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Rencontre avec Kid Francescoli ! #pdb15

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Après son passage avec le groupe Husbands, Mathieu Hocine a poursuivi son aventure musicale à l’édition 2015 du Printemps de Bourges sous le nom de Kid Francescoli. L’occasion pour nous de le revoir pour discuter plus en profondeur de son projet solo, de ses influences, de With Julia et de ses envies futures.

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     > On s’était vus hier avec ton groupe Husbands. Le concert s’est bien passé ?

Oui super ! Il y a eu un bon accueil du public, c’était très agréable.

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     > Et aujourd’hui tu vas jouer en tant que Kid Francescoli. Ce n’est pas trop dur de passer du groupe au projet solo comme ça ?

Non, c’est bien. J’aurais même pu en faire un troisième demain s’il fallait ! C’est agréable parce que ce sont deux projets différents mais je prends autant de plaisir dans l’un que dans l’autre.

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     > Comment est-ce que les deux projets se sont retrouvés ensemble à l’affiche du Printemps de Bourges ? Simple hasard ? 

En fait, ça a été un peu un hasard que les deux albums sortent au même moment. J’avais déjà sorti le mien l’année dernière en digital et cette année j’ai trouvé un label pour le sortir en physique au moment où Husbands a trouvé un label. Tout le reste découle de ce hasard-là. Et puis sortir un album en mars et faire le Printemps de Bourges si ça se passe bien, je pense que c’est assez logique.

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     > Pourquoi avoir d’abord sorti With Julia en digital et avoir ensuite refait une sortie physique ? 

On l’avait d’abord sorti avec notre structure à Marseille qui s’appelle Microphone Recordings. C’est un micro label donc on avait fait ça de manière artisanale avec les moyens du bord, donc avec le digital parce que ça coûte beaucoup moins cher que de presser des vinyles et de les distribuer. Entre temps, il y a eu le clip de Blow Up et la rotation libre de certains morceaux sur des radios comme Radio Nova, ce qui a mis la puce à l’oreille à certains labels. Du coup le label Yotanka a pensé que c’était bien de le ressortir, et je pense aussi.

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     > Pourquoi avoir décidé de faire également une sortie vinyle ?

C’est le label qui l’a décidé et c’est une très bonne décision parce que je n’avais encore jamais eu un de mes albums en vinyle. Même si j’ai une platine vinyle chez moi, je ne suis pas forcément un ayatollah de la qualité sonore et du matériel, ni un grand collectionneur. C’est plutôt les CD des années 90 que j’achetais beaucoup. Mais quand j’ai eu mon vinyle entre les mains, je dois t’avouer que ça m’a fait un petit quelque chose, j’avais l’impression d’être un vrai musicien.

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     > Ça revient beaucoup au goût du jour les vinyles.

Oui apparemment. Déjà l’objet est très joli. Je ne suis pas très à cheval sur ce genre de trucs, mais c’est vrai qu’il y a un petit côté dandy dans le fait de voir le disque tourner, de mettre le saphir dessus… Le son est beaucoup plus chaleureux. Mais moi je peux tout autant vibrer en écoutant Spotify avec une mauvaise connexion internet dans le métro. Si c’est un morceau qui te plait de toute façon tu l’écouteras. C’est comme un débat que j’ai souvent avec mes potes concernant les livres numériques. L’important c’est les mots. Et dans la musique, c’est vrai que le son est important mais je pense que la mélodie reste intacte malgré le streaming et malgré la mauvaise qualité. Après, il ne faut pas non plus que ce soit trop dégueulasse. Mais j’écoute beaucoup de musique de toutes les manières possibles, et il y en a pas mal en ce moment, ça va de Youtube jusqu’aux vinyles, et je prends autant de plaisir à chaque fois.

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     > Alors cet album, With Julia, tu es parti l’enregistrer à New-York. Tu avais déjà ce projet en tête en partant là-bas ou c’est une fois dans cette ville que tu as eu envie de faire l’album ?

