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Entretien avec les trois compères de Chinese Man

Chinese Man

Le premier avril dernier, Ze Mateo, High Ku et Sly étaient chez Ephélide pour présenter leur nouvel EP Sho-Bro dans les bacs depuis le 30 mars. L’occasion de revenir sur les dix ans de carrière de Chinese Man, sur leur label, leurs concerts et leurs projets futurs. 

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     > 2014 a été extrêmement chargée pour vous avec les 10 ans de votre label. Quel bilan en faites-vous ?

Sly : Plutôt positif. On a pris pas mal de risques, notamment sur la grosse tournée des dix ans puisqu’on a fait le choix de tout produire seuls. On n’avait jamais tourné avec autant de personnes. Donc ça a été assez intense émotionnellement mais c’était chouette. On a eu un été un peu difficile avec la tournée de festivals, pas mal de galères techniques, mais l’année s’est très bien finie.

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     > 2015, entre la sortie de votre nouvel EP, une nouvelle tournée de festivals, d’autres petites dates,… Vous êtes repartis pour une année bien remplie ?

Sly : On a pas mal tourné à l’étranger cette année. C’était une volonté de faire une petite pause en France, comme on y a beaucoup joué. On est allé en Grèce, on va aller en Allemagne, en Angleterre. C’est une formation plus petite, donc un show un petit peu différent. Mais ouai, ça va être encore une bonne année avec un gros été, mais un peu plus tranquille que l’année dernière.

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     > Pourquoi avoir décidé d’être accompagnés par une plus grosse équipe sur votre tournée 2014 ?

High Ku : On avait déjà commencé sur la tournée de Racing with the Sun à accueillir Raf, un tromboniste. Il s’est avéré que ça nous a plutôt plu. Et là, pour cette nouvelle création, on avait vraiment envie de trouver une manière de relire certains morceaux anciens, de les réorchestrer, pour que ça nous change. En plus, dans les huit titres qu’on avait produits pour les Groove Sessions, il y avait beaucoup de sections cuivres, on était revenu sur des sons très hip-hop, très organiques. Donc on a accueilli une section cuivre et Marco, le percussionniste avec qui on travaillait en studio sur Racing with the Sun.  On s’est quasiment imposés de rejouer tous les morceaux avec les musiciens, même si on a fait attention de garder quand même des instants électro, DJ-set,… C’était pour essayer de redonner de nouvelles énergies à notre musique.

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     > Est-ce que cela a été une expérience enrichissante que vous aimeriez bien retenter ?

Sly : Ouai ! C’est plaisant, maintenant les musiciens font partie intégrante du groupe, en tout cas pour le live. Mais plus que de continuer forcément dans cette voie avec les musiciens, c’est de trouver de nouvelles idées pour la scène qui nous intéresse. Donc ça peut aussi passer par une autre forme vidéo. Mais en tout cas, on a apprécié faire ça, on sait que ça marche, et qu’on peut le réadapter si on veut pour le futur.

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     > Effectivement, vous utilisez pas mal de vidéos dans vos live. Ça doit demander une grande organisation et conception préalables. Comment cela se déroule ? 

High Ku : On a une équipe vidéo à qui on donne les musiques qu’on va faire en live. Fred & Annabelle sont chargés de créer des mini clips autour des morceaux. Puis, il y a Vince, DJ et cadreur sur scène avec la caméra, et Anatole, DJ qui va mixer les médias et les interventions live en vidéo. L’équipe sur scène va être chargée de réadapter ces médias-là et de les lier avec ce qui se passe sur scène, donc avec nous et avec les lumières. Ce n’est pas nous qui gérons ça au quotidien, sinon ça serait vraiment très moche. (rires) On a la chance d’être bien entourés par une équipe technique solide qui va nous apporter des solutions avec son savoir-faire. Il n’y a pas de secrets, tout le monde est obligé de prendre des gens compétents pour faire ça.

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     > Il faut savoir faire confiance artistiquement à d’autres gens. Ça peut être aussi un risque parfois. Ce n’est pas trop stressant ?

