HomeInterviewsLes Rockomotives 2019 : rencontre avec Jim Ballon

Les Rockomotives 2019 : rencontre avec Jim Ballon

Avant leur concert aux Rockomotives de Vendôme, Flavien, Axel et Bastien nous ont accordé un peu de leur temps pour discuter de leur projet Jim Ballon, de leur musique, de leurs concerts et de la suite. Un échange que l’on vous propose de découvrir sans plus attendre.
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> Bonjour Jim Ballon ! Avant de former votre trio, vous veniez de formations différentes qui étaient plutôt jazz. Pourquoi cette envie de vous tourner vers le rock ?
Flavien : J’ai découvert le rock, après avoir écouté plein de jazz, et ça m’a donné envie d’en faire. Axel et Bastien sont deux très bons copains qui m’ont suivi dans cette initiative.
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Le jazz doit apporter beaucoup pour tout ce qui est improvisation et énergie scénique. Mais est-ce que, inversement, le rock vous apporte musicalement de nouvelles choses que vous pourriez réinvestir dans le jazz ?
Jim Ballon : Maintenant, tous les projets se métissent. On n’a plus vraiment de projets purement jazz, excepté Axel. Même avant, on était déjà dans d’autres projets qui faisaient un peu de rock mélangé à plein d’autres trucs, comme Steak ou Yacht Club. Mais Jim Ballon, c’est vrai que c’est plus frontal ; c’est la première fois que c’est référencé comme tel.
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> Ce mélange pose-t-il parfois des problèmes dans l’industrie musicale ? Cela se fait de plus en plus, on a beaucoup moins d’artistes qui restent ancrés dans un seul genre. Pourtant, quand on va dans un magasin, les disques sont encore rangés dans des catégories musicales : rock, électro, jazz, etc.
Jim Ballon : C’est vrai qu’il faut toujours donner des références pour que ça soit plus facile. Ça peut poser problème pour certains projets, mais pour Jim Ballon, c’est beaucoup plus simple de le cataloguer dans du rock-psyché. On peut trouver plein d’autres noms tripants, mais ça reste du rock.
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> Vous ne trouvez pas ça un peu réducteur ? Parce que votre musique part dans plein de directions qui ne peuvent pas uniquement être décrites par « rock-psyché ».
Jim Ballon : Si, complètement. On y pensait il n’y a pas longtemps… Il y aurait moyen de trouver des appellations un peu marrantes parce que c’est vrai que quand on met juste « rock » ou « rock-psyché », on passe peut-être à côté de l’aspect attrayant que notre musique. A un moment on parlait un peu de « rock des grands espaces ». On essayait de trouver des métaphores imagées, mais c’est difficile de dire tout en un seul mot. Et c’est inhérent à tous les groupes qui ont une patte un peu personnelle et qui essayent, modestement, de créer quelque chose. C’est toujours dur de se ranger dans un truc. On fait un peu du « rock de joueurs » car on essaye toujours des trucs… ou du « rock de coquins » ! (rires)
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> Votre musique est aussi un jeu sur les rythmes : on passe d’un moment calme à un moment très énergique. Il y a une vraie construction. Comment faites-vous pour agencer vos titres sur l’album afin de gérer ces différences ? Est-ce que ça vient naturellement, ou vous débattez de ça ?
