C’est dans une bonne humeur ambiante que les Niçois d’Hyphen Hyphen nous ont accueillis pour une petite interview lors du Printemps de Bourges samedi dernier. De leurs débuts à leurs projets futurs, les quatre jeunes nous ont ouvert les portes de leur univers musical singulier.
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> Vous étiez déjà programmés au Printemps de Bourges en 2012.
Line : Oui, on avait fait les découvertes. C’était super, on est ravis d’être là encore une fois.
Santa : Les découvertes, ça a été un vrai cap pour nous car ça nous a permis de nous faire découvrir par un petit public mais surtout par des professionnels parce que Bourges, dans le cadre des découvertes, c’est surtout pro. Ça nous a lancés pour une tournée qui a fait à peu près 200 dates avant l’album. Cela nous a appris ce que c’était que de faire de la musique sur scène.
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> 200 dates c’est beaucoup. Vous avez eu le temps de faire d’autres choses à part les concerts ?
Santa : En fait on n’était pas prêts pour faire un album, on était trop stressés pour passer ce challenge là. Donc pendant deux ans, on a fait que de tourner pour voir ce que c’était, pour vivre le truc très naïvement et de manière hyper énergique. Après on a arrêté la tournée et on a pris un an pour composer l’album. On a signé avec le label Parlophone qui nous a laissé de la liberté et du temps pour nous permettre de nous exprimer pour la première fois sur ce format-là.
Adam : Il est prévu pour le 22 juin.
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> Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la composition de l’album ?
Santa : Il y a eu un break de dates, ce qui était très bizarre pour nous parce que notre quotidien était juste basé sur les dates. Du coup au début de la composition, on s’est posés et on s’est dit « ça y est, ça va être la première fois qu’on va faire ça ». Ça nous a pris un an durant lequel on a beaucoup cherché d’influences parce qu’on n’arrivait pas à se reconnaître dans la musique d’aujourd’hui. D’ailleurs c’est un peu fou de dire ça, on n’est pas passéistes du tout, mais on n’était pas prêts à faire un album électro ou pop-électro parce qu’on avait l’impression que tout avait déjà été dit. Alors on a beaucoup cherché ce qui pouvait coller musicalement à ce qu’émotionnellement on voulait dire. On a élargi complètement nos styles et on a vu la grande porte en tant que chanson.
Line : Après niveau composition, on a fait ça à quatre.
Santa : Quelqu’un trouve une trame, un morceau. Ensuite, on compose beaucoup sur ordinateur donc on échange, on remixe, on démixe, on remixe encore…
Line : Du coup on a plein de versions d’un même morceau qui est passé par plein de styles différents jusqu’à trouver le bon.
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> Est-ce que plus tard vous envisagez de sortir un disque avec les différentes versions de ces morceaux ?
Zaccharie : Non. On les réutilise en live du coup. On avait commencé à arranger les morceaux pour les adapter au live. On a déjà plein d’idées et on essaye de réutiliser les plus intéressantes.
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> Pendant cette grosse tournée, vous êtes partis à l’étranger ?
Santa : Un peu, oui. On a fait le Canada, l’Angleterre, la Belgique, la Réunion, l’Italie…
Line : Là on va faire la Suisse.
Santa : Du coup c’était un chouette programme !
> Vous aviez le temps de faire un peu de tourisme ?
Santa : Alors la France on te la dessine ! (rires) Je pense que très peu de gens ont fait autant de villes en France. On a dû faire toutes les cathédrales ! On essaye de visiter quand on peut. Mais souvent tu n’as pas trop le temps, surtout sur les festivals.
Adam : Après, à l’étranger, on essaye d’avoir quelques jours supplémentaires.
Santa : Oui on a toujours 2/3 jours très intenses. Au Canada par exemple, on a eu le temps de visiter un peu. Et puis, si tu ne dors pas ça fait comme si tu avais une journée en plus ! (rires)
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> Il y a un endroit qui vous a plus marqué qu’un autre ?
Santa : Le Canada je dirais, parce qu’on se rapprochait fortement des Etats-Unis, ce qui est un peu notre but ultime. Et il y a nos amis les Belges aussi ! C’est fun là-bas. C’est vraiment agréable d’y jouer, le public est bien réceptif.
Zaccharie : Le public est plus réceptif…il est surtout plus bourré ! Alors forcément, ça améliore la connexion émotionnelle (rires)
Santa : Oui, on est enfin sur la même longueur d’onde ! (rires)
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> Au contraire, un pays qui vous aurait plus déçu ?
Hyphen Hyphen : Non !