Sly : Pour la vidéo, on a de la chance parce que c’est Fred & Annabelle qui créent 90% des vidéos depuis le début du groupe. C’étaient des amis avant qu’on commence la musique, donc ils comprennent notre univers, ils en font partie. Ça n’est jamais arrivé qu’ils nous proposent un truc qu’on n’aime pas du tout. Et puis quand on s’entoure de personnes extérieures pour travailler avec nous on fait en sorte qu’humainement ça passe, et qu’ils soient réceptifs aux concepts, à la musique.

Zé Mateo : Artistiquement, c’est plus facile de faire le suivi, mais après techniquement c’est toujours plus compliqué d’être sur le coup parce qu’on ne connait pas tous les dispositifs. Dans l’ensemble, on est passés par plein de phases un peu compliquées mais on a toujours eu une chance pas croyable.

High Ku : On n’est pas des freak-control. Je pense qu’on est très exigents sur le son, le domaine où on est vraiment compétent. Sur le reste, à partir du moment où tu travailles avec des gens, il faut accepter leurs qualités, leurs défauts, les moments où ça va moins bien. Mais on le vit plutôt bien.

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     > Même pour la partie musicale, vous avez toujours fait quelque chose de très collectif, avec d’autres artistes de votre label, des gens que vous avez rencontrés. Est-ce que cette manière de faire collective est une idée que vous avez toujours eue en tête, dès le début, ou est-ce que c’est quelque chose qui a fini par s’imposer progressivement ?

High Ku : Oui parce qu’on a commencé avec un label. Donc d’entrée, on a voulu ouvrir le projet aux gens qui gravitaient déjà à l’époque en tant que potes autour de nous ; Leo le bug, Leyan, Tomapam,… Mais même nous trois, on a toujours à la fois évolué dans Chinese Man, mais en même temps eu nos propres trucs : Mathieu va faire des mix, moi aussi,… C’est nous qui avons fondé ce projet, mais le but après c’est qu’il appartienne aussi un peu à tout le monde, sans pour autant nous cloisonner dedans. On a toujours eu l’idée que ça se fera en collectif, parce que l’indépendance passe forcément par le collectif.

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     > Comment naissent ces collaborations ?

Sly : Récemment on a travaillé avec Tumi sur un projet à sortir. C’est quelqu’un dont on aimait beaucoup la musique et on l’a croisé en festival. C’est un avantage de pouvoir rencontrer les gens en live. S’il y a un échange humain qui se passe bien en général on collabore. L’intérêt c’est qu’une collaboration t’apporte quelque chose.

High Ku : Pratiquement tous les gens avec qui on a collaboré, on les a rencontrés. Et quand ça s’est fait par Internet, on peut quand même en un ou deux mails savoir si le mec est intéressé par le projet ou s’il est juste motivé par la tune. Mais pour le moment, à chaque fois que des collaborations se sont mal engagées, on s’excuse poliment et on passe à autre chose.

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     > Cela doit être une expérience assez enrichissante. Mais comme toute expérience, il doit aussi y avoir des inconvénients ?

High Ku : Des fois avec les gens qu’on connaît bien, comme avec Taiwan, on peut avoir des demandes un peu plus spécifiques. Mais dans l’ensemble, on laisse une liberté artistique aux gens avec qui on travaille. Là par exemple, sur le dernier titre de Sho-Bro, on a eu le contact par quelqu’un qu’on connaît aux Etats-Unis où les mecs font ça quasiment pour rien. Ils nous ont carrément tout lâché au fur et à mesure. C’est cool de voir que quand le projet sort, ils sont super contents. Parce que  je comprends aussi les artistes, ils sont sollicités de toutes parts pour avoir des collaborations, et des fois pour des trucs qui vont rester dans les tiroirs, des trucs où ils seront mal crédités, où il n’y aura pas de sorties,… Je pense que maintenant, on peut travailler avec plein de MC aux Etats-Unis, dont certains qui sont un peu connus, parce qu’on a déjà travaillé avec eux une première fois et qu’ils ont vu qu’on allait bien faire de la promo et tout. Mais après tu ne peux pas non plus exiger un truc, c’est la surprise. Donc la contrainte ça peut être que ce qu’ils font ne te plaise pas, mais que tu dois quand même te démerder avec. Nous jusqu’ici, on n’a jamais eu de mauvaises surprises.

