Avant leur concert aux Rockomotives de Vendôme, nous avons pu discuter avec les Bordelais Mars Red Sky venus présenter leur dernier album en date, The Task Eternal. C’était notamment l’occasion de découvrir un peu plus leur univers et leur vision de la musique.
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> Merci de nous accorder un peu de temps avant votre concert. Comment allez-vous ?
Matgaz : Bien ! On a commencé à chauffer un petit peu depuis la sortie de l’album le 25 septembre. Mais là, c’est la première date d’une série de trois bonnes semaines de concerts, jusqu’au 21 novembre. Donc on a l’air encore à peu près frais là… enfin j’espère parce que c’est la première date de la reprise ! (rires) On en rediscutera dans un mois !
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> Pour cet album, vous avez composé chaque morceau en fonction de celui qui le précède. Donc, comment on prépare le live quand les titres d’un album sont autant unis ?
Matgaz : C’est une bonne question. Plus ça avance, plus ça devient compliqué parce qu’il y a un plus grand répertoire. Donc il faut choisir parce que le temps de scène, malheureusement, est toujours le même ; entre 45 minutes pour ce soir et 1h15/1h20 quand on est en tête d’affiche. Ce qui est déjà pas mal parce que, avec notre musique, c’est dur de tenir pendant 1h45… à part en Allemagne ! Donc on est obligés de faire des choix. Là on a pris le parti de jouer pas mal de nouveaux morceaux parce qu’ils se prêtent bien à la scène. Il y en a même certains qu’on a joués avant l’enregistrement, et on voyait que ça répondait bien. Il y en a aussi quelques-uns qui sont un poil moins longs, qui font cinq minutes ce qui est court pour nous, donc c’est chouette. Et on a développé un truc depuis le troisième album ; si on faisait de la variété, on dirait qu’on fait des pots pourris. Ça peut paraître dingue comme ça, mais on voit ça d’un côté un peu plus artistique en imaginant qu’on fait des tableaux avec des ingrédients de chacun de nos morceaux. Concrètement, ça arrive qu’on ait l’intro d’un morceau, et après ça repart sur un autre, puis tu retrouves la fin du morceau de l’intro. Ça fait sens au final.
Jimmy : C’est le côté progressif du groupe qui permet ça. Est-ce que vous avez vu l’épisode HumancentiPad de South Park où ils se cousent la bouche sur l’anus ? Dans l’idée il y a quelque chose de similaire, avec ces trois mis à la suite ! (rires)
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> Donc les morceaux de The Task Eternal, vous les avez d’abord pensés pour la scène ou pour l’album ?
Matgaz : Ils ont été composés en vue de l’album ; on pensait vraiment à ça. Et des fois, comme pour Apex III, il y a des morceaux qu’on ne joue finalement jamais sur scène. Je ne sais pas comment dire… Il y a des morceaux qui sont évidents et qui vont s’affirmer d’eux-mêmes, comme Crazy Hearth qui a sonné bien dès le début et qui est facile à jouer ; alors que tu as des morceaux qui sont un peu plus durs à prendre en main, qui demandent plus de temps. C’est la sélection naturelle : c’est triste mais c’est comme ça. Il y a des morceaux qui passent plus ou moins à la trappe dès le début. Mais là, sur cet album, il y a beaucoup de morceaux forts.
Julien : C’est vrai, mais d’une certaine façon, ça part toujours du live : vu qu’on enregistre les bases guitare/basse/batterie, c’est potentiellement jouable en live. Il y a des fois des interludes ou des instrumentaux acoustiques qu’on sait qu’on ne fera pas en concert. Après, une fois passés en studio, ils subissent parfois une sorte de traitement ; pour certains on va rajouter des arrangements qui vont avoir une grande importance et qui vont dévier l’ensemble du morceau, et ceux-là vont être plus durs à se réapproprier.
Matgaz : Les années 2000, c’est ça : réapprendre à jouer tes propres morceaux quand tu sors du studio.
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> C’est vrai que vous avez aussi des morceaux instrumentaux. Vous n’avez jamais fait de concerts exclusivement instrumentaux ?
Julien : Si, pour la sortie du deuxième album en 2014 on avait fait un double concert. La première partie, c’était une création conçue avec une amie qui fait de la musique acousmatique, comme du field recording ; c’est des sons qu’elle dispatche sur une dizaine d’enceintes partout dans la pièce. Donc elle envoyait ça, et nous on avait composé un truc ensemble et c’était surtout de l’instrumental. Il y a certains éléments qu’on a repris un petit peu, jusqu’à cet album. Ça durait 35/40 minutes.
