Le Printemps de Bourges 2017 a également été l’occasion d’échanger avec la prometteuse Blondino ! Petite plongée dans son univers singulier…
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> En ce moment il y a beaucoup d’artistes féminines qui émergent dans la pop, est-ce que c’est quelque chose que tu as remarqué ?
Oui, on a comme la sensation qu’il y a une nouvelle scène féminine qu’on voit émerger depuis quelques mois. Et je trouve ça hyper intéressant. En plus on fait toutes des choses complètement différentes, en tout cas au niveau de ce que j’écoute. Oui, c’est quelque chose qui est palpable.
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> Ton album est sorti il n’y a pas longtemps. Comment s’est passé le travail de composition ?
C’est un album qui représente le fruit de mes expériences de ces dernières années et j’y travaille depuis trois/quatre ans. Ça s’est intensifié cette dernière année, surtout après la sortie de l’EP et je l’ai vraiment terminé l’année dernière.
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> Pour composer, tu t’inspires beaucoup de films, de littérature, des arts en général…
Oui, c’est vrai. J’aime les personnages forts, qu’on peut justement retrouver dans la littérature, dans les films. Ça me nourrit et ça me donne de la matière pour écrire, pour composer, pour réfléchir. Mes chansons questionnent mon rapport à la musique, au cinéma, à l’art en général…
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> Et justement, quels sont les personnages forts qui t’inspirent ?
Il y a eu Sylvia Plath. J’ai quand même fait une chanson qui porte son prénom. J’ai découvert son œuvre assez récemment, je pense que c’était en 2014. J’avais lu un livre de Lydie Salvayre, qui s’appelle 7 femmes et qui parle des écrivains qui l’avaient inspirée dont Sylvia Plath et dans une émission de radio, elle a lu un poème qui s’appelle Dame Lazare et moi j’ai tout de suite était interpelée par ce poème. J’ai eu envie de me plonger dans l’œuvre de Sylvia Plath et j’ai lu le recueil Ariel, dont est issu ce poème, et, entre autres, La Cloche de détresse, son roman, dans lequel elle parle de sa première dépression et de son passage en hôpital psychiatrique et ça m’a inspiré la chanson Sylvia. Ensuite, la chanson Oslo qui était aussi sur mon EP est une référence au film Oslo 31 août parce que j’ai également trouvé le personnage très touchant, sa quête, ses espoirs, ses questionnements… Il m’a vraiment habité pendant plusieurs jours. J’ai eu besoin de revoir des passages du film et j’ai surtout eu besoin de faire une chanson. Ces histoires je les porte et ensuite j’ai besoin d’en faire quelque chose.
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> Ce sont des histoires dans lesquelles tout le monde peut se retrouver…
J’ai l’impression que c’est plutôt universel oui.
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> Tu as travaillé avec la photographe Diane Sagnier, qui fait partie de Camp Claude, est-ce que vous avez prévu de faire une collaboration musicale ?
Oui, on a travaillé ensemble sur les photos de presse. Pour le moment nous n’avons pas prévu de collaboration musicale, mais pourquoi pas, en plus je l’aime beaucoup, elle est vraiment super, fraiche, drôle… Et c’est en ayant vu ses photos pour Camp Claude que j’ai eu envie de travailler avec elle, parce que je les trouvais assez lumineuses.
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> En photo, tu as un univers visuel qui est assez marqué, avec le choix de la couleur bleue. Est-ce que tu penses que c’est important, maintenant, d’avoir une image, un visuel, autour de la musique ?
Oui, j’ai l’impression que c’est le prolongement de la musique et que ça permet de créer une identité. Ça fait partie intégrante du projet. Pour moi l’image c’est quelque chose que j’aime. Dans tous les cas c’était important pour moi, que ce soient les photos, les clips… Je travaille avec des gens mais c’est très collaboratif. Ce n’est pas juste quelque chose qu’on m’impose, tout est travaillé, tout est recherché.
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> En parlant des clips, nous avons vu qu’il y en avait plusieurs : Les lumières de la ville, Jamais sans la nuit… qui ont été signés par R&D, comment se passe le travail avec eux, autour des clips ?