Je suis parti à New-York pour essayer de créer une petite étincelle et elle est arrivée. Mais je ne suis pas allé là-bas pendant 3 mois pour m’enfermer dans un studio, ce qui m’aurait coûté beaucoup trop cher. J’y étais déjà allé deux fois avant de rencontrer Julia mais c’était plutôt des vacances, et là je désirais plus. J’avais vraiment envie d’explorer la ville et c’est un ami qui y habitait qui m’a proposé de m’héberger gratuitement pendant deux mois. En étant musicien et en restant deux mois à New-York, je me suis dit qu’il fallait quand même que je fasse quelques concerts, ne serait-ce qu’avec ma guitare dans des cafés-concerts. C’est comme ça que j’ai rencontré Julia et c’est de là que tout est né. Lors de notre premier rendez-vous on a commencé, avant même de se connaître, à chanter et à faire de la musique ensemble. Ça a fait mouche tout de suite, je suis tombé amoureux de sa voix si fluide. En plus, comme c’est une américaine, au niveau des mots, des sonorités et de l’accent, c’était tout un nouveau monde qui s’ouvrait à moi. Ensuite, j’ai fait ces allers/retours entre Marseille et New-York, j’ai préparé des choses chez moi et puis à un moment, j’ai voulu y retourner pour vraiment finir l’album. Du coup j’y suis resté trois mois avec cette idée-là dans la tête. Ce n’était pas un album conceptuel au départ, je ne m’étais pas dit « tiens, tu vas partir à New-York et faire un album là-bas ». C’est avec le temps, en faisant un morceau avec Julia, puis deux, puis trois… que je me suis dit que je n’avais qu’à faire l’album entier comme ça avec elle car en plus ça racontait une histoire. Je pense que le concept je le trouve toujours vers la fin de l’album ou au milieu, mais pas avant. Tu ne peux pas vraiment imaginer ce genre de chose parce que c’est une expérience donc il faut la vivre avant de pouvoir s’en inspirer.

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     > Le lieu dans lequel tu écris et enregistres, par exemple New-York, doit beaucoup influencer ta composition du coup ?

Oui c’est vrai que New-York a été très inspirant, ne serait-ce que pour la diversité musicale qu’il y a là-bas et le fait que les gens se posent beaucoup moins de questions qu’en France dans la façon de faire.  Ils font beaucoup de choses et ils se trompent aussi beaucoup, mais au moins, ils vont de l’avant. Et puis il y a aussi toutes les rencontres musicales. J’y ai fait plusieurs concerts, je suis aussi allé en voir des tonnes parce que il y a des petits clubs comme à Manhattan ou à Brooklyn où il y a quatre concerts par soir du lundi au dimanche. Tu baignes dans cet univers musical qui est libérateur quelque part. Donc rien que pour ça, tu es obligé d’être inspiré.

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     > Mais le fait d’avoir fait des allers/retours entre New-York et Marseille, ça n’a pas coupé cette inspiration ?

Non. Au bout de quelques allers/retours je m’étais dit que ça serait bien de m’y installer, j’avais commencé les démarches pour avoir le visa d’artiste et vivre à New-York. Mais au final je suis très bien à Marseille parce que j’y ai un confort de vie certain, lorsqu’à New-York c’est vraiment dur. Du coup c’était bien, c’était comme si j’allais à New-York chercher un petit trésor que je ramenais à Marseille et que je faisais fructifier. Donc au contraire, ces trajets ont créé une sorte d’attente, une excitation qui n’aurait peut-être pas été la même si je m’étais installé pendant deux ans à New-York.

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     > Ça permet peut-être aussi de prendre du recul ?

Oui, mais ça m’a aussi permis de mieux jouir de ma vie. Je me disais « New-York c’est bien j’aimerais trop y vivre » et puis quand je revenais à Marseille je grimaçais un peu parce qu’il n’y avait pas autant de concerts et d’effervescence. Mais après, quand tu passes ta soirée à boire des coups avec tes potes en bord de mer ou des après-midi au soleil, t’es content de vivre dans cette ville-là. Donc je trouve ça bien de rester à Marseille et de pouvoir voyager. J’ai l’impression que c’est toujours une ville que tu es content de quitter. Par exemple là je suis venu à Bourges et je ne me suis pas dit « vivement le retour chez moi ». C’est bien de s’aérer un peu de ce climat marseillais parce que c’est parfois un peu tendu là-bas, pas forcément socialement, mais tu peux t’ennuyer facilement et la mentalité n’est pas toujours au top. Mais là je sais que je vais revenir de Bourges et je vais passer par le vieux port, il va y avoir du soleil, la mer… Donc je vais finalement être content de rentrer chez moi.

