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Rencontre avec Mashrou’ Leila ! #pdb15

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Les libanais Mashrou’Leila étaient à l’affiche du Printemps de Bourges cette année. L’occasion pour nous de discuter avec deux membres de leur tournée et de leur futur album.

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     > Vendredi dernier vous avez joué au Caire, et deux jours après vous êtes à Bourges. Ce n’est pas un peu fatigant et difficile de devoir s’adapter aux différents pays en peu de temps ?

Firas Abou Fakher : Oui un petit peu !

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     > Comment est-ce que vous vous adaptez d’une ville à une autre ?

Firas Abou Fakher : En fait c’est très sympa parce que jouer au Caire ou au Moyen-Orient en général est très différent pour nous que de jouer en Europe. Au Caire, c’était un très gros concert en extérieur avec 10 000 personnes. Et là, on va jouer à Bourges. Nous sommes très contents quand on est sur la route de pouvoir voyager et de voir différentes personnes et musiques. On aime beaucoup faire ça.

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     > Ce n’est pas la première fois que vous venez en France. Or, ce n’est pas souvent que nous voyons des artistes libanais en France. Quel effet ça vous fait ?

Firas Abou Fakher : Paris est un peu notre ville en Europe parce qu’il y a beaucoup de relations entre le Liban et la France que ce soit en histoire, en culture… Ça a été très rapide pour nous de pouvoir venir sur Paris pour y diffuser notre musique. On y a joué à plusieurs reprises et c’est l’une des meilleures villes pour jouer pour nous. En plus ici, notre musique passe à la radio. Les gens apprécient le nouveau son de la musique arabe que nous essayons de créer. Donc c’est toujours bien d’être à Paris.

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     > Aujourd’hui au Printemps de Bourges, vous allez partager la scène avec d’autres artistes français, Arthur H et Stephan Eicher. Est-ce que vous les connaissez ?

Firas Abou Fakher : Oui bien sûr, nous les connaissons un peu ! C’est super pour nous de pouvoir partager la scène avec de tels artistes français.

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     > Après le Printemps de Bourges, vous allez continuer à jouer dans beaucoup de festivals cet été. Ressentez-vous une grande différence entre les festivals et les concerts en salle ?

Firas Abou Fakher : Oui quand nous jouons dans une salle nous faisons, en quelque sorte, un concert plus gros car les gens sont venus pour nous voir nous. Ils savent ce que nous faisons, ils connaissent notre musique et aiment notre groupe. Mais les festivals sont une bonne façon de rencontrer de nouvelles personnes et inviter les gens à découvrir notre musique dans un contexte très différent. L’idée est de présenter notre musique devant toutes ces personnes. Et c’est encore différent quand il y a d’autres artistes de programmés avec nous. D’une certaine manière ça nous fait nous élever, nous améliorer, ça nous apprend beaucoup de choses pour devenir meilleurs. C’est pour ça que les festivals sont très bons pour nous.

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     > Est-ce que vous avez le temps de visiter un peu les villes dans lesquelles vous jouez ?

Firas Abou Fakher : Non malheureusement ! Enfin ça dépend de la tournée mais quand on est au milieu d’une tournée comme celle-ci, c’est très difficile pour nous de sortir pour découvrir l’endroit. Quand nous rencontrons des gens sympas, ils nous font sortir quelques heures pour nous faire visiter un peu et c’est cool. Mais sinon, non.

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     > Il y a quelques semaines, vous avez partagé votre nouveau clip 3 minutes. Comment l’avez-vous réalisé ?

Firas Abou Fakher3 minutes est en quelque sorte le premier single de notre quatrième album que nous avons fini d’écrire et que nous allons enregistrer. L’idée a été lancée par Absolut Vodka et consistait à écrire une chanson et réaliser une vidéo avec la participation de notre public. Du coup nous avons posté un message sur Facebook demandant l’aide de nos fans pour écrire la chanson avec nous. Et maintenant, on espère pouvoir sortir cet album à la fin de l’année.

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     > Pouvez-vous nous en dire plus sur cet album ?

Firas Abou Fakher : Nous sommes très excités ! C’est un peu différent de ce que nous avons fait auparavant, principalement parce que nous sommes plus vieux, donc peut être plus zen et plus contents de pouvoir prendre notre temps pour pouvoir produire ça d’une façon différente de ce que nous faisions avant. Nous faisons des choses qui sont très différentes de ce qui existe dans la pop arabe typique. Et nous l’avons fait d’une façon que nous pensons être la bonne pour faire de la musique. Nous avons pris le temps de travailler avec des gens qui nous ont aidés à améliorer notre musique, à enregistrer au bon endroit.

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     > Comment composez-vous ?

