Alors que son premier EP vient tout juste de sortir, le trio Back and Forth a accepté de répondre à nos questions. Création du groupe, processus de composition, sortie du premier EP… le groupe nous a tout raconté ! Et si vous n’avez pas encore écouté ce premier EP, un conseil : foncez.
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> Vous venez de sortir votre 1er EP. Comment vous sentez-vous ?
Nous sommes très heureux. Les morceaux qui y figurent font partie des premiers que nous avons composés et nous sommes heureux d’avoir enfin pu les « figer » sur cet EP et de pouvoir les partager avec les autres.
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> Comment vivez-vous le fait de sortir votre 1er EP dans un contexte assez difficile ? Est-ce compliqué de ne pas pouvoir faire vivre cette production sur scène, par exemple ?
Effectivement la période aurait pu être plus propice pour sortir un EP… Les occasions sont rares de pouvoir jouer sur scène dernièrement et l’avenir est incertain. Ce qui fait que la promotion du disque est de fait bridée. Cela dit, nous avons eu la chance depuis deux petites années de multiplier les concerts dans la région et ailleurs, dans de multiples lieux et nous avons pu jouer nos compositions de nombreuses fois. Nous espérons que le public sera curieux d’écouter l’EP en ligne et pourquoi pas de se retrouver un jour en live afin de célébrer le retour des spectacles vivants ! Et d’un autre côté, la sortie de cet EP dans le contexte actuel nous permet de garder un lien avec un public bien qu’il soit virtuel.
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> Pouvez-vous nous expliquer comment vous fonctionner au sein du trio ? Qui compose ? Qui écrit ? Comment travaillez-vous l’harmonie des voix ?
Le groupe s’est formé assez naturellement mais d’abord en duo : Val au chant et Clément à la batterie et à la guitare. Val et Clément sont très amis depuis longtemps. Nous chantions ensemble de façon sporadique il y a une dizaine d’années en reprenant nos morceaux préférés de l’époque, Neil Young, Simon and Garfunkel, Bob Dylan… Cela nous plaisait bien mais la vie nous baladait dans des sentiers parfois éloignés. Clément est parti voyager quelques temps, Valentine étudiait à Paris… Jusqu’à ce qu’en 2017, on se retrouve de manière plus régulière, étant de retour dans l’Indre tous les deux. Nous avons rapidement repris goût à chanter ensemble, simplement pour nous et avons composé nos premières chansons. Le plaisir s’intensifiait. Nos proches nous encourageaient et nous invitaient à oser les jouer pour d’autres ! Et puis un beau jour d’été 2017, nous sommes partis faire un petit road trip avec la guitare pour faire nos premières armes sur les marchés de village. À notre retour dans la région, Val qui fouine tout le temps sur internet a trouvé ce tremplin/accompagnement mis en place par la Fraca-Ma, nous avons postulé et gagné. Puis Margot, la sœur de Clément nous a rejoint en 2019 au début de notre accompagnement Propul’son. Les dates étaient plus fréquentes et nous avions envies d’enrichir nos morceaux. Une troisième voix et donc des possibilités d’harmonies vocales plus riches. Elle joue également de la guitare et s’est mise à la batterie et à d’autres percussions. C’est donc une histoire de famille, des personnes qui se connaissent très bien et pour lesquelles il semble naturel de chanter et jouer de la musique ensemble. Le groupe n’a pas réellement de règle établie quant à son fonctionnement. Mais le plus souvent, on compose de notre coté, aussi bien les lignes de chants que les parties instrumentales, puis on partage ensuite l’ébauche de notre travail. Ensuite, on propose des idées, des améliorations possibles, on mélange le tout et si tout va bien, on a un morceau ! Cependant, rien n’est figé et les morceaux sont susceptibles d’évoluer sans cesse même si, comme pour l’EP, il faut savoir s’arrêter sur une version « définitive » à un moment donné. Bien que nous essayons de tout faire ensemble, nous avons tous nos affinités, des domaines dans lesquelles nous sommes naturellement plus à l’aise. Valentine dans l’écriture et les mélodies vocales, Margot est capable de trouver 12 deuxièmes voix pour une même mélodie (rire). Mais vraiment, elle est très douée pour ça ! Et Clément est rarement en manque d’idées pour les parties instrumentales et rythmiques.
