Le samedi 16 décembre dernier, le Scott Bradlee’s Postmodern Jukebox s’est produit au Vinci à Tours pour une soirée exceptionnelle. Avant le concert, nous avons eu la chance de pouvoir discuter avec l’un des bassistes du collectif, Adam Kubota. Une discussion très agréable que l’on vous propose de découvrir sans plus attendre…
.
> Postmodern Jukebox est un très grand collectif. Cela doit être très inspirant de jouer avec toutes ces personnes. Mais n’est-ce pas un peu compliqué parfois, de devoir accorder toutes ces différentes personnalités ?
Non, ce n’est pas trop compliqué car tout le monde est très gentil et s’intéresse véritablement à la musique. Je joue avec des gens si généreux, qui veulent travailler les uns avec les autres et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes sur scène. Alors bien sûr, quand tu vis avec quinze personnes dans un bus, il y a toujours quelques problèmes. Mais c’est tellement minime. Je sais que ça paraît difficile à croire, mais on s’en sort très bien.
.
> En fait, Postmodern Jukebox est comme une grande famille.
Oui, absolument. Je vois certaines de ces personnes bien plus que ma propre famille, comme Casey [Abrams] que je considère comme mon frère. Si je veux savoir quelque chose, il sait, et ce qu’importe le sujet. On s’assoit et on discute de politique, de musique, ou encore de ce qu’on fait en Europe. Il est tellement généreux ; il vient toujours avec de nouvelles idées artistiques et fait tout pour impliquer tous les différents membres dans les projets. C’est vraiment utile.
.
> Si nous avons bien compris, le Postmodern Jukebox est tellement grand qu’il est divisé en deux groupes tournant en même temps.
Oui, mais on ne peut pas vraiment parler de groupes. C’est un collectif de musiciens qui aiment les genres musicaux traditionnels comme le jazz, le swing, la soul, etc. On a commencé à grandir en tant que musiciens, à apprendre à jouer ces différents genres et à devenir bons là-dedans. Mais on est aussi beaucoup à jouer de la pop. On aime tous être sur scène et passer un bon moment. Je pense que c’est une part importante du Postmodern Jukebox de s’amuser. Vous savez, on pourrait croire que c’est un peu « Oh mon dieu, on est une production tellement importante », mais pas du tout. On fait des blagues et on s’écoute les uns les autres. Et un spectacle de Postmodern Jukebox est comme une grande fête vintage, et pas uniquement un simple concert.
.
> C’est super parce que du coup, les représentations ne se ressemblent pas toutes puisque les artistes et les chansons changent ; cette tournée européenne n’est pas la même que la tournée américaine.
Oui, tout à fait ! La tournée américaine s’est terminée hier soir à Seattle, du coup il n’y a plus que nous à tourner pour le moment. Et actuellement, on fait vraiment un super tour de France. On y est depuis la fin du mois de novembre et c’est vraiment génial d’avoir pu jouer deux soirées à l’Olympia de Paris, et un peu partout dans le pays. C’est une très bonne expérience, surtout pour moi. Ça fait du bien d’avoir plein de bonne nourriture et du bon vin ; la France est un super pays pour ça ! [rires]
.
> Vous avez vraiment l’air d’apprécier la nourriture au sein du Postmodern Jukebox car dans son PMJ close-up, Casey disait combien la nourriture l’inspirait ! [rires]
Ça ressemble bien à quelque chose que Casey dirait, en effet ! [rires] Il est inspiré par un tas de choses, dont la nourriture. C’est vraiment quelqu’un de super et de drôle !
.
> Et toi, quelles sont tes sources d’inspiration ?
Je suis d’abord inspiré par les bons musiciens et par les bonnes musiques. Mais je suis aussi inspiré par les gens, les musiciens avec lesquels je joue et le public. C’est vraiment super de pouvoir se sentir connecté à son public. Un jour, une fille m’a dit qu’elle avait commencé la basse grâce à moi. Pour moi, c’est le plus beau et le plus grand honneur que quelqu’un puisse me faire ! J’en suis très fière parce que moi aussi, quand j’étais jeune, j’ai dû voir quelqu’un jouer de la basse quelque part et c’est ce qui a dû me donner envie d’en faire. Sinon, je suis également beaucoup inspiré par les voyages. J’aime voyager le plus que possible ; voir beaucoup de lieux différents avec le Postmodern Jukebox, rencontrer des personnes et des musiciens partout à travers le monde. C’est comme un rêve ; j’ai vraiment un très bon job !
.
> Est-ce qu’il y a un pays qui t’inspire plus qu’un autre ?