Matgaz : En tout cas, c’est des idées qu’on a. Comme vous le dites, même si le chant de Julien est vraiment important et il n’y a pas de doute là-dessus, on a aussi des longues plages instrumentales. Donc ce n’est pas impossible qu’on fasse, un jour, un concert instrumental. C’est une face qui nous intéresse aussi.
Jimmy : On espère aussi se faire inviter pour un ciné-concert un de ces quatre.
Julien : Oui, ça, ça serait cool ! Ça nous collerait super bien !
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> Il y a des films qui vous tenteraient ?
Jimmy : Oui, en général, plutôt des films muets donc des vieux films, et un qui n’aurait pas déjà été utilisé. Il y a certains trucs en anticipation qui pourraient être sympas.
Julien : Il y avait Metropolis, mais je crois qu’il a déjà été fait…
Jimmy : Sur le net, il y a des bases avec des référencements incroyables de films. Il faut vraiment qu’on voit ça ensemble.
Julien : Il y a un truc qui avait été fait et apparemment c’était énorme sur un film de Jacques-Yves Cousteau.
Jimmy : Ah ce fameux film qui a reçu un Oscar, où ils sont sur des tortues et ils les fouettent, et après ils tuent les requins ! Ça s’appelle Le Monde du Silence.
Julien : Ils traitent horriblement les animaux mais à l’époque, on ne s’en rendait pas compte. Quand il est sorti, tout le monde est passé à côté de l’aspect cruel… Ils étaient juste éberlués de voir un mec et son équipe aller dans l’océan.
Jimmy : Oui c’était une autre époque, et puis Cousteau il était vraiment là pour faire de l’entertainment à l’américaine. Tout de suite il a trouvé des crédits là-bas parce que, ce qu’il cherchait, c’était que les requins aillent mordre les cages en inox. Alors qu’après on a appris qu’il ne fallait surtout pas faire ça car ça crée un champ magnétique qui les excite. Mais les plongeurs, pour la plupart, ce sont des héroïnomanes et des repris de justice. Certains, et ça se voit, étaient connus pour être des mercenaires. Et avec un ciné-concert il y a moyen de montrer complètement autre chose. C’est à pleurer tellement c’est triste. C’est ça qu’on aimerait bien faire, mais bon, ça a déjà été fait.
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> Oui mais l’avantage d’un ciné-concert, c’est qu’en reprenant le même film, on peut faire une musique totalement différente.
Jimmy : Oui, on pourrait essayer de réhabiliter le film que personne n’aime pour montrer toute l’humanité de ce film. Ok, comme ça, on ne dirait pas ! (rires) Mais si tu regardes bien, ces gars ont eu une vie difficile, bien souvent ils ont été placés pendant leur enfance, ils ont fait des conneries, ils ont été en taule, et après ils ont risqué leur vie pour plonger. Et à l’époque, ils ne savaient pas qu’ils risquaient de se faire attaquer par des requins. Donc, à un moment donné, ils se sont dit que c’était eux ou le requin.
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> Pour en revenir à l’album, il y a quelque chose qui nous a frappées en lisant des avis et des chroniques dessus. Tout le monde avait l’air plutôt unanime pour dire que The Task Eternal est un excellent album, peut-être même votre meilleur disque, mais beaucoup soulignent qu’il n’y a malheureusement pas de gros changements dans votre musique. Comme si d’un album à un autre, il fallait changer du tout au tout…
Julien : C’est pour ça que nous, on change un tout petit peu !
Matgaz : Je vois bien ce que vous voulez dire, vous avez raison… Il y a toujours ce dilemme de garder les fans du début qui voudraient que tu fasses toujours le même truc. Mais il faut aussi voir que la musique évolue car à quoi bon faire un nouvel album si c’est pour proposer le même truc ?
Jimmy : Oui, mais au-delà de ça, un groupe c’est une identité. Donc il ne faut pas trahir le groupe, sinon il faut arrêter le groupe et changer de nom. Il faut faire cohabiter les deux.
Matgaz : Oui mais dans ce cas-là, tu n’es pas obligé de sortir un album si c’est pour dire exactement la même chose.
Jimmy : Justement, il faut juste respecter. Et respecter, c’est ce qu’on fait : on respecte les fondations, les fondements, et on essaye de se renouveler aussi.