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> Pourriez-vous nous raconter la réalisation de ce 1er EP ? Où l’avez-vous enregistré ? Comment avez-vous travaillé ?
Le premier EP a été réalisé chez Fred Temps, un ami musicien qui nous avait proposé à la fin d’un de nos concert de nous enregistrer si jamais nous le souhaitions. Le son n’est pas son métier mais il s’était déjà auto enregistré dans le passé mais dans un style assez éloigné du notre : le hard rock. Il était surtout extrêmement motivé pour plonger dans notre univers et essayer de le restituer au plus juste en conservant notre simplicité. Le « studio » se trouvait proche de chez nous, c’était moins intimidant d’enregistrer pour la première fois avec un ami plutôt qu’avec un « vrai » ingénieur du son ». Les conditions nous semblaient plutôt réunies et appropriées pour travailler sur un premier EP. Nous avons commencé les enregistrements à la fin de l’année dernière. Tout ne s’est pas fait d’un coup car nous nous sommes donné le temps de réfléchir au résultat que nous voulions obtenir et les moyens techniques qu’il fallait mettre en œuvre afin d’y parvenir. Nous avons par ailleurs fait plusieurs essais pour se familiariser avec l’ambiance de travail en studio. L’objectif était de trouver un équilibre entre les versions live que nous avions l’habitude de livrer et l’apport d’autres instruments, comme la basse, la batterie, que nous avions en tête mais qu’il nous ai impossible de réaliser sur scène puisque nous sommes limités par le nombre… Nous regrettons bien souvent de n’avoir que six mains au total. D’autre part, nous avons constaté qu’il n’était pas toujours facile de transmettre autant d’émotion que lorsqu’on se retrouve face à un public qui souvent nous porte. Jouer dans un petite pièce avec de surcroit le clic du métronome dans les oreilles est un exercice assez loin du naturel habituel, mais indispensable pour enrichir nos chansons avec d’autres instruments. Après tout, nous trouvons cela assez chouette d’offrir une version différente de ce que l’on pourra faire en concert. Et il n’est jamais facile de mettre un point final à une chanson. Comme nous le disions, nous aimons avoir l’amplitude d’enrichir ou de transformer nos compositions si nous le souhaitons. Et c’est avec hésitation et incertitude qu’on « valide » la prise sans pouvoir y revenir… Mais il faut l’accepter pour voir un jour le disque naître. D’ailleurs, rien ne nous empêchera de les enrichir à l’avenir si bon nous semble, si l’on nous permet de rejouer en public un jour…
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> Votre 1er EP est vraiment une belle réussite. Sur certains morceaux, comme le premier, nous apercevons une certaine inspiration notamment venue tout droit d’Amérique. Est-ce voulu ? Qu’est-ce qui inspire Back and Forth ?
Il appartient à l’auditeur de traduire à quoi font échos ses émotions à l’écoute de nos chansons. Mais il est vrai que nos inspirations se rejoignent sur leur origine géographique. La plupart des vinyles que nous écoutons depuis tant d’années ont traversé l’Atlantique avant de tourner sur nos platines. Bien que nous ayons tous des influences nombreuses et variées, la musique folk anglo-saxonne et particulièrement les artistes des années 60/70 sont une inépuisable source de bonheur audio et par conséquent d’inspiration. Mais nous ne cherchons pas à « sonner » américain ou je ne sais quoi d’autre. Si déjà on « sonne » c’est chouette !
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> Votre style, c’est la musique folk. Ressentez-vous une difficulté à porter ce style quand on sait qu’aujourd’hui l’engouement va plutôt vers la musique dite urbaine ?
