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Les Rockomotives 2019 : Rencontre avec Malik Djoudi

Pendant le festival des Rockomotives 2019, nous avons eu la chance de discuter avec Malik Djoudi juste avant son concert à la Chapelle Saint-Jacques. Nous avons parlé de son deuxième album, de ses futurs projets, de sa manière de composer… Malik Djoudi nous a raconté qui il était et nous avons succombé. Rencontre avec un artiste plein de charme.

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> Tu joues dans quelques heures sur la scène de La Chapelle Saint-Jacques. Comment vas-tu ? Pas trop fatigué ?
Malik Djoudi : Non ça va très bien. Tout va bien. Ça fait plaisir de voir un peu de verdure, d’être à la cool et surtout de venir chez Richard, le programmateur du festival. C’est un plaisir de venir chez lui.

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> Tu le connais ? Vous avez déjà travaillé ensemble ?
Malik Djoudi : Oui, nous sommes déjà venus jouer ici et on a joué pour un festival qu’il organise qui s’appelle Appel d’air.

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> Tu es là pour défendre ton deuxième album, Tempéraments. Cette expression « défendre un album » donne un peu l’impression de donner un combat, comme s’il était difficile de défendre un album, comme si tout le monde était un peu contre. Est-ce quelque chose que tu ressens toi ?
Malik Djoudi : Défendre, non. Je n’ai pas la sensation de défendre un album. Je dirais plutôt « venir le faire découvrir », « venir le faire écouter », « le jouer en live », « faire des concerts ». Le défendre non, je ne pense pas.

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> Cela fait plusieurs mois que l’album est sorti. Avec un peu de recul, comment ressens-tu cet album ? Est-ce que tu penses qu’il y a des choses que tu aurais dû faire autrement ?
Malik Djoudi : C’est marrant, sur d’autres projets cela m’est arrivé, mais aujourd’hui non. Il y a peut-être des défauts mais non j’ai envie de me dire qu’il est comme ça, il est sorti comme ça. Voilà, il a été fait comme ça.

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> Donc tu n’es pas le genre d’artiste à faire des rééditions de tes albums ?
Malik Djoudi : Des rééditions peut-être, j’aimerais bien en faire. Mais revenir dessus, non. Ça a été fait comme ça, dans l’instant et j’aime bien cette idée. Les choses sont faites comme ça.

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> Dans cet album il y a un duo avec Étienne Daho qui est une chanson sur l’amitié et, dans une interview, tu as rapporté les propos d’Étienne Daho qui disait que c’était rare d’avoir des chansons sur l’amitié. C’est un hasard ou toi, quand tu as écrit cette chanson, tu a trouvé que c’était effectivement difficile d’écrire sur l’amitié ?
Malik Djoudi : Je ne pensais pas qu’il y avait si peu de chansons sur l’amitié, qui est quand même un des grands sujets de la vie. Mais cette chanson est venue naturellement. J’ai écrit ça sans rien me dire, je voulais juste parler de cette union que j’ai avec Étienne Daho.

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> Au final c’est vrai qu’il y a beaucoup de chansons d’amour alors que l’amitié est, elle aussi , universelle…
Malik Djoudi : Complètement. Et si on te demande de citer des chansons sur l’amitié, il n’y en a pas tant que ça.

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> Tu en as quelques-unes en tête ?
Malik Djoudi : Les copains d’abord (rire). Voilà. Et non, je n’en ai pas trop. Vous en avez vous ?

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> Nous on a Lorie, mais bon…
Malik Djoudi : Ah oui Ta Meilleure Amie (rire). Je crois qu’il y a Vald aussi.

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> Dans une autre interview tu disais également que lorsque tu composes une chanson, tu as des images qui te viennent en tête. Dans cet album, Tempéraments, est-ce qu’il y a des images qui te sont venues ?
Malik Djoudi
: En fait, ce sont des images qui me viennent, que je vois, qui m’inspirent. Et sur cet album c’est beaucoup la route, notamment quand nous étions en tournée, et pas mal d’images m’ont inspiré. Il y a aussi des films. J’aime bien regarder les choses pour m’inspirer.

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> Le visuel a l’air assez important pour toi. Est-ce que quand tu écris des chansons tu as des idées de clip qui te viennent après ?
Malik Djoudi : Oui, ça arrive.

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> Et tu travailles avec des réalisateurs ?
Malik Djoudi : Oui sur cet album j’ai travaillé avec un réalisateur, Antoine Carlier. J’avais des idées, je lui ai soumis. Mais lui aussi avait des idées et a fait les choses. C’était comme un ping-pong. Parfois il a aussi tout réalisé du début jusqu’à la fin.

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> Il faut vraiment avoir confiance en la personne pour lui laisser un titre…
Malik Djoudi : Complètement. Mais dans la vie il faut souvent avoir confiance.

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> Comment as-tu rencontré Antoine Carlier ?
Malik Djoudi : Je l’ai rencontré parce que je connaissais son travail et ma directrice artistique m’a proposé de le rencontrer. Il avait travaillé avec John et Jehn, Savages, The XX aussi. Ces univers me plaisaient beaucoup et c’est pour ça que j’ai décidé de travailler avec lui.