Matgaz : C’est ce que je dis à chaque fois, la motivation de faire un nouvel album, c’est d’avancer un petit peu le truc et de pousser la prochaine porte. En tout cas, moi je vois ça comme ça. Sinon après, tu rentres dans le truc où tu fais de la musique plus folklorique et tu regardes en arrière, les photos en noir et blanc. Ça c’est un autre délire, ce n’est pas le nôtre. Après il y a des groupes que j’adore et qui font toujours le même album, comme AC/DC. C’est un super groupe mais je pense que ces mecs-là, ils font des albums juste pour pouvoir être sur scène.
Julien : Mais je pense que c’est une bonne chose. Ce qui ressort de ces impressions, c’est qu’on a un truc reconnaissable. On ne va pas chasser le naturel et virer complètement de bord.
Jimmy : Et puis il y a beaucoup de gens qui disent qu’on a une certaine originalité donc ça serait dommage de ne pas continuer à la cultiver pour aller vers un truc complètement expérimental ou une musique savante. On a un truc entre-deux et c’est vachement bien, on essaye de garder cet équilibre, tout en se renouvelant pour ne pas faire la même chose. Mais même si on le voulait, je pense qu’on ne serait pas capable de refaire exactement la même chose ; on ne pourrait pas refaire le premier album. Ce qu’on essaye surtout, c’est de se challenger. Comme on écoute des choses différentes, on essaye de cohabiter ensemble et de faire en sorte que chacun soit content. Et là, on l’a encore vu, c’est magistral ; c’était hyper intense, mais on y arrive très bien. C’est le challenge humain qu’il y a derrière ça, et c’est aussi le nom de l’album. On en a chié, mais on est super contents de ce qui sort. Après, bien entendu, il y a toujours des moments de doute. Mais moi je suis content de ça, parce que ça veut dire que ça nous implique beaucoup, qu’on est très concernés, qu’on prend ça à cœur. Des fois, il y a des débats et on s’engueule, et au milieu de ça il y a le mec qui enregistre ! (rires) Heureusement, on a trouvé un mec qui est très très compétent, qui a de super bonnes idées, et qui est aussi humainement à l’écoute. Il est un peu psychologue, il sait faire avec nos personnalités. Quoiqu’on aime bien aussi l’inverse des fois… Les deux albums qu’on a faits avec le Brésilien, c’était un peu « fais-ça, fais-ça » et ça allait aussi. Moi j’étais un peu frustré par moments, mais bon… Enfin, tout ça pour dire qu’on met tous du cœur à l’ouvrage, un peu comme la chanson de Jean-Jacques Goldman.
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> Vous gardez une certaine liberté par rapport à tout ça. On a l’impression que dans les milieux rock/hard-rock/métal/stoner, il y a moins d’emprise des labels et autres pour façonner la musique et l’image des groupes. Est-ce qu’on se trompe ?
Jimmy : Dans mon boulot je bosse avec pas mal de maisons de disque et de labels depuis une vingtaine d’années. Je pense qu’aujourd’hui, dans n’importe quel style de musique, il n’y a plus un seul label qui va véritablement façonner un artiste. Ça se fait différemment. Ce qu’il reste des majors ou de leurs filiales, ces machines à fric, ne vont plus te taper dans l’épaule en te disant « Ah coco, faudrait faire ça » ; ils vont juste se dire qu’ils ne vont pas te suivre car l’identité ne leur convient pas, que ça ne pourra pas aller où ils veulent, que ça va être un peu plus souterrain. Mais je pense qu’il y a un marché qui va soulever d’autres problématiques. Par exemple, si un groupe n’est pas bon pour gérer ses réseaux sociaux, il ne va pas avoir une seule chance de travailler avec des partenaires. Beaucoup vont se dire que s’il ne sait même pas faire ça, on ne va pas l’écouter. Ce qui est pire, quelque part, que de dire qu’on va façonner l’artistique parce qu’il y a une belle voix. Et c’est là où je vous rejoins, et que vous avez raison : cette problématique-là du façonnage, qui à mon avis est nouvelle, c’est vrai qu’on l’a beaucoup moins dans notre genre de musique. C’est beaucoup plus libre, on a affaire à des gens qui sont beaucoup plus passionnés, qui achètent plus de merch’. La musique est encore vachement au centre, plus que la façon de s’habiller ou telle image qu’il faut faire.
Matgaz : Après c’est pareil, dans chaque style il y a toujours des codes. Et le jeu est de respecter ces codes tout en les poussant un peu plus loin. Pour un groupe de métal classique, les gens vont chercher à retrouver leurs marques mais ils vont aussi chercher quelque chose d’autre qui puisse sortir un petit peu du lot. C’est la tâche éternelle.