Santa : Il y a toujours un truc fun. De toute manière, tu es là pour sortir les gens de leur contexte, que tu sois dans une ville x ou y. Tu es là pour créer quelque chose à toi et apporter ton univers. Donc peu importe l’endroit. Ça me rappelle des fois où on a joué dans des lieux devant 20 personnes seulement et où on arrivait quand même à créer une bulle et à faire rentrer les gens dans l’union. On n’a pas eu de mauvaises expériences. Par contre, les festivals nous correspondent encore plus, donc on est hyper contents de revenir au Printemps de Bourges. C’est un peu l’idée de « ça y est, on revient sur la grande scène après avoir fait les découvertes ». En plus, comme on va sortir notre album, c’est un peu le début pour nous.
> Est-ce que vous avez des anecdotes rigolotes à raconter par rapport à vos concerts ?
Santa : Là on revient des îles Canaries et on a les marques de bronzage de nos tattoos partout sur nous ! Sinon, on a toujours des anecdotes drôles et je pense que ce soir, ça va en créer encore beaucoup d’autres parce que la dernière fois c’était quand même assez épique !
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> En parlant des îles Canaries, je crois que vous avez aussi tourné un clip là-bas ?
Santa : Oui, on a co-écrit le scénario avec un réalisateur new-yorkais et on s’est retrouvés là-bas avec une super équipe de production. On a enfin vu ce que c’était d’avoir une grosse équipe de tournage autour de nous et pour réaliser nos idées, c’était juste extraordinaire. Nos précédents clips on les faisait nous-mêmes avec des cartons. Donc lâcher un peu prise et voir le travail d’un réalisateur, c’était super. On s’est très bien entendus sur l’esthétique, le rythme et la manière de voir les choses. C’était très excitant. Là on attend le montage ce soir ! On n’a pas l’idée du montage mais comme on est un peu des control freaks, on sait déjà un peu à quoi s’attendre.
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> En tant que control freaks comme tu dis, ce n’est pas un peu dur et frustrant de délaisser la réalisation du clip à une autre équipe ?
Zaccharie : C’est pour ça qu’on ne laisse jamais totalement le projet à quelqu’un d’autre.
Santa : C’est juste pour avoir les moyens de nos ambitions. Le clip fait-maison, ça a beau être fait-maison, si tu n’as pas une équipe de fous furieux tu te retrouves toujours submergé à gérer quatre caméramans et vingt figurants. En plus c’est tes potes, donc faut leur offrir des coups…
Adam : …et ils ne sont plus du tout opérationnels au bout de quinze minutes ! (rires)
Santa : Non du coup, avoir une équipe est hyper rassurant et excitant. C’est comme pour l’album, de pouvoir enfin rentrer dans un grand studio avec des gens très pro et de travailler avec un coach vocal, c’est une expérience folle. On a beaucoup appris.
> Cet album vous l’avez enregistré à l’ICP studio en Belgique où de grands noms sont passés là-bas avant vous.
Zaccharie : Oui et c’est une super expérience.
Santa : C’était super impressionnant au début, je dirais même que c’était la panique totale ! Quand tu fermes les yeux et que tu penses à un studio huge, c’est celui-là, et là on était dedans. Donc c’était un peu flippant mais on a tellement bien été accueillis et on savait ce qu’on voulait faire, que du coup tout a roulé. C’est l’épreuve post-studio où on a dû produire et reproduire pour tout réarranger qui a été la plus difficile. Parce qu’on a tellement paniqué qu’on a enregistré dix fois trop de choses !
Zaccharie : La période de dérushage a été l’enfer…
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> Du coup, vous aimeriez bien retourner enregistrer dans ce studio à l’avenir ?
Santa : On verra. Là-bas c’est génial forcément, mais l’avenir nous le dira.
Zaccharie : Ce qui était bien c’est qu’il y avait une espèce de grand magasin de musique historique dans le studio. C’était incroyable de se retrouver avec tous les instruments du monde. Bon au début on s’est un peu perdus. Je crois qu’on a à peu près tout pris dans notre studio et le mec qui s’en occupe n’avait jamais vu ça, il était trop content. Il était là « d’habitude les mecs ils prennent deux guitares et une batterie ! » et nous on avait pris genre…sept batteries ! (rires)
Santa : On a tout utilisé, d’où le son de l’album qui est hyper précis. On a tellement cherché pour avoir un son qui ne soit pas électro mais qui soit quand même empreint de technologie puisqu’on produit. Du coup, à partir de vrais instruments, on a créé un nouvel instrument un peu hybride entre le réel et l’électronique, ce qui était le but de notre production.
Zaccharie : En fait je me rends compte qu’il y a un méga lien avec toute notre recherche du surréalisme dans l’esthétique et le graphique. On pourrait dire que l’électro est une forme d’abstraction sonore. On voulait tirer le réel des instruments acoustiques vers quelque chose d’un peu plus irréel.
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Nous remercions Hyphen Hyphen pour leur gentillesse et le temps qu’ils nous ont accordé.
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Photo © Laure Clarenc