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     > En plus musicalement, il commence à y avoir pas mal d’artistes qui émergent à Marseille.

Oui. Ça fait une espèce d’effet boule de neige. C’est important parce que ça fait très longtemps qu’on fait de la musique à Marseille, mais pendant très longtemps il ne nous était rien arrivé. (rires) Là ça commence à venir et j’ai l’impression que nous, en nous regroupant comme ça, on forme une petite scène qui donne plus de crédibilité, ne serait-ce que pour les journalistes. Par exemple, rien que le fait que tu poses la question, ça montre qu’il y a une excitation comme ça. Bon après en 2013, Marseille a été nommée Capitale de la culture, il y a eu des infrastructures qui ont été créées ou remises à neuf pour qu’on puisse répéter, ce qui était bien, mais ça n’a pas non plus tout chamboulé pour moi. C’est juste qu’on est dans une énergie positive. En plus musicalement, la ville s’est beaucoup ouverte ces dernières années. Avant il n’y avait quasiment que le rap et le reggae ici. Maintenant ça continue, ce qui est très bien parce que le rap marseillais c’est quelque chose de sûr et d’avéré qui marque l’histoire de la musique française, mais il y a aussi une ouverture d’esprit des gens qui fait que tu peux aller dans des clubs électro avec des pointures en DJ ou aller danser dans un festival garage expérimental dans les lieux un peu obscurs de la ville… Donc c’est plutôt agréable de se retrouver au milieu de tout ça et de pouvoir s’en nourrir.

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     > Comment peut-on expliquer cette ouverture et cette énergie soudaines ?

Je ne sais pas si c’est juste à Marseille, je pense que c’est un peu partout. Peut-être qu’il y a une prise de conscience générale du fait qu’on a quand même une super ville où on peut faire des trucs cools. Cette fainéantise marseillaise locale qui a été là pendant des années, dont je me sens aussi coupable parce que quand tu es au soleil tu repousses toujours au lendemain ce que tu as à faire, s’est peut-être transformée. Mais il reste encore beaucoup de choses à faire. Par exemple, on se demande chaque année pourquoi il n’y a pas un gros festival qui envahit les plages. Il y a une petite plage marseillaise à Malmousque que j’aime bien et dans laquelle je vais me baigner le matin. Mais après il n’y a pas vraiment de vie sur ces plages. Il n’y a pas non plus de lieu à proprement parler où il y a des concerts tout le temps. Là, tu vas voir Sébastien Tellier à l’Espace Julien le 13 mars, donc tu le notes dans ton agenda, après le 24 avril il y a Phoenix au Dôme,… Il n’y a pas d’endroit ouvert du lundi au dimanche avec de la musique tout le temps et où tu te dis « je vais voir ce qu’il y a, au pire je boirai un coup ». Bon après je suis mauvaise langue parce que si je compare à il y a dix ans, c’est le jour et la nuit, donc on progresse, ce qui veut dire que le meilleur est à venir.

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     > A part Marseille et New-York, il y a d’autres lieux qui t’inspirent ou t’ont inspiré ?