C’est une excellente question. Pendant longtemps, nous jouions pour nous car nous ne pensions pas qu’en dehors de la famille et des proches, ce style intimiste et sans artifice puisse encore ravir les oreilles de nos contemporains. Et petit à petit, comme de toute façon nous ne savons pas faire autre chose et que nous avions envie de partager nos compositions en public, on a passé ce cap. Non sans complexe évidemment. Cela a pris un peu de temps avant d’assumer pleinement notre côté « simple », intimiste et finalement assez nu. Lorsque nous jouons devant un public enchanté, réceptif, cela coule et c’est dans ces conditions que nous sommes le plus à même de livrer une belle performance et de donner le meilleur de nous. Mais certains concerts dans des bars très bruyants ont parfois été décevants pour nous, voire traumatisants ! Cela dit, ce sont des challenges que nous souhaitons relever. Ces expériences nous renforcent et nous aident à progresser. L’arrivée de Margot dans le groupe a également été un vrai soulagement. Les morceaux sont plus solides et s’affirment davantage. Mais il est vrai que l’on captera pleinement l’essence de nos morceaux dans des salles propices à la musique intimiste ou dans le calme et la sérénité d’ un beau jardin arboré… Aujourd’hui, et grâce au public très souvent bienveillant et encourageant vis à vis de notre projet musical, nous assumons plus ce que nous faisons. En fait, nous ne nous sentons pas enfermés dans un style musical et on se sent très libres de partir dans les directions qui nous appellent. Au-delà d’un style, nous cherchons surtout à nous faire plaisir et à laisser parler notre créativité.
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> Vous avez sorti une session live du titre Summer Air dernier piste de l’EP. Aimeriez-vous sortir prochainement un clip pour accompagner un autre titre ?
Nous y pensons mais apprécions beaucoup le côté live, nous avons plutôt envie de publier des séquences prises sur le vif pour les partager en attendant le retour des concerts.
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> Vous avez été lauréats du dispositif d’accompagnement régional Propul’Son. A quoi consiste cet accompagnement et dans votre cas, que vous a-t-il a permis de réaliser ?
Nous avons été lauréats départemental du dispositif. Il dure un an et comprend plusieurs petits temps de formations, comme la compréhension du fonctionnement des différents acteurs des musiques actuelles, ainsi qu’un accompagnement personnalisé au groupe. Nous avions à disposition une enveloppe et nous pouvions choisir avec notre contact référent ce que nous voulions faire avec. A l’époque, nous avions très envie de développer le live et de se sentir plus à l’aise en concert et nous avons pu profiter de deux jours avec un coach scénique qui nous a aidé à travailler notre prestation et notre rapport à la scène. Mais le Propul’Son pour nous c’est avant tout de très belles rencontres comme Manu Lebrun de Lyloprod, qui est notre personne référente au sein du dispositif et avec qui nous sommes depuis restés en étroite relation et qui nous aide toujours dans l’évolution et le développement de notre projet. Il est toujours disponible et de très bons conseils pour nous, il nous a d’ailleurs beaucoup aidé dans la sortie de l’EP. Le dispositif nous a aussi donné une visibilité plus importante dans la région.
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> Par la suite, envisageriez-vous de postuler à un dispositif du même type mais d’envergure national ?
Nous avons eu l’audace de postuler aux Inouïs du Printemps de Bourges cette année, résultats l’année prochaine…
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> Votre 1er EP est sorti tout récemment, mais pensez-vous à l’après ? Avez-vous des projets ?
Nous avons assez de matières pour envisager l’enregistrement d’un album, mais nous voulons prendre notre temps d’autant plus qu’il reste du travail sur ces morceaux. Actuellement nous profitons de la période sans concerts pour travailler sur nos dernières compositions en espérant très vite pouvoir les jouer en public.
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Merci Back and Forth pour cet échange particulièrement riche et intéressant !
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