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> Le clip avec Étienne Daho est simple mais il est très efficace. Il va un peu à contre-courant de ce que nous avons l’habitude de voir aujourd’hui, avec des clips surproduits. C’était ton envie d’être dans la simplicité ?
Malik Djoudi
: Oui c’était notre envie. Nous voulions vraiment quelque chose de simple. J’adore quand nous pouvons faire de belles choses avec des choses simples. C’est aussi ce que j’essaye de faire avec mes chansons. Faire en sorte de ne pas avoir de choses compliquées, difficiles, que les gens peuvent comprendre. La simplicité tout simplement. J’aime bien la simplicité.

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> Est-ce qu’il est facile aujourd’hui de rester simple dans l’industrie musicale ou est-ce qu’il n’y aurait pas une forme de pression qui peut être ressentie ? Est-ce que la simplicité plaît encore ?
Malik Djoudi : Non, c’est sûr. Après les choses peuvent être simples et paraître assez chiadées, qu’on les voit, qu’on les regarde ou qu’on les écoute. Il y a de la pression dans l’industrie musicale aujourd’hui, oui. Mais je pense qu’il faut essayer de trouver des bonnes idées, essayer d’être pertinent. Et avec la simplicité nous pouvons encore être pertinents aujourd’hui.

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> Récemment, nous avons rencontré certains artistes qui nous disaient ne pas toujours avoir le temps, que l’industrie de la musique et le public en demandaient toujours plus. Cette notion de temps revient beaucoup. Et quand on lit des informations sur toi, nous avons l’impression que tu es très hyperactif, que tu fais beaucoup de choses. Donc, est-ce que toi tu ressens ce manque de temps ou pas du tout ?
Malik Djoudi : J’aime beaucoup faire plein de choses mais il est vrai que parfois je manque de temps. Mais il faudrait peut-être que je m’organise mieux (rire). Je vais commencer à faire un troisième album, mais il faut bien que je prenne le temps de le faire.

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> Est-ce que c’est simple de commencer à faire un album alors qu’on est encore en train de faire la tournée du précédent ?
Malik Djoudi : J’ai passé toute ma vie à composer tout le temps. C’est quelque chose que j’aime bien. Je ne pourrais pas ne pas faire ça.

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> Et quand tu composes, ça t’arrive de ne pas garder certains titres ?
Malik Djoudi : Non. Sur cet album Tempéraments, il y a douze morceaux : je crois que j’en ai composé quatorze et j’en ai laissé deux. Je commence pas mal de choses, j’ai pas mal d’idées et rapidement je me rends compte si pour moi ça va être cool, si partir dans ce morceau va me plaire. Quand je vais dans un morceau, c’est long. Je me pose pas mal de questions avant, afin de savoir si je vais partir dedans ou pas. Ça me prend du temps.

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> Et comment sait-on qu’un morceau est fini, qu’il nous plaît et qu’on n’y touche plus ?
Malik Djoudi : Quand on l’écoute et qu’il nous plait comme ça, qu’on se dit « ok c’est cool ».

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> A la base tu es autodidacte. Est-ce que le fait de ne pas passer par le solfège est une barrière ? Est-ce que ça t’empêche d’accéder à certaines choses ? Ou à l’inverse vois-tu cela comme une liberté parce que tu ne te poses pas la question de savoir comment on va mettre la petite note sur le papier ?
Malik Djoudi : Je le vois parfois comme une barrière quand je travaille avec d’autres gens qui sont musiciens et qui te disent « vas-y on est en mi mineur » et là je me dis « wow j’en sais rien ». Mais je le vois aussi comme une liberté parce que c’est juste un travail d’imagination. J’imagine les choses. J’écoute. J’entends. Je réfléchis, je me dis « tiens, ça, ça pourrait être cool ». Je sais que si je connaissais la musique je ne ferais pas du tout la même musique. Est-ce que ce serait bien que je le connaisse, je ne sais pas… Ça me plait, c’est comme un jeu. Mais j’aime bien ce truc-là, ce quelque chose que je ne maîtrise pas du tout. Je me plonge dedans juste en imaginant les choses.

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> Ça permet aussi d’être plus instinctif ?
Malik Djoudi : Oui complètement. Peut-être qu’un jour ça m’arrêtera, je ne sais pas. J’aime bien ce truc-là. C’est quelque chose d’impalpable, dans lequel j’essaye d’aller en profondeur.

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> Tu as également fait de la musique pour des films, des documentaires et de la danse… C’est quelque chose que tu fais encore ?
Malik Djoudi : Non j’ai un peu arrêté. Mais je fais encore de la musique à l’image. Mais j’ai arrêté pour les compagnies de danse, par manque de temps.
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> Et est-ce qu’un jour tu aimerais bien revenir à ça ?
Malik Djoudi : Oui j’aimerais bien le refaire parce que ce sont de belles expériences de vie. Tu vas dans une troupe, tu es en groupe… c’est vraiment cool. Humainement c’est super. Puis quand tu travailles beaucoup tout seul je pense qu’il est bien, à un moment donné, d’aller travailler avec d’autres gens.