Jim Ballon : Ça vient assez naturellement, mais il y a quand même le truc de se dire « Celui-là il installe un climat pour mettre bien les gens. Après, faut pas lâcher. Puis ensuite, ça sera peut-être le moment de faire une pause ». Dans la phase de composition, on pense d’abord les morceaux individuellement, et ensuite vient la conscience de l’ensemble et du set. Et parfois on se dit « Là, il manquerait une belle ballade ». Mais ce n’est pas toujours simple car il y a quelque chose de très contrasté dans la composition et l’écriture de nos arrangements. C’est un peu les montagnes russes : il y a de très longs passages denses, statiques et forts, et d’autres qui vont être des petits interludes intimistes. On doit avoir assez tôt la conscience du disque et des variations qu’il y aura dedans. C’est important pour nous, car notre musique étant dense, il faut qu’il y ait des contrastes. Même si on ne peut pas prévoir pleinement la réaction des gens à l’écoute, on doit ménager un peu les effets, qu’il n’y ait pas que des morceaux violents pendant trente minutes. Il ne faudrait pas que ça soit chiant pour l’auditeur… (rires). Même nous, à moins d’être vraiment très pris dans une grosse transe, on s’ennuie pendant les concerts s’il n’y a pas assez de relief. Parfois, on a aussi des regards un peu différents tous les trois ! Mais l’idée c’est qu’on arrive toujours à se mettre d’accord. Et puis, on affine ça aussi avec le temps, et du coup, le deuxième CD sera gigantesque ! (rires)
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> Vous parliez du format de l’album, mais il faut aussi évoquer le format de vos morceaux. Ils sont très longs et ne sont pas adaptés aux passages en radio. Certains artistes sont prêts à réduire la durée, à faire des radio edit, pour ça. Est-ce quelque chose que vous seriez prêts à faire, vous aussi ?
Jim Ballon : Pas vraiment… D’ailleurs, pour les morceaux du premier disque c’est quasiment impossible, car ils tiennent vraiment parce qu’ils sont longs. On n’a qu’un seul morceau de trois minutes dans l’album, mais c’est une ballade et ce n’est pas très radiophonique… Après, on pourrait se dire que sur le prochain CD, on s’imposerait de faire un morceau court. Mais ça serait vraiment dans le cadre d’un défi personnel.
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> Vous travaillez sur un deuxième album ? On a vu que vous étiez en résidence le mois dernier.
Jim Ballon : On a dit résidence, mais en vrai on a répété quatre jours à la maison ! (rires) Le deuxième album est déjà en préparation, on a quasiment 80% du CD et on va l’enregistrer en février pour le sortir à la rentrée 2020.
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> Vous prévoyez de refaire une sortie K7 comme pour le premier ?
Jim Ballon : On en a reparlé à Ideal Crash qui avait sorti le premier. Il faudra qu’on leur envoie nos sons quand on les aura faits, et ils verront ça, mais ce sera sûrement le cas. On fera aussi sans doute une sortie vinyle.
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> Le premier album n’était effectivement pas sorti en vinyle. Est-ce parce que vous n’en avez pas eu la possibilité ?
Jim Ballon : Oui, c’était purement financier. C’était avec le label Another Record, à Tours. Ils nous ont fait confiance pour faire ce truc-là, mais c’était quand même dur d’envisager une sortie vinyle. Ce sera sûrement plus facile pour le prochain.
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> En parlant de Tours, on nous a souvent dit qu’il y avait une vraie effervescence musicale là-bas. Est-ce quelque chose que vous ressentez aussi ?
Jim Ballon : Oui, il y a énormément de groupes à Tours. En fait, cette effervescence est largement soutenue par le fait qu’il y ait beaucoup d’écoles de musique. Ça brasse plein de gens et ça amène des musiciens de toute la France. Les gens sont chauds pour monter des groupes en sortant de leur école, ou même pendant leurs études ! Ils se rassemblent dans des collectifs et, nous-mêmes, on fait partie d’un collectif. Du coup, il y a toujours des nouveaux trucs qui sortent. Mais le problème, c’est qu’il y a beaucoup plus de groupes que de lieux pour jouer. Après, les groupes qui ont un peu de longévité vont jouer dans le reste de la France. Mais c’est vrai qu’à Tours, ça booste bien ! Quand tu as plein de potes qui montent des groupes, qui ont des envies et des idées, tout de suite tu te sens bien.
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> Il y a aussi la Fraca-Ma qui est très active.
Jim Ballon : Carrément, il y a des dispositifs chouettes, et la soirée de ce soir aussi !
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> Vous venez du dispositif Télescope. Est-ce que vous avez vraiment ressenti un changement après avoir bénéficié de ce dispositif ?