Oui, l’Italie. Déjà parce que quand tu es à Marseille, l’Italie est très proche et il y a cette appartenance latine, donc c’est un peu les cousins. Et je me demande comment tu peux ne pas tomber amoureux de ce pays. C’est beau, la nourriture est super bonne, la langue est agréable à écouter, les gens ont la classe… Il y a une histoire qui est quand même assez forte. Après c’est aussi inspirant car, comme en France, il y a en Italie une tradition musicale et cinématographique. Or, ce sont les deux formes d’art qui m’inspirent le plus. Lorsque que, par exemple, en Espagne, j’y arrive un peu moins. Il y a une tradition dans le cinéma, mais en musique il n’y a pas beaucoup de groupes espagnols qui m’influencent. En Angleterre, c’est presque l’inverse, il y a beaucoup de groupes anglais mais dans le cinéma je n’ai pas de noms qui me viennent comme ça à l’esprit. Alors qu’en Italie, que ce soit Antonioni, Sergio Leone, tous les films de la Cinecittà ou Dario Argento, tout cela forme un style de cinéma que j’aime beaucoup. Et pour les musiques, il y a celles d’Ennio Morricone. Il y a une esthétique, un peu comme en France. Je sais que je suis fier d’être français parce que quand tu vas aux Etats-Unis ou en Angleterre, il y a une image, un quelque chose de la France qui persiste. Avant c’était Gainsbourg, maintenant c’est la French Touch. Dans les cinéastes français, Melville a influencé beaucoup de cinéastes américains par exemple. Je trouve ça bien parce que ce sont des pays européens, donc qui sont microscopiques par rapport aux Etats-Unis et au mastodonte mainstream que ça représente, mais ils ont quand même leur identité. Et c’est ça que j’aime en Italie.

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     > L’Italie est un grand pays de l’art, mais musicalement ça se déroule comment ?

Je crois que je n’ai fait que deux concerts là-bas donc on est loin de ce que je te disais de New-York où il y a de la musique qui transpire des murs, mais la musique y est ailleurs. Dans les instruments traditionnels italiens par exemple, je sais que l’utilisation de la mandoline est quelque chose qui m’a toujours touché car c’est une sonorité très agréable, à la fois mélodique et mélancolique. Ce n’est pas quelque chose que j’ai beaucoup entendu en Italie mais l’influence traditionnelle y est encore plus profonde qu’à New-York. C’est quelque chose d’ancré dans la culture musicale de ce pays. Alors certes, il n’y a pas spécialement de scène musicale, je ne peux pas te citer de noms de groupes italiens qui me plaisent, mais musicalement c’est inspirant.

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     > Tout à l’heure tu parlais de cinéma et tu as cité Antonioni. Il a réalisé un film qui s’appelle Blow-Up. Est-ce que ça a un lien avec le titre de ta chanson ?

Il y a beaucoup de liens entre les deux, dans le clip il y a aussi le lettrage super pop, blanc sur bleu ou blanc sur rouge, comme l’affiche du film. J’aime beaucoup ce film mais ce n’est pas mon préféré d’Antonioni, c’est The Passenger (Profession : reporter) qui est quand même bien au-dessus je trouve. Donc ce n’est pas un film qui m’a influencé plus que ça même si dans la culture pop tu ne peux pas passer à côté, ne serait-ce que de l’affiche. Tout le monde connait un pote qui l’a chez lui ! Mais non, il n’y a pas de lien entre le Blow-Up d’Antonioni et le mien. Blow Up était plus un jeu de mots parce que c’est une chanson qui parle d’amour mais aussi un peu de drogues et « blow » en américain ça veut aussi dire ça. Et après, comme je ne voulais pas utiliser juste le « blow » , j’ai rajouté le « up ». En plus, ça veut aussi dire exploser ou s’émanciper donc je trouvais que ça collait bien avec la sonorité musicale qui t’amène l’idée du truc.

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     > Le clip de Blow Up se présente comme un court-métrage. Comment a-t-il été réalisé ?

Il a été réalisé par un duo de réalisateurs potes, Hawaii & Smith. Le premier, Hawaii, est celui qui a fait les pochettes de mon deuxième et de mon troisième album. Il est aussi responsable de tous les lettrages et c’est un important confident musical. Et le deuxième, Smith, n’est autre que Nico de Nasser qui avait fait la pochette de mon premier album. Donc visuellement, ce sont des potes très importants qui m’ont accompagné depuis le début. Il y a des artistes que j’admire qui arrivent à tout faire. A partir du moment où ils écrivent une note, ils arrivent à imaginer le clip, la pochette et comment ça va être sur scène. Mais moi je n’y arrive pas alors je préfère déléguer et Hawaii & Smith ont eu cette vision-là du clip qui est super parce que c’est quelque chose que personne d’autre qu’eux n’aurait pu imaginer. Au départ, même moi j’étais un peu décontenancé par rapport à ça parce que je me disais que ça n’allait pas être un clip, ma musique était coupée au milieu… Je me disais « Si tu veux t’as qu’à faire un court métrage et t’utilises ma musique » ! (rires) Mais au final ça a fait ce super objet qui est un peu entre les deux et qui, apparemment, a plu aux gens puisqu’il a eu beaucoup de vues sur Internet. C’est pour ça que je leur ai refait confiance pour le prochain clip qu’ils sont en train de monter. Ça sera celui de Does She ? et qui va être encore plus un court métrage, c’est-à-dire qu’il y aura encore moins ma musique ! (rires) Ça sera dans un lieu autre que New-York mais avec un des protagonistes de Blow Up. Je ne peux rien te dire sur l’histoire, il faut prendre des pincettes avec le cinéma, mais ça sera bien en tout cas !

