HomeChroniquesMashrou’ Leila : un puissant et organique quatrième album

Mashrou’ Leila : un puissant et organique quatrième album

Mashrou' Leila

Rares sont les artistes orientaux à parvenir à traverser les frontières de l’Europe pour y faire leurs preuves. Les libanais de Mashrou’ Leila semblent pourtant y être parvenus et prouvent avec la récente sortie de leur quatrième album studio qu’ils mériteraient de gagner encore en visibilité. Lumières sur ce nouvel opus à l’impressionnante force musicale.

Prés de huit ans après leurs débuts, les cinq membres ont continué à mûrir, et leur musique aussi. Si la formation, bien que fortement influencée par la culture artistique de son pays, a toujours eu la volonté de réinventer la pop-rock alternative arabe, elle élargit ici son champ musical. Ibn El Leil se voit marqué par l’ajout de sonorités électroniques qui se marient étonnement bien aux notes orientales, comme sur Ashabi ou 3 minutes, premier single de l’album. L’intégration de ces sons modernes n’efface pas pour autant la ligne instrumentale orchestrale du groupe ; violons, cuivres, percussions et voix – cette dernière étant modulée comme un véritable instrument – sont encore au rendez-vous et s’allient avec puissance dans des spirales musicales emportantes. S’ouvrant sur Aoede et sa première partie instrumentale à l’aspect très cinématographique, le groupe prouve sans plus attendre sa maîtrise musicale et nous transporte dans son univers bien singulier. Commence alors prés d’une heure de sensations, d’envolées au violon [Icarus, Asnam (Idols)], de quelques douceurs au piano [Asnam (Idols)], et de cuivres chargés d’émotions comme sur le funeste Maghawir.

Si la véritable force de l’album repose sur la maîtrise musicale de la formation qui se permet ainsi une pause instrumentale sur Sadalsuud, il ne faut pas pour autant sous-estimer la force des mots. Une fois encore, Mashrou’ Leila fait preuve d’audace et de clairvoyance en dressant le portrait souvent critique de la société. Défendant l’homosexualité [Tayf (Ghost)], pointant du doigt les violences nocturnes beyrouthines (Maghawir) et les idoles médiatiques suivies aveuglément par les foules [Asnam (Idols)], les morceaux dépeignent cette jeunesse libanaise déchirée, à qui l’on coupe tous moyens (Icarus) et qui se réfugie dans l’artificialité des fêtes pour fuir la réalité (Djin). Ibn El Leil, dont la traduction signifie « Fils de la nuit », est aussi une ode à la nuit qui enveloppe et à ses ambiances qui font oublier. L’album se termine avec le magistral Marrikh et les déchirantes lamentations d’Hamed Sinno accentuées par les vibrations du violon. Véritable appel à se (re)lever, ce titre clôt l’opus avec une puissance débordante. On en frissonne encore.

Ibn El Leil marque une étape plus que réussie pour Mashrou’ Leila qui prouve ici toute l’étendue de son talent musical. Une pépite à ne surtout pas rater !

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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