de nouveaux instruments m’a aidée à composer d’une manière un peu différente et de faire une petite recherche. J’avais besoin de compositions de recherche pour me dire que j’allais, ou non, dans la bonne direction. J’ai eu une petite phase de tests, qui a aussi été là tout le long de l’écriture du disque. Il y a des morceaux que je n’ai pas gardé. Mais ce moment m’a aussi permis de m’amuser, de me concentrer là-dessus. Puis j’ai choisi les dix chansons qui représentent le mieux possible l’album et là où je voulais aller.
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> Au début, Requin Chagrin était une aventure collective, aujourd’hui tu es seule dans ce projet. Comment passe-t-on d’un projet commun à un projet solo ? Est-ce que difficile ? J’ai lu que c’était toi qui composait déjà les morceaux à l’époque, donc est-ce que cela s’est fait naturellement ? Est-ce que ce changement a également modifié ta façon de travailler ?
Pour moi il y avait quelque chose d’un peu ‘naturel’ parce que, comme tu le dis, le premier album je l’ai fait toute seule. C’était un projet personnel, j’avais d’autres groupes et je m’étais dis que j’allais m’enregistrer et voir ce que cela donnait. Donc la façon de créer et d’enregistrer n’a pas beaucoup changé. La façon de percevoir le projet de l’extérieur a un peu changé, mais je pense que cela s’est fait de manière assez naturelle. C’est la vie, l’évolution.
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> Est-ce une évolution que tu as eu une envie de faire transparaître dans ce nouvel album ? Le titre de la production Bye Bye Baby, illustré par cette pochette signée Guy Billout… tu dis que cela résonne chez toi comme un nouveau départ, une nouvelle aventure. Est-ce que c’est un moyen d’exprimer, d’illustrer ce renouveau ?
Je pense qu’il y a de ça et aussi que nous avions envie de « recentrer » le propos. J’ai fait cet album confinée, seule devant mes machines et j’ai adoré faire ça. Il y avait une phase de pré-production que j’ai pu faire seule, même si après il y a eu une étape en studio hyper importante et cool à faire également. Mais je pense qu’il y avait un besoin de mettre le curseur ailleurs, de montrer cette phase d’enregistrement, qui est le point de départ de la composition. Je suis attirée par les machines, ce que je vais en faire, donc c’était amusant pour moi de dire que c’était quelque chose de fait main. C’est pour ça qu’il y a une nouvelle communication, peut-être un nouveau départ aussi. La pochette parle d’elle-même aussi. Il y a quelqu’un dans une voiture et nous ne savons pas ce qu’il va se passer. Pour moi la voiture c’est le voyage aussi… Et le titre correspond au titre d’une chanson qui compte pour moi, le texte évoque une affirmation et un nouveau départ. Ce sont plusieurs choses qui se confondent et se rassemblent, à un moment, dans ce disque.
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> L’univers visuel autour du disque est assez différent de ce que Requin Chagrin a pu proposer par le passé. On est ici dans l’illustration, qui se rapproche un peu de ton intérêt pour le dessin, que tu as étudié. C’était important pour toi d’avoir un univers visuel travaillé, réfléchit, autour de ta musique ?
Oui, j’ai toujours voulu cela sans arriver à le faire parce que c’est délicat. J’ai pris des cours de dessin mais je ne suis pas forcément capable de faire des pochettes de disque, des logos… Je recherchais des références et j’ai trouvé cette illustration très cool. Je me suis dis que j’avais juste à mettre le titre de l’album et que ça fonctionnait. J’en ai parlé autour de moi et nous avons contacté l’illustrateur pour savoir si il était d’accord pour nous autoriser à utiliser son illustration pour l’album. Cela s’est fait et c’est génial. Et cela faisait sens avec des choses que j’avais dessiné pendant le 2ème confinement. Je venais de finir l’album et j’étais assez touchée par des gifs que je voyais sur Instagram, de vieux mangas des années 80 qui étaient ré-utilisés sous une forme de condensé d’animations. Je trouvais cela très joli. Je me suis dis que j’en ferais bien pour mon album, faire des petits teasers et je me suis lancée. Et je suis tombée sur l’illustration, avec un trait différent et affirmé car c’est quelqu’un qui dessine depuis longtemps. Donc cette pochette dessinée et les petites illustrations que je faisais de mon côté donnaient un résultat cool et qui me plaisait dans l’imaginaire. C’était l’occasion, et les deux choses se sont liées très naturellement.
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> Est-ce que l’animation, peut-être faite par toi-même, pourrait être une idée que tu pourrais creuser pour un prochain clip ?
Cela a toujours été un petit rêve. Le magnéto animé que l’on peut voir sur les réseaux sociaux était la première animation que j’ai faite et j’ai galéré. Mais j’adore faire ça et avoir un défi. Ce serait joli, j’aimerais bien mais il faut le faire correctement. Sur des éléments de dix secondes ça passe mais après il faut raconter quelque chose, que ce soit regardable sur la longueur. Il faut bien réfléchir et il faudrait que je sois aidée. Mais pourquoi pas…
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> Tu as déjà sorti le clip du morceau Déjà vu, clip qui a rencontré un beau succès. Penses-tu sortir un nouveau clip ?
Oui, il y a des choses en route. Nous allons tout faire pour sortir un clip à la sortie du disque et d’autres clips vont arriver après. J’avais une idée un peu précise sur le troisième plus que le deuxième. Donc oui, il y a des choses qui se mettent en place.
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> Qu’envisages-tu de mettre en place pour faire vivre ton album en attendant la reprise des concerts ?
C’est encore un peu flou mais il y aura des clips. J’espère faire des sessions live parce que c’est quand même chouette d’en faire et même si c’est en distance, ça fait toujours plaisir. On espère aussi pouvoir jouer un peu cet été… On va improviser.
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Un grand merci à Marion pour cette belle interview ! Et merci à Éva d’avoir permis cet échange. Rendez-vous ce vendredi 9 avril pour découvrir Bye Bye Baby.
www.facebook.com/chagrin.requin
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