On a commencé à faire un premier clip qui était L’amour n’est-il, sur l’EP. Moi je ne les connaissais pas donc ils ont été sollicités et ils m’ont envoyé cette idée et j’ai tout de suite accroché parce que je trouvais que le concept était fort et ensuite, de là, est née une amitié. On s’entend vraiment très bien et on a eu envie de prolonger cette première expérience, parce que je pense qu’il se passe quelque chose dans notre travail. Je trouve qu’artistiquement on arrive à quelque chose d’assez fort et de très personnel. Je pense que c’est leur point fort. Ils ont des idées, des concepts très précis mais ils arrivent vraiment à les adapter à l’artiste, à ce qu’il est, à ce qu’il dégage, à sa personnalité.
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> Et travailler avec eux ça permet aussi d’assurer une continuité…
Oui, du coup c’est très cohérent. Pourtant les clips ne se ressemblent pas du tout, ils sont assez différents. Mais il y a une identité.
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> Est-ce que vous avez prévu de refaire un autre clip ?
On aimerait bien. Pour l’instant ce n’est pas prévu, mais je pense qu’il y en aura d’autres avec eux.
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> Pour le moment tu te focalises plutôt sur la tournée ?
Exactement.
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> As-tu des festivals prévus cet été ?
Pour l’instant ce ne sont que des options, je ne peux pas trop les annoncer. Je suis obligée d’attendre patiemment. Je peux juste annoncer les Francofolies de Montréal, qui sont confirmées et ça c’est super.
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> Tu es déjà allée jouer à Montréal ?
Pas du tout. Je suis justement très contente d’y aller pour la première fois, pour découvrir le lieu, les gens…
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> Est-ce que la découverte de nouveaux lieux est quelque chose qui t’inspire également ?
Oui, généralement ça inspire toujours. Pour cet album, juste avant d’entrer dans la phase d’écriture, j’avais fait un voyage de quatre semaines à Los Angeles, et ça m’a vraiment inspiré. Les morceaux Les lumières de la ville et Icône viennent de là. Puis après ça génère d’autres choses, même longtemps après, comme des images, des discussions… ça reste.
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> Est-ce que là, à Bourges, tu as le temps de te balader dans la ville ?
Non, là je n’ai pas le temps du tout. Et je ne pense pas découvrir l’atmosphère de cette ville.
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> Est-ce qu’il y a des pays dans lesquels tu aimerais beaucoup jouer ?
Partout. Si on m’invite pour jouer j’y vais. Aller jouer en Angleterre ce serait super cool. On verra…
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> Concernant ta carrière, tu as pris un pseudonyme parce que tu avais besoin de mettre une barrière, de la distance…
Oui, c’est un artifice dont j’ai eu besoin pour me défaire de celle que je suis au quotidien, pour entrer dans la peau d’un personnage même si c’est moi, je ne triche pas dans mes chansons, mais ça permet peut-être un certain dépassement de soi. Moi j’ai eu besoin de ça.
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> Et comment ça se passe avec le public ? Quel est ton rapport au public pendant les concerts ? Après les concerts est-ce que tu parles avec les gens ?
Généralement pendant les concerts je ne parle pas beaucoup. Je ne peux pas dire que je suis la plus bavarde sur scène. En revanche après les concerts, souvent, oui, je discute avec des gens, quand ils viennent me voir. D’ailleurs, je suis très contente d’échanger avec eux, je n’ai aucun problème avec ça.
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> Tu as signé avec le label Tomboy Lab, qui te laisse pas mal de liberté artistique, ce qui n’est pas toujours le cas avec les labels… Qu’en penses-tu ?
Complètement. C’est vrai. J’ai un contrat d’artiste mais c’est comme si j’étais en licence. J’apporte mon album, je fais écouter, je demande des avis, mais tous les choix me reviennent. C’est une grande chance de pouvoir être libre, surtout pour un premier album et de pouvoir présenter un album qu’on a envie de présenter, avec les moyens qu’on a.
Merci Blondino ! Rendez-vous les 16 et 17 juin aux Francofolies de Montréal !