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     > Tu es très inspiré par le cinéma. Mais qu’est-ce qui te plait tant dans cet art ?

C’est une très bonne question… Déjà, j’aime bien les musiques qui apportent une image à l’auditeur. Donc j’aime bien les choses instrumentales et les musiques de films. C’est pour ça que je suis tombé amoureux dès les premières secondes de l’album Moon Safari de Air. Tu mets ton casque sur les oreilles et tout à coup tu voyages, et ça c’est quelque chose qui m’a toujours inspiré. Dans les films, je pense que c’est le fait que ce soit un monde parallèle qui me plait. Tu es devant ton écran et tu décroches complètement de la réalité, tu peux passer par toutes les émotions. Et il y a autre chose que j’aime beaucoup dans le cinéma, et qui se passe aussi avec les livres même si je ne lis pas assez, c’est que c’est un peu l’école de la vie. Il y a des moments où tu es simplement en train de regarder un film et tu te dis que ce qui vient de se passer ou que la réplique que tu viens d’entendre, c’est presque comme si le réalisateur te l’avait dit et qu’il t’avait éduqué. Ce sont des choses qui font que tu changes dans ta façon d’être et qui te façonnent comme quelque chose qui peut t’arriver dans la vraie vie. C’est pour ça que c’est très inspirant. Je sais que les choses qui m’inspirent le plus c’est quand je vois des personnages avec lesquels je peux me sentir proche et qui arrivent à prendre des décisions ou à exprimer des sentiments que je garde en moi et que j’ai un peu honte de garder. Et là tu te dis « mais en fait moi aussi je peux faire ça parce que lui il le fait, et en plus dans le film il est trop bon et tout ». C’est pour ça que c’est inspirant, c’est parce que ça te conforte un peu sur certains aspects de ta vie et personnellement, je pense que ça continue à me faire grandir. Ça m’apprend de nouvelles choses, et pas seulement pour la culture, mais aussi pour m’élever, comme tu es élevé par tes parents quand tu es plus jeune.

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     > Du coup, tu aurais envie de composer de la musique pour le cinéma ?

Oui j’aimerais bien. Pour moi dans mes influences, le coup de maître c’est Virgin Suicides de Air. C’est une B.O parfaite. Il y a le single Playground Love qui sert de générique de fin au film et du coup c’est un album qu’on peut écouter comme ça, juste pour ce single qui est imparable. Et après, il y a plein de déclinaisons de plusieurs thèmes et c’est très fin. Ils ont mis un peu tout le monde dedans : Ennio Morricone, John Carpenter… Mais ça reste quand même Air, ils se sont réappropriés tout ça. C’est ce que j’aimerais bien faire mais je ne sais pas si j’en suis capable car ce n’est quand même pas une mince affaire. Alors ce que j’essaye de faire au moins c’est de mettre dans mes morceaux des petites références cinématographiques qui feraient que ce thème-là pourrait être un thème de film. On ne sait jamais, si un réalisateur tombe dessus… (rires)

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     > Tes morceaux sont majoritairement instrumentaux comme tu l’as dit. Est-ce que tu trouves que c’est plus facile de s’exprimer par de la musique que par des mots ?

