Cela fait quelques jours maintenant que le nouvel album de La Maison Tellier est sorti… L’occasion d’avoir une petite discussion avec le groupe !
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1) Sorti le 22 mars, Primitifs Modernes était un album très attendu. Vous êtes satisfaits des premiers retours ?
Totalement satisfaits. Bien sûr, on cherche toujours plus d’amour et de reconnaissance, c’est un métier qui appelle ça je pense, mais les retours publics et critiques nous prouvent que nous avons eu raison de partir dans la direction choisie pour cet album.
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2) C’est votre 6ème album, où avez-vous été chercher l’inspiration ? Comment réussissez-vous à renouveler cette inspiration ?
Le monde, nos vies et celles des autres sont une source inépuisable d’inspiration. Les histoires sont là, partout, il n’y a qu’à choisir l’endroit où on pose la caméra, et raconter les histoires à sa manière.
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3) La Maison Tellier c’est 5 musiciens. Comment se passe le processus de création au sein du groupe ? Qui a le dernier mot ?
Nous apportons des guitare-voix, Raoul et moi, déjà bien structurées, et assez proches de la version finale. Le reste, c’est de la cuisine interne, on transpire tous les 5 sur les morceaux histoire de définir les arrangements. Une fois tous les 5 d’accord globalement, la voix du réalisateur au moment du recording peut trancher certains débats.
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4) La tournée a également débuté. La scène, c’est un plaisir pour vous ? Comment se sont passées les premières dates de concerts pour ce nouvel album ?
Nous étions très impatients de reprendre la route et de tester les nouveaux titres sur scène, dans un nouvel emballage lumières et son. Les premières dates ont été un vrai plaisir : retrouver la route, les applaudissements, le partage, tout cela est très prometteur.
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5) Vous êtes plutôt scène ou studio ?
Les deux ! Ce sont deux plaisirs totalement différents, mais très complémentaires. D’un côté le travail dans le calme du studio, à l’abri des regards extérieurs, dans une ambiance très studieuse, pourrait on dire, de l’autre l’urgence et la spontanéité de la scène, en pleine lumière, dans une ambiance débridée. L’un ne va pas sans l’autre, on ne pourrait pas ne se contenter que d’un seul des deux…
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6) Vous avez collaboré avec une compagnie de danse pour créer un spectacle. Vous pouvez nous en dire plus sur cette collaboration ? D’où est venue l’idée ?
Au départ c’est une rencontre avec un des chorégraphes de la compagnie. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux terrains de jeu, de nouvelles façons de travailler. Écrire de la musique hors format « chanson », c’était assez nouveau et très excitant. Les contraintes ne sont pas les mêmes, on peut se permettre plus d’audaces instrumentales, harmoniques, etc… C’est l’occasion d’exploiter d’autres types de compositions qu’on imaginerait pas du tout sous forme de chansons. C’est donc très enrichissant et puis c’est reposant, aussi, nous sommes là pour accompagner la danse, les danseurs sont dans la lumière, nous plus dans l’ombre que pour un show LMT, c’est moins engageant, et ça peut avoir son charme.
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7) Vous avez aussi collaboré sur un concert littéraire avec Marina Hands. Comment avez vous eu cette idée également ?
C’est parti d’une proposition de la Maison de la Poésie, qui organise pas mal de « concerts lecture ». On a commencé à réfléchir à un spectacle autour de quelques chansons de Beauté pour Tous. Nous voulions travailler avec une comédienne, nous avons rencontré Marina et ça a tout de suite bien marché. Là aussi une expérience très enrichissante, qui a nourri la conception de Primitifs Modernes, en quelque sorte.
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8) Que vous ont apporté ces expériences ? Vous le referiez ? D’autres types de collaboration vous tenteraient ?
Bien sûr ! C’est comme ça qu’on avance et qu’on évite de retomber dans nos vieilles habitudes, c’est un excellent moyen de renouveler notre pratique de la musique, notre façon d’écrire et de composer. Et puisque nous produisons beaucoup plus de matériel que la Maison Tellier ne peut en absorber, autant que ça serve à d’autres ! Nous sommes d’ailleurs en train de travailler sur la musique d’une pièce de théâtre, encore une nouvelle expérience !
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9) Chinatown est un titre qui place l’humain au centre et qui parle d’histoires de couples qui peuvent parler à beaucoup de monde. Est-ce important pour vous de parler d’histoires réelles ? De faire en sorte que les gens puissent s’identifier à vos propos ?
Écrire une chanson, et de manière générale, produire une ouvre d’art, quelle qu’elle soit, participe pour moi du même mouvement : il s’agit d’établir des ponts avec nous frères humains. Sans forcément les connaître, peu importe. Les histoires que je raconte essaient de tendre vers cette universalité, afin que les auditeurs puissent se dire « mais oui, ce sentiment je le connais, cette histoire je l’ai vécue. » Ça réchauffe le cœur, dans cette froide immensité !
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10) La guitare est très présente dans cet album. Il y a un petit côté rock bien sympathique. Est-ce un choix réfléchi ? Une nouvelle envie ?
Oui, on voulait un son plus brut, plus direct, sûrement plus « rock ». N’oublions pas qu’au départ, nous sommes un groupe à guitares, la plupart de nos chansons sont composées sur des guitares. Elles ont toujours été présentes, voire très présentes. Cela va même sembler paradoxal, mais il y a moins de guitare sur Primitifs Modernes que sur nos albums précédents, en revanche elles sont plus mises en avant, peut être plus « scénarisées » qu’avant.
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11) On parlait de concert littéraire juste au dessus, alors petite question plaisir : que lisez-vous en ce moment ? Un conseil lecture à nous donner ?
Je lis moins de romans, plus de biographies (« Sur la route de Janis Joplin ») et de philosophie. Je remonte le fil en partant des écrits de Clément Rosset, disparu récemment. Ça m’amène à Nietzsche, puis Spinoza, Montaigne, des philosophes du réel quoi, et là je suis arrivé à Lucrèce. « De la Nature ». Livre indispensable.
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Un grand merci à La Maison Tellier d’avoir accepté de répondre à nos questions !
www.facebook.com/lamaisontellier
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