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> C’est vrai que le problème des réseaux sociaux aujourd’hui est que bien souvent l’aspect visuel passe avant la musique. Quelle place accordez-vous au visuel ?
Matgaz : Pour ce qui est du visuel des albums, on accorde beaucoup d’importance.
Jimmy : On a cette réputation d’ailleurs. On a beaucoup d’illustrateurs qui viennent vers nous parce qu’ils aiment l’imagerie du groupe. Et du coup, ça nous donne beaucoup de chance car ça fait effet boule de neige ; on a plein de gens qui demandent à travailler avec nous, ce qui facilite vachement le fait de continuer à travailler le visuel. On est assez exigeant sur ça. Et après, il y a des « codes » aussi. Je te donne un exemple, sur la dernière pochette d’album il y a le nom de l’album dessus, alors qu’il n’y est pas sur les autres albums. « C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup » ! (rires)
Matgaz : Par contre, un cherche toujours un styliste…
Jimmy : Oui, parce que pour l’habillage, on n’est vraiment pas bons… Donc si vous avez des amis stylistes qui ont des fringues à envoyer ! (rires)
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> Vous avez votre propre label. Est-ce que vous l’avez créé dans cette optique d’avoir plus de libertés pour travailler avec qui vous voulez, ou était-ce pour soutenir d’autres artistes via ce label ?
Jimmy : Au départ, c’était pour une question pratique, tout simplement pour pouvoir sortir notre premier album en vinyle. Notre label du début nous avait dit « Vous comprenez, nous aussi on adore les vinyles, mais on va en presser 500 et après faut les garder, donc faudra de la place… ». Donc, on s’est dit que ce n’était pas grave et qu’on allait le faire nous-mêmes. Et en pré-commande, on avait déjà vendu les 500 vinyles. Ça a été pour nous une super opportunité au final, donc merci beaucoup à Laurent Agnoux d’Emergence qui nous a aidés à sortir le premier disque ! Merci Laurent, où que tu sois, parce qu’il a disparu avec sa moto. Mais il y a des gens qui le cherchent, donc Laurent reste un peu caché quand même ! (rires) Mais nous, on le remercie vraiment parce qu’il nous a permis de sortir notre premier disque en CD, et il nous a surtout permis, en refusant de faire le vinyle, de monter notre propre label. On y a pris goût et, aujourd’hui, on organise des concerts à Bordeaux de groupes qu’on aime bien. Mais c’est vraiment à très petite échelle, une espèce de mensuel dédié aux musiques un peu extrêmes, psyché, métal, stoner. C’est vraiment quelque chose qui est arrivé par accident, mais comme beaucoup de choses au final. Quand on a commencé le groupe, c’était à 100% récréatif et maintenant, même si j’espère que c’est toujours la récréation et qu’on s’amuse encore, on est pro. J’ai un boulot à côté, mais je suis aussi pro dans ce groupe, et ce n’était pas du tout l’idée de départ. L’idée de départ, c’était vraiment le voyage. Il y avait une idée forte derrière et je pense que c’est ça qui a servi le projet. Ce n’était pas « tiens, on va faire comme ça parce qu’en ce moment c’est ça qui marche ». Et j’ose espérer qu’on n’est pas les seuls à penser comme ça. Les gens qui se réveillent en se disant « Je vais faire un projet comme ça parce que c’est le son à la mode » sont en retard en général parce que, le temps qu’ils trouvent d’autres mecs pour jouer avec eux, c’est déjà fini ! Nous on a eu de la chance, parce qu’on est arrivés en même temps qu’une sorte de revival stoner. Vous connaissez JC Satan ? C’est un groupe de Bordeaux et il y a Arthur, qui est un peu au centre de ce groupe et qui est un super gars avec des tatouages partout. Il est venu à notre deuxième concert, et il nous a dit que c’était super. Il nous a parlé de Kyuss et nous on ne connaissait pas, alors que c’est une référence dans le stoner ! Je n’avais jamais entendu ce nom de ma vie. On écoutait certains trucs, mais là on a vraiment découvert cette famille. Et ça d’ailleurs ça nous a beaucoup servi : ce côté famille, niche. On est arrivés pile-poil, fin 90, début 2000, au moment où il y a eu ce revival en Allemagne et tout. C’est comme ça qu’on nous a aussi très vite contactés pour jouer à l’étranger. Et on s’est débrouillés pour y aller et ça a vachement plu, surtout la voix de Julien qui crée un contraste très fort dans la musique. C’est ce que les gens ont relevé en se disant « tiens c’est bizarre, ça sonne comme ce qu’on aime, mais c’est un peu différent ». Ce côté très fragile du chant et de la personnalité de Julien, et ce côté très lourd de la basse-batterie. Et ça faut le garder, il ne faut pas le changer. Il y a un morceau dans cet album que j’aime bien où Julien se met à gueuler, c’est The Proving Grounds, et moi je trouve ça cool.
