On pensait le pur rock style années 70 mort, noyé depuis longtemps sous les arrangements électroniques et enterré par la musique préfabriquée. The Struts nous prouve que c’est bien loin d’être le cas. Ces quatre britanniques, originaires de Derby, prônent le glam-rock sur leur premier album Everybody Wants sorti le 28 juillet dernier.
Rien d’étonnant à ce que to strut en anglais signifie se pavaner, les membres se voient déjà des rockstars comme le déclare le chanteur Luke Spiller « On n’aura pas de mal à gérer le succès. On est déjà d’énormes rockstars dans nos têtes. La seule chose qui changera, ce sera notre situation, et le fait qu’on pourra sortir plus souvent. » Cette assurance arrogante peut en excéder plus d’un, tout comme leurs demandes à répétition d’aimer leur page Facebook lors de leurs concerts, mais il faut bien reconnaître que ces quatre jeunes ont tout pour s’élever au rang de rockstar. A commencer par leur look totalement excentrique et rétro, voire ringard, mais digne d’un Freddie Mercury. Rien d’étonnant à cela puisque c’est la créatrice Zandra Rhodes – connue pour avoir réalisé des tenues de scène du chanteur de Queen – qui est chargée d’élaborer les habits de Luke pour la tournée.
Si c’est grâce à leurs prestations scéniques aux allures de shows que The Struts s’est fait remarquer, et a ainsi pu faire la première partie des Rolling Stones au Stade de France le 13 juin dernier, leur musique n’y est pas pour rien non plus. Leur rock, glam-rock nous fait faire un bond d’une quarantaine d’années en arrière, et c’est plutôt plaisant. Mais ils ont d’abord montré qu’ils n’étaient pas qu’une pâle copie de groupes tels que Queen, les Stones ou les Beatles, et qu’ils savaient aussi être modernes en faisant plusieurs reprises parmi lesquelles on peut citer Get Lucky de Daft Punk ou Royals de Lorde. A noter, juste pour le plaisir, qu’ils ont aussi repris Milord d’Edith Piaf. Cette série de covers a permis de tenir leur groupe grandissant de fans en haleine pendant quelques années jusqu’à la parution de leur premier opus il y a trois semaines.
Intitulé Everybody Wants, avec The Struts inscrit juste en dessous, le nom de cette première production reflète bien leur excès de confiance et leur volonté de s’imposer et de briller en haut des charts. Heureusement pour eux, leur album est une réussite. Paru chez Universal Music, Everybody Wants se composent de onze titres – douze pour les chanceux qui ont la piste bonus I Just Know – et promet un bon début de carrière.
L’opus s’ouvre sur Roll Up, histoire d’un réveil à la vie illustrée par les tick-tock constituant les premières notes et la voix d’abord basse du chanteur. Voix qui prend des intonations inquiétantes, à mi-chemin entre une chanson d’Halloween, avant de décoller. Le rythme s’accélère, on entre dans leur univers rock. Un univers enivrant dont on savoure les moindres recoins. The Struts a compris la recette d’un album qui reste en tête. Le rythme musical est bien soigné, sans tomber dans l’excès de sons, ils ont su trouver le juste milieu entre une ligne musicale simple mais entraînante, et une pointe d’originalité qui fait que c’est The Struts et pas autre chose. Leur formule s’appuie aussi sur des « yeah » et des « hey » bien lancés. Comme quoi, les éléments rétros fonctionnent toujours de nos jours. On ajoute à ça quelques chœurs de ponctuation, et une toute petite touche de pop rétro à base de « Whoa, Whoa » sur She Makes Me Feel et le tour est joué. Ou peut être pas tout à fait, car ce qui séduit surtout dans ces chansons c’est la voix, incontestablement bien maîtrisée de Luke Spiller qui sait se faire tour à tour douce, inquiétante, envoûtante, grave et puissante. On ne peut s’empêcher de penser à celle de Freddie Mercury à certains moments. Enfin, quelques niveaux de puissance en-dessous quand même.
Reste à voir ce qui l’emportera entre leur musique prometteuse et leur attitude conquérante mais arrogante. The Struts sera de passage en France pour quelques dates en novembre dont le 05 à Paris, le 07 à Lorient, le 08 à Rouen ou le 10 à Lille. Ambiance garantie.
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