Attendu avec une impatience non dissimulée, Les Vivants, le deuxième opus des Toulousains Kid Wise est enfin dans les bacs. Deux ans seulement se sont écoulés depuis la sortie de leur premier album. Et pourtant le temps de L’Innocence, de ses rêves remplis d’espoir et de ses rires semble loin derrière eux. Les enfants sages ont bien grandi, ils ont gagné en maturité et leur musique aussi. Mais ne vous méprenez pas, ils ne se sont pas reposés sur leurs lauriers et ont concocté une œuvre maîtrisée de bout en bout, et ce toujours avec cette même fougue. Animés par cette énergie communicative qu’on leur connaît tant, ils clament haut et fort l’urgence de vivre face à la mort et la solitude, et atteignent un sommet de leur art.
Depuis les deux premiers EP La Sagesse et Renaissance, Kid Wise n’a cessé de nous surprendre et de nous séduire par ses mélodies savoureusement riches et variées. Avec Les Vivants, la formation repousse véritablement les limites de la gravité, et nous entraîne au cœur d’une expérience sensorielle d’une rare intensité dépassant le commun des mortels. On s’envole et on vit un peu plus à chaque nouvelle note. Et pour cette délicate étape du deuxième album – étape franchie avec succès – le groupe a multiplié ses incursions dans la langue de Molière, nous balançant ainsi avec justesse entre le français poétique et l’anglais mélodieux (Hold On, Les Vivants).
L’album s’ouvre sur Bones, premier single et véritable cri du cœur nous entraînant dans un grand huit émotionnel qui durera près de cinquante minutes. Le groupe déverse son électro-pop rêveur avec un talent certain sur des titres tels que Anchors et Shelter. Puis, le tournant s’opère avec la courte interlude instrumentale Le Passage où les sons de la réalité semblent se faire de plus en plus lointain jusqu’à ce retour à la clarté et ce changement d’univers. On vient de glisser progressivement du monde des vivants à celui des morts mais sans jamais perdre cette petite lueur d’espoir et de tendresse. Même dans les moments les plus sombres, Kid Wise nous éclaire par la beauté de sa musique. Et, paradoxalement, ce passage vers l’au-delà s’accompagne d’une évolution vers une musique plus acoustique, plus ancrée dans la vie, comme l’avaient prédit les dernières notes de Hold On. La suite est un tourbillon émotionnel, passant de la tendresse de Loin de l’autre, au déchaînement instrumental plus rock de Free Your Mind.
Mais notre véritable coup de cœur de cet album est sans aucun doute Red Light, ses délicates premières notes de piano et cette sensibilité qui se dégage de la voix d’Augustin. On se retrouve soudain projetés au cœur de leur univers intimiste ; on perçoit le bruit des pédales, le son des doigts effleurant les touches du piano, le souffle de la voix et on a presque la sensation de vivre l’instant avec eux. Un moment hors du temps, en suspension, à l’image de l’artwork de l’album. On semble pris dans un univers parallèle entre le monde des vivants et l’au-delà, comme une invitation à l’introspection. Une sensation qui ne nous quittera plus jusqu’à l’Ascension qui clôt l’album en beauté. Alors qu’avec Les Vivants les membres de Kid Wise se sont un peu éloignés de leurs formats longs habituels, sans pour autant se standardiser, ce dernier titre renoue avec les formats de leurs précédents morceaux. L’instrumentalisation gagne progressivement en intensité jusqu’à exploser dans un électrochoc symbolisant cette élévation. Puis soudain tout se calme et l’album se termine sur cette résolution et ces retrouvailles.
Avec Les Vivants, Kid Wise fait preuve d’une virtuosité qui semble sans limites. Une pépite musicale que vous pourrez découvrir sur scène le 07 mars à La Maroquinerie de Paris, le 08 mars à Strasbourg, le 29 mars à Cenon, le 30 mars à Nantes et le 20 avril à Perpignan.
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Photo © John Keatley
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