Jim Ballon : Non… Enfin, Télescope c’est cool car ça nous a permis de faire une résidence avec un intervenant, ainsi que deux concerts : un au Temps Machine et un à Terres du Son. Mais il n’y a pas eu d’incidence directe. En fait, on se professionnalise petit à petit, et cette résidence faisait vraiment partie de cette étape, de cette structuration. Ça nous a aussi permis d’avoir des avis qui touchent à des points qu’on n’avait pas assez travaillés, comme sur le chant. Ce n’est pas un déclic de ouf, mais ça nous pousse dans une certaine dynamique de travail. Après, ce n’était pas un accompagnent assez lourd pour que ça nous propulse.
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> L’avantage est que ce genre d’accompagnement permet de garder toute sa liberté musicale.
Jim Ballon : Oui, c’est ça. On a plein de groupes donc on sait comment on a envie de travailler. Télescope, c’était plus un coup de boost. Par exemple, il y avait quelqu’un pour nous coacher scéniquement, et ce n’est pas un truc qu’on avait l’habitude de bosser en faisant de la résidence chez nous. Donc c’était intéressant, ça nous a donné un nouvel éclairage auquel on pense forcément maintenant.
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> C’est vrai que vous avez plein d’autres projets. Ce n’est pas difficile de tout gérer en même temps ?
Jim Ballon : Si ! C’est à plein temps ! On a plein de projets ; Steak, Les Pompiers, Yacht Club, Atomic Sound et beaucoup d’autres. Après, il y a des groupes qui sont plus récréatifs que d’autres. Et c’est par périodes : il y a des groupes qui sont très présents à des moments, notamment quand un disque sort. Mais on peut dire qu’on ne chôme pas ! On est comme des gens qui ont un vrai travail, en fait ! (rires)
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> Pour ceux qui vont vous découvrir pour la première fois sur scène ce soir, à quoi doivent-ils s’attendre ?
Jim Ballon : C’est comme un voyage ! (rires) Il y a beaucoup de nouveautés par rapport au CD sorti il y a un an. On change tout le temps notre musique, dès qu’on répète, en apportant de nouveaux arrangements. Il y a aussi des nouveaux morceaux. Enfin, on retrouve quand même bien notre patte. Mais la grande différence entre l’album et la scène, c’est qu’on est un groupe de rock, donc l’énergie n’est pas du tout la même en live. Et puis, il y a un solo de batterie qui n’est pas sur le disque !
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> En parlant de changements dans votre musique, sur Youtube, on trouve Wagon n°3, Wagon n°2. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces différentes versions ?
Jim Ballon : C’est un morceau qui a énormément évolué, même si on garde les mêmes paroles. On l’a enregistré sous un format qui a disparu, et ensuite on a fait une version acoustique.
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> Donc il y aura peut-être un Wagon n°4 ?
Jim Ballon : Peut-être mais, pour le moment, il est resté au n°3, et on l’a un peu laissé de côté. On ne le joue plus… Et puis, il y a des versions qui ont évolué mais qui ont disparu très vite, et qui sont maintenant dans les limbes de l’Enfer ! (rires)
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> Ces fameux enregistrements qui ont été effacés. Mais c’était dû à quoi, au fait ? Un bug informatique ?
Jim Ballon : Oui, c’est ça. En fait, on avait profité du fait que notre pote ingé son avait accès à des locaux dans une école. Les dossiers étaient donc sur l’ordinateur de cette école. Mais on avait enregistré juste avant les grandes vacances et, pendant ces vacances , il y a eu un formatage et tout a disparu… Mais finalement, ça nous a permis de faire un disque beaucoup mieux ! On avait fait un enregistrement un peu trop tôt, on n’avait pas encore assez bossé… ça aurait sûrement été un disque raté ! Donc heureusement qu’il y a eu ce formatage ! C’est un beau destin finalement ! (rires)
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> Un mal pour un bien ! Merci Jim Ballon pour cet échange !
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www.facebook.com/jimballonrock

Photo © Laure CLARENC pour Can You Hear The Music ?

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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