Ils sont tous géniaux d’une certaine façon, mais je dois dire que la France m’inspire tout particulièrement ; et je ne dis pas ça juste parce que je suis en train de discuter avec deux Françaises ! Il y a un tel amour de la culture, de l’art et de la musique ici. Partout où je vais, tout est tellement beau et possède une sorte de sensibilité classique, innocente et magnifique ! Il y a beaucoup de belles choses dans les musées, et rien que de regarder ces bâtiments c’est merveilleux. Je crois que les gens ici sont vraiment intéressées par l’art, et je me reconnais là-dedans. Et puis, tout le monde est si gentil.
.
> Dans la nouvelle édition française de The Essentials, il y a deux chansons en collaboration avec des artistes français ; Thomas Dutronc et Madame Monsieur. Comment se sont passées les collaborations ?
Je ne connais pas Madame Monsieur, j’ai seulement travaillé avec Thomas Dutronc. La collaboration dépend vraiment des artistes. Habituellement, Scott Bradlee rencontre l’artiste et ils font une sorte de bœuf ensemble où l’artiste dit « J’aimerais bien essayer telle chanson » et Scott répond « Ok, cool ». Scott peut vraiment jouer n’importe quelle chanson et s’il ne la connaît pas encore, il la tient en même pas une minute. Ensuite, ils travaillent là-dessus, parfois ils passent d’une chanson à une autre en se demandant laquelle serait la plus sympa à jouer tout en arrivant véritablement à apporter quelque chose de nouveau. Mais pour Thomas, je crois qu’il voulait vraiment interpréter la chanson « Comme Un Manouche Sans Guitare » et c’était vraiment intéressant. On était à Nashville dans le Tennessee et il y avait ce célèbre studio au-dessus. On a enregistré la basse et les percussions, et Thomas a ajouté sa voix et sa guitare par-dessus. Ensuite pour la vidéo, Thomas voulait vraiment quelque chose dans l’esprit des premières vidéos du PMJ. Donc on nous a filmés, Scott, Dave Tedeschi et moi en train de faire semblant d’interpréter le morceau. C’est vraiment drôle de prétendre jouer une chanson qu’on a en réalité déjà enregistrée. Puis, Thomas est venu jouer avec nous pour l’une des soirées à l’Olympia et c’est quelqu’un d’incroyablement gentil. Je pensais qu’il serait un peu comme ces personnes ultra célèbres, mais pas du tout, c’est quelqu’un de très cool ! Il sortait tout juste de l’enterrement de Johnny Hallyday, alors il était encore un peu sous le coup de l’émotion, mais c’était vraiment un super moment !
.
> Vous avez vraiment l’air de beaucoup vous amuser au sein du Postmodern Jukebox, mais c’est aussi tellement de travail ! Comment arrivez-vous à tenir le rythme ? Vous publiez tellement régulièrement de nouvelles vidéos !
Scott a une telle éthique du travail ! Pour lui, pour être cohérent, il faut publier de nouvelles choses une fois par semaine. Il adore présenter de nouveaux morceaux au public et il m’a enseigné ça. Cela ne sert à rien de perdre du temps à penser « Oh, peut-être que ce n’est pas parfait ». Il faut juste capturer le moment de la meilleure façon que possible, sauf s’il y a vraiment une très grosse erreur, bien sûr. C’est fou mais parfois tu passes énormément de temps à travailler sur un arrangement en pensant que ça va être la chose la plus incroyable et tout à coup on te dit « Mais pourquoi tu as fait ça ? Fais ça ! ». En fait, le plus important est vraiment d’arriver à capturer l’esprit du moment ; et si tu as de bons musiciens, le résultat sera forcément bon !
.
> Ce qui est frappant dans les vidéos du Postmodern Jukebox, c’est qu’il y a souvent des choses très folles comme Gunhild Carling qui joue dix instruments dans le cover de « Happy » ! Est-ce qu’il y a une chose un peu folle que tu aimerais faire dans une prochaine vidéo ?
Je crois que ce que j’aime, c’est quand ces choses un peu folles arrivent alors que je ne m’y attendais pas. Parfois, je ne sais pas du tout ce qui va se passer, ou bien je n’arrive pas à croire que je puisse faire certaines choses ! Il y a déjà un bon moment, on avait fait une reprise de « Burn » et le saxophoniste, Stefan, avait un saxophone qui crachait du feu ! On était à l’intérieur de l’appartement de Scott, avec un extincteur, et je pouvais sentir la chaleur sur mon visage. J’avais vraiment peur de perdre mes cheveux ! [rires] Mais c’était vraiment génial comme expérience, même si sur le coup c’était flippant. Je me souviens aussi de la première fois que j’ai vu Puddles le clown. Je ne lui avais jamais vraiment parlé avant et je ne savais pas trop à quoi m’attendre la première fois qu’il est venu sur scène. Et au final, c’était super ! Toutes ces choses, le fait de jouer avec des performeurs, c’est toujours marrant. Ce sont des situations incroyables, et des millions de bonnes histoires à raconter !
> Et une vidéo du PMJ est toujours une surprise.