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> Mais ce n’est pas un peu difficile justement quand on est tout seul de prendre du recul ?
Malik Djoudi : Si c’est difficile parfois, il n’y a personne pour te dire « il faut aller travailler », mais je ne peux pas ne pas travailler. Si je pars en vacances ok, mais je ne peux pas être chez moi à ne rien faire.

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> Comment travaille-t-on quand on fait de la musique pour la danse ? Tu vois des chorégraphies pour lesquelles tu composes ensuite la musique ?
Malik Djoudi : Oui, c’est soit ça, soit l’inverse, nous faisons des musiques et les chorégraphies se font dessus. Mais quand je travaillais avec la danse c’était beaucoup dans le rapport son-mouvement, c’était vraiment un dialogue entre le corps et la musique.

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> Ce qui nous frappe quand nous écoutons ta musique c’est que tu arrives à contrôler ta façon de chanter, les silences… il y a vraiment un rythme qui se crée et ça nous fait beaucoup penser au théâtre. Est-ce que tu as déjà fait du théâtre et est-ce que ça t’a influencé ?
Malik Djoudi :
J’ai fait un peu de théâtre au lycée oui et je pense que je suis inspiré inconsciemment par le théâtre, les choses cinématographiques, le rythme. Je pense que ce sont des choses que les gens qui écoutent perçoivent mais que moi je ne perçois pas trop et c’est génial je trouve. J’aime bien l’idée que les gens qui écoutent puissent s’accaparer les morceaux.

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> Quand on écoute l’album et qu’on écoute des morceaux comme Épouser la nuit ou À tes côtés, on se rend compte que ce sont des morceaux qui s’écoutent très bien ensemble mais qui pourtant ne vont pas s’écouter de la même façon. Ils n’ont pas la même atmosphère et ne vont pas forcément s’écouter au même moment de la journée. Es-tu conscient de cela ? Est-ce que tu as pensé ces titres selon les différents moments d’écoutes, pour leur donner une certaine atmosphère, une certaine couleur ?
Malik Djoudi : Je n’ai pas pensé à quel moment il faudrait écouter ces morceaux. C’est en commençant à les composer que j’ai eu ces mots, « Épouser la nuit« .  Il me fallait une ambiance un peu nocturne, j’aurais pu la composer pour la nuit oui. Et À tes côtés, je voulais quelque chose d’un peu plus jovial et heureux, qui pourrait plus s’écouter en journée, oui.

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> Finalement Tempéraments est un album qui a une certaine temporalité et dont chaque morceau pourrait s’adapter à un moment de la journée. Est-ce quelque chose que tu as cherché à faire ?
Malik Djoudi : Non je n’ai pas cherché à faire ça, mais j’aime bien l’ambiance nocturne moi.
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>Tu dis que chaque personne qui écoute ton album le reçoit de façon différente. Est-ce que ça t’est déjà arrivé que quelqu’un te fasse un commentaire sur ton album parce qu’il avait ressenti quelque chose que tu n’avais pas du tout imaginé, ou à l’opposé de quelque chose que tu avais cherché à faire ?
Malik Djoudi
: Oui mais je ne me souviens plus. Parfois on me dit des choses et je me dis « ah oui génial ». Parfois on me dit que mon album accompagne les gens dans la vie, que ça leur permet d’aller mieux. Et ça me touche beaucoup. Alors parfois on me dit des choses et je me dis « wahou », je me dis que je ne fais pas ça pour rien. Et d’autres fois encore des gens me disent des choses et je me dis « ah oui », je ne vois pas du tout ça et c’est génial. On m’a dit un truc la semaine passée mais je ne m’en souviens plus, je suis désolé.

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> Hier nous discutions avec Ladylike Lily et elle nous disait qu’elle aimerait se diriger vers l’art-thérapie. Et quand tu nous expliques que des gens viennent te dire que leur album les accompagne, est-ce que par conséquent c’est aussi un concept qui t’intéresse ?
Malik Djoudi : Carrément. Peut-être que je fais de l’art-thérapie aussi (rire). Quand les gens viennent en concert, c’est ce que j’essaye de faire. Même moi quand je monte sur scène, j’oublie tout. J’aime me dire qu’on est tous ensemble dans cette salle de concert et j’aimerais tellement prendre les gens et partir tous ensemble, tout oublier et voir où on arrive. Je pense que la musique c’est de l’art-thérapie et je ne sais pas pourquoi ça me fait penser aux chevaux (rire).

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> Une dernière question : est-ce qu’un jour un de tes concerts pourraient aussi mélanger la danse ou autre ?
Malik Djoudi : Oui pourquoi pas. Je suis ouvert. On parlait d’être pertinent sur les choses, d’apporter des idées et pour moi mettre de la danse sur mes morceaux pourrait être une idée. J’y penserai !

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Un grand merci à Malik Djoudi pour ce moment d’échange très intéressant !

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Actuellement chargée de communication, je suis passionnée par les musiques actuelles. J'observe, j'écoute, j'interroge et j'écris.

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