Hammed Sinno : Il n’y a pas de recettes identiques pour composer les chansons. A chaque fois c’est un processus différent. Mais la plupart du temps, quelqu’un vient en apportant au groupe une progression d’accords, un riff, ou parfois même des paroles. Alors on se réunit au studio et on teste des choses. Ça prend beaucoup de temps car au début on improvise, on enregistre tout ce qui nous vient à l’esprit et puis on arrête d’écouter ça pendant un moment. Quelques mois plus tard, on écoute ça de nouveau et on voit quelles sont les idées qu’on aime ou qu’on n’aime pas. On essaye de tout mettre au propre, et on le refait encore et encore jusqu’à ce qu’on atteigne quelque chose qu’on pense être bon. Du coup, la chanson ne cesse d’évoluer à partir du moment où elle entre en studio.

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     > Vous êtes beaucoup dans le groupe. N’est-ce pas un peu difficile parfois d’arriver à tous vous mettre d’accord ?

Firas Abou Fakher : Je pense qu’à partir du moment où on arrive à s’entendre sur l’idée générale, les petites choses deviennent plus faciles. Des fois, tu dois choisir quelle idée « combattre » mais généralement, nous sommes d’accord sur les choses les plus importantes. Après pour les petits détails… C’est un processus très personnel, mais en même temps, nous sommes tous impliqués pour produire l’image et l’idée générale d’un album ou d’une chanson.

Hammed Sinno : Et puis, nous sommes ensemble depuis presque huit ans maintenant. Nous nous sommes tous habitués aux autres et nous sommes devenus en quelque sorte similaire. Nous vivons ensemble la plupart du temps, nous tournons ensemble, nous mangeons ensemble, nous écrivons ensemble, nous enregistrons ensemble… Nous faisons tout ensemble. Du coup, nous avons tous pris un peu de la personne d’à côté donc je pense que ça rend les choses plus simples. Nous avons des goûts et des tendances similaires. Maintenant, nous ne débattons plus spécialement sur tous les détails comme nous le faisions il y a huit ans.

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     > Comment adaptez-vous vos chansons pour les concerts ?

Hammed Sinno : Il y a beaucoup de chansons que nous trouvons qu’elles sonnent bien sur CD, mais pas vraiment en live. Quand il y a une foule de milliers de personnes, quelque chose se passe qui fait que les choses doivent bouger d’une manière différente. Donc, plus que d’adapter vraiment les chansons pour les concerts, on choisit quelles chansons on va vouloir jouer en live ou non.

Firas Abou Fakher : Oui et puis la trajectoire du concert, c’est-à-dire de où tu commences à où tu finis, c’est un peu un voyage durant lequel tu emmènes des gens avec toi pendant 1h30. Alors nous préférons travailler sur où on va mettre telle chanson pour produire tel impact émotionnel.

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     > Vos chansons véhiculent beaucoup de messages sociaux. Est-ce que vous faites de la musique dans le but de partager des idées (sociales, politiques…) ou juste pour le plaisir de jouer de la musique ?

Hammed Sinno : Pour être honnête avec toi, si on est encore là après huit ans à jouer dans le même groupe, c’est qu’on aime faire de la musique. C’est quelque chose qu’on a en commun avec les autres membres : on aime être sur scène, on aime être en tournée ou en studio, on aime écrire de la musique. Alors quand on adresse un message social ou que l’on diffuse une idée politique, ce n’est pas parce que l’on pense que c’est mieux et qu’on va changer les choses juste avec notre musique. Si nous parlons de ça, c’est parce que ce sont des choses auxquelles on est en train de penser. C’est un processus très arbitraire. Parfois on imagine des choses et on écrit à propos de ça, et d’autres fois on se sépare de quelqu’un, on tombe amoureux ou on se dispute avec une personne et on écrit à propos de ça. Alors des fois, une révolution se produit et on écrit aussi à propos de ça. Nous ne faisons pas ça dans l’idée d’être un groupe engagé politiquement à travers nos textes, mais parce que c’est la seule façon de laisser une empreinte.

Firas Abou Fakher : Nous ne sommes pas un groupe engagé politiquement dans le sens où notre musique n’a pas pour but de servir un message politique. Nous écrivons seulement à propos de choses que nous vivons. Et la beauté du truc, c’est que beaucoup de gens interprètent ça de la manière dont ils veulent voir les choses. Nous voulons dire des choses dans nos chansons parfois, et les gens prennent nos paroles pour en faire leurs propres interprétations. Et c’est magnifique de voir comment les gens réagissent à notre musique.

Hammed Sinno : Surtout quand ce sont des chansons qui parlent de ce qui se passe à Beyrouth, puisque c’est là où l’on vit, et que quand tu les joues au Caire il y a des milliers de personnes qui chantent les paroles parce qu’ils les comprennent différemment. C’est une chose magnifique la musique quand elle permet aux gens de l’interpréter et de l’adapter selon leur propre condition. Par exemples, tu peux écrire une chanson à propos de chaussures et des gens vont penser que ça parle de politique, et vice-versa !

Firas Abou Fakher : Oui sauf que je ne suis pas sûr qu’on écrive un jour une chanson à propos de chaussures ! (rires)

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Merci à Mashrou’ Leila pour leur temps et leur gentillesse !

www.mashrou3leila.com
www.facebook.com/mashrou3leila

Photo © Laure Clarenc

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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