C’est juste que quand j’arrive à exprimer quelque chose avec de la musique, ça peut tout faire foirer de mettre une voix dessus. A partir du moment où tu mets une voix dessus, ça devient une chanson et, dans une chanson, c’est la voix qui exprime les trucs et la musique devient un habillage. Donc il faut faire très attention à ça. Du coup, par moment je préfère laisser parler la musique. En plus, c’est quelque chose qui me vient plus facilement de trouver des thèmes, une mélodie… C’est un travail que je fais au quotidien, alors que trouver des mélodies de voix c’est un labeur plus compliqué pour moi qui me vient moins naturellement. C’est pour ça que je fais souvent des morceaux instrumentaux ou, comme dans Does She ?, des morceaux où il y a deux phrases puis trois minutes instrumentales. A partir du moment où j’ai deux accords, j’arrive à trouver plein de mélodies et il ne faut pas non plus trop surcharger. J’ai l’impression que si je rajoute une voix sur cette musique, ça va tout faire s’effondrer.

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     > Que ce soit pour With Julia ou pour tes précédentes productions, tu as collaboré exclusivement avec des voix féminines. Est-ce que c’est par choix ou est-ce que c’est simplement parce que tu n’as pas encore trouvé de voix masculine qui te plaise ?

Non, déjà la voix masculine je m’en charge parce que j’aime aussi beaucoup chanter, même pour mon plaisir dans la voiture, sous la douche ou avec Husbands. Et puis, c’est un petit peu macho ce que je vais dire mais… une voix féminine c’est un peu comme un ingrédient qui fait que ça m’a souvent servi à débloquer certaines impasses musicales dans lesquelles j’étais. J’avais trouvé la mélodie, le couplet, le refrain, le thème, l’intro… mais il manquait quelque chose. Alors ça a commencé avec Laetitia Abello sur les deux premiers albums et ça amène quelque chose en plus. Les morceaux sont toujours construits de cette manière où il faut qu’il y ait une sorte d’histoire qui se raconte. Or, la voix féminine m’inspire car c’est quelque chose qui fait assez facilement mouche surtout si avant il y a eu moi qui chante doucement et pas super juste.

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     > Et comment ça se passe en concert ? Est-ce que Julia continue de t’accompagner sur scène ?

Oui, Julia est là ! On a réussi à lui avoir son visa d’artiste. Elle a fait une première tournée de septembre à novembre dernier et c’était un peu dur parce qu’elle ne pouvait faire que trois mois du coup elle ne pouvait s’installer nulle part. Maintenant, elle a son visa donc on a commencé la tournée il y a deux semaines et elle va rester pour minimum entre un et trois ans. Je pense que jusqu’à la fin de l’année elle sera avec nous sur scène et elle sera présente ce soir. C’est drôle à chaque fois que je réponds à ces questions j’ai l’impression que c’est la guest star ! (rires)

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     > Et ça se passe comment quand elle ne peut pas être là ?

Quand elle est repartie, on a arrêté de tourner pendant quatre mois. Ça a été un peu dommage car on a refusé des dates mais ça a permis de travailler, de faire aussi un set un peu plus grand. Il  n’y a pas de situation idéale donc je préfère m’adapter. Si elle avait dit qu’elle ne pouvait plus revenir en France, on aurait tout arrêté ou on aurait trouvé une autre solution, mais là pour l’instant on ne se pose pas la question.

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     > Ça va être l’heure de terminer l’interview. Dernière question, selon toi quel est le meilleur endroit et quel est le meilleur moment pour écouter ta musique ?

Je ne sais pas si c’est vraiment à moi de le dire… Mais ça m’arrive de réécouter certaines choses pour savoir où je vais et pour répéter, et ce que je préfère c’est en mouvement. Donc dans un train, un avion, une voiture, en marchant… En fait, n’importe quelle musique est mieux quand tu te déplaces, je ne sais pas pourquoi… Le mieux c’est le train, peut-être parce que j’en ai beaucoup fait ces dernières années. C’est tout con mais quand j’étais à New-York et que je faisais ces morceaux, dès que j’avais fini je me retrouvais à mettre le casque sur les oreilles et à partir en métro. Et les métros aériens à New-York avec Manhattan au fond et la musique dans les oreilles, ça te donne l’impression de voler…

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Merci à Kid Francescoli pour avoir accepté de répondre à nos questions !

kidfrancescoli.com
www.facebook.com/kidfrancescoli

Photo © Laure Clarenc

 

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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