Oui je crois que c’est une partie importante du PMJ ; il y a toujours une grande part de performance artistique. On met les musiciens dans des tas de situations différentes, et ils n’ont absolument aucune idée de ce qu’il va arriver. Et tout le monde est tellement fort ! Je crois qu’on a trouvé une belle façon de montrer au monde ce que c’est que des artistes véritablement talentueux et ce qu’ils peuvent faire ; même si ce qu’on fait n’est pas vraiment ce qui attire les labels ou ce qui passe sur une radio pop. C’est vraiment incroyable de pouvoir apporter toutes ces performances artistiques de haut niveau et de les montrer partout à travers le monde ; en France, à Dubaï, à Singapour, etc.
.
> En effet, il y a vraiment beaucoup de performeurs au sein du PMJ, comme des danseurs. Tu as fait des vidéos avec les danseurs de claquettes Sarah Reich et Alex MacDonald. Comment on travaille avec des artistes comme eux pour réarranger une chanson ? Cela ne doit pas être pareil que de travailler avec seulement des instruments « traditionnels ».
En fait, il s’agit de faire tenir ensemble différents rythmes ; de jouer nos rythmes, nos lignes de basse ou nos morceaux favoris. Ce qu’ils font c’est de la danse, mais d’une certaine manière c’est aussi des percussions, des rythmes. C’est vraiment très sympa de bosser avec eux ! Alex, par exemple, essaye toujours de savoir comment faire en sorte de relier les différents morceaux ensemble ; alors il va faire des pas de danse. C’est vraiment très intéressant et drôle, car il voit les choses sous un angle totalement différent du nôtre et au final, tout le monde a l’air encore plus talentueux !
> Tu as aussi participé à des reprises de musiques de film comme Harry Potter. Est-ce qu’il y a un film qui t’inspire et dont tu aimerais reprendre la musique ?
Non, pas spécialement. Je pense que la musique du Postmodern Jukebox peut s’apparenter à une musique de comédie musicale. Récemment, nous avons d’ailleurs fait une reprise de « Tomorrow » de la comédie musicale Annie et c’était super car c’était dans le style Motown. Mais personnellement, je ne suis pas un grand fan des comédies musicales. Par contre, j’aime les films de Wes Anderson car ils ont toujours des bande-originales fantastiques, très éclectiques ; ça va du rock des années 60 à de la musique indépendante, en passant par la chanson française. J’adore ça !
.
> D’une certaine façon, le style de Wes Anderson est un peu comme celui du Postmodern Jukebox avec ce mélange de modernité et de vintage, et toutes les choses un peu folles.
Oui. Il mixe différents styles et arrive à styliser les choses, à aller loin dans l’esthétique. Je trouve que c’est vraiment cool de remixer toutes ces choses et de les mettre ensuite au sein d’un même film. La dernière fois que j’étais à Milan, je suis allé à la Fondazione Prada. A l’intérieur, il y a un café dans le style milanais des années 60 et tout est magnifique à l’intérieur ; il y a une très belle machine à café, tous les serveurs portent des chemises blanches et il y a même des flippers. J’étais là à me dire que cet endroit était vraiment trop cool, et plus tard j’ai appris que le café avait été conçu par Wes Anderson et je me suis dit « C’est pour ça que je l’adore ».
.
> Nous avons une dernière question pour toi. Que penses-tu du retour de cette mode vintage ?
Je pense qu’il y aura toujours un style, des gens qui voudront que tout le monde porte ce qu’ils aiment ; comme ceux qui s’habillent dans le style des années 20, ou des années 40, ou dans le style pin-up. Je pense que le vintage devient de plus en plus populaire depuis six ou sept ans, et que ça continue. Je crois que les gens ont beaucoup aimé quand Gatsby le Magnifique, le film de Baz Luhrmann est sorti. Partout, on peut voir des gens habillés comme à une certaine période, ce qui est super. Par contre, ça fait un peu bizarre de voir des gens habillés comme dans les années 90, parce que je me dis « Les années 90 ? Je m’habillais comme ça ! ». Du coup c’est drôle. Mais je suis très content que les styles des années 20, 40 ou 50 soient encore à la mode parce que ça veut dire que les gens ont encore envie de s’habiller comme ça et de venir à un spectacle du Postmodern Jukebox. Parce que c’est ça aussi un spectacle du PMJ, c’est bien plus qu’un simple concert. Les fans sont habillés avec de magnifiques costumes et ils dansent. Parfois, des danseurs de claquettes viennent même voir nos danseurs après un show, et font une jam session ensemble. C’est génial de voir tous ces gens, et ces hommes avec des moustaches complètement folles, ou ces femmes avec ces grosses boucles. C’est incroyable !
.
> Merci d’avoir pris le temps de discuter avec nous, Adam !
.
www.facebook.com/postmodernjukebox
postmodernjukebox.com