Julien : Enfin, ça ne fait pas énormément de bruit quand je gueule, ça ne fait pas trembler les murs… (rires)
Jimmy : Non mais il y a un phrasé différent que j’aime beaucoup ! Mais ce n’est pas le bon exemple, parce que pour le coup c’est le changement qui me plaît… (rires) Mais c’est vrai que ça me fait plaisir quand ça gueule un peu. Enfin voilà, ce son un peu particulier, c’est vraiment ce qui nous a permis d’être repérés au départ, ainsi que le fait qu’on était complètement novices. En fait, on s’est retrouvés un peu par hasard dans ce bordel.
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> Avec Mars Red Sky vous voyagez beaucoup ; vous avec notamment joué aux Etats-Unis où ce type de musique est assez répandu, comme en Allemagne. Mais est-ce que, à l’inverse, vous avez joué dans des pays qui n’ont pas une grosse culture rock, stoner ?
Matgaz : Déjà en France, ce n’est pas courant.
Jimmy : Peut-être un peu plus maintenant, non ?
Matgaz : Oui mais je crois que ça reste toujours un peu à part ce pays, cette façon de voir la musique et le rock surtout. Même si, on est toujours contents de jouer en France. Mais cette tournée nous conduit un peu plus en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Hollande.
Julien : En Allemagne par exemple, il y a un peu moins de distinction entre ce qui est souterrain et ce qui est mainstream.
Matgaz : Après, où que ce soit, il y a toujours des cultures alternatives. Comme dit Julien, parfois la limite est un peu plus floue parce que la culture alternative s’est tellement développée qu’elle est devenue plus importante. Mais partout où on va, quelque soit le pays, on joue toujours en passant par des réseaux de niche, par des passionnés. Quand on a joué au Brésil, ce n’était pas en passant par une grosse structure. C’est un mec qui a acheté notre album, qui a eu envie de faire venir notre groupe, et qui a monté sa propre boîte.
Jimmy : C’est un avocat donc il avait des facilités financières, ce n’est pas n’importe qui.
Matgaz : Oui mais à l’époque il avait moins de vingt-cinq ans ce gars-là. C’est un mec qui a fait du DIY. Il voulait faire des choses, et il les a faites.
Jimmy : En Amérique du Sud, il y a une très grosse présence de la musique. Il y a quelques groupes très connus, comme Soulfly dans le métal, quelques têtes d’affiche qui ont tourné à l’étranger. Mais il y a encore un très grand fossé entre les grosses productions des tournées internationales, comme Iron Maiden qui fait un concert événement où il y aura 100 000 personnes mais les places restent hyper chères et les mecs doivent vendre leur rein pour y aller, et les gars qui jouent dans les cafés. Les gars comme celui qui nous a accueillis, ils sont là pour faire bouger les lignes et aller faire des concerts dans des clubs mieux sonorisés, plus pro, pour des groupes qui ne sont pas forcément connus. Nous on connaît via les SMAC en France, on se gave de ça depuis 25 ans ; comme c’est le cas dans les pays européens depuis longtemps avec cette transition, cette découverte, et les producteurs qui misent sur les artistes en devenir. C’est une diversité qu’il y a beaucoup moins là-bas et qu’il faut construire. D’où le fait que les mecs aient vachement envie et que quand ils sont là, il sont vraiment là. Même si on ne remplit pas du tout des stades ; on fait entre 80 et 250/300 personnes à Rio ou Sao Paulo. Ça reste artisanal, ça nous ressemble et humainement c’est hyper bien. C’est un peu nos amis. Il y a le frère de notre producteur là-bas qui a un groupe qui s’appelle Psilocibina et qui sont actuellement en tournée en Europe et avec qui on va jouer à Wiesbaden. On les a fait jouer à Bordeaux, ils ont dormi chez nous. C’est super d’envisager la musique comme ça !
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> Merci Mars Red Sky !
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Photo © Julien Dupeyron
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