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     > Justement, sur votre nouvel Ep il y a beaucoup de remixes de vos titres qui étaient déjà présents sur The Groove Sessions vol. 3. Pourquoi avoir décidé de laisser beaucoup de place à d’anciens morceaux plutôt qu’à de nouveaux ?

Sly : Initialement, le morceau Sho-Bro devait être présent sur le volume 3 mais on a eu les cappella un peu trop tard, donc on n’a pas pu l’intégrer. Et le deuxième morceau, The Reminder est un petit peu dans l’esprit de ce qu’on risque de faire sur le prochain album. Donc en fait, l’idée du projet Sho-Bro, c’était justement de faire le lien avec les Groove Sessions 3. Et puis c’était une bonne occasion de mettre un petit coup de projecteur sur des gens qu’on aime bien sur la scène française ; High Tone, Al Tarba, Chill Bump.

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     > Pourquoi avoir décidé de sortir cet EP avant votre prochain album, alors que vous avez déjà sorti The Groove Sessions vol. 3 entre temps ? 

High Ku : Parce qu’on avait des morceaux et qu’on avait envie de faire des remixes des Groove Sessions vol. 3. Et puis pour nous, ces projets-là nous permettent aussi d’avoir des respirations entre les albums, qui sont des projets très lourds où tu t’investis vraiment énormément personnellement dans un truc assez fermé sur le groupe. Je pense qu’ on aime bien exister à la fois dans notre groupe, mais aussi en dehors en s’occupant du label et en ne se pressant pas pour le prochain album.

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     > N’est-ce pas trop difficile à gérer parfois, votre label, votre groupe, les collaborations, les concerts,… ?

Sly : Ça peut être un peu stressant, mais on a la chance après dix ans d’avoir une vraie équipe qui suit au quotidien. Même si on a notre mot à dire sur tout, on est moins investis sur les trucs administratifs, grâce à Ben, Fred, et tous les gens du label. Après, oui il y a des moments, par exemple à la sortie des albums, où c’est un peu plus fatigant. On savait que ça nous prendrait beaucoup de temps, mais c’est un plaisir.

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     > Et artistiquement, avoir son propre label doit permettre aussi une plus grande liberté.

Sly : Ça crée des contraintes, mais ça crée surtout beaucoup de liberté.

Zé Mateo : On est surtout libres d’imaginer ce qu’on veut, sans avoir quelqu’un qui nous impose quelque chose. Ça n’a pas de prix. Après c’est beaucoup de contraintes, de travail en plus. Mais on ne s’imaginait pas faire ça différemment. Et de toute façon, personne ne s’intéressait à nous. (rires)

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     > Et après dix ans, est-ce que cela commence à devenir plus difficile de continuer à surprendre et plaire à un public ?

High Ku : Surprendre, oui sans doute. Le public n’aura jamais la même indulgence que quand il découvre un groupe. Après je pense que t’évolues aussi dans ton public au fil des disques et de tes envies. Alors on essaye plutôt de nous surprendre nous-mêmes et après on verra si les gens suivent. Je pense que là, on a retrouvé une source d’inspiration. On avait vraiment besoin de retrouver une nouvelle voix à travers les samples, et j’ai l’impression qu’on est de nouveau en train de faire un truc complètement en marge de plein de styles, qui ne ressemble à rien de ce qui se fait en ce moment.

Sly : De toute façon, c’est un truc que tu ne contrôles pas. Il y a toujours un décalage entre ce que tu fais en tant qu’artiste et comment c’est perçu par le public. Pour l’instant, les gens nous suivent encore un peu mais bon… on verra bien ! (rires)

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     > Quelle est votre relation avec le public du coup ? Est-ce que vous êtes très en contact avec eux sur les réseaux sociaux, après les concerts,… ? 

High Ku : On est très peu mis en avant personnellement, on parle toujours au nom du groupe. Après on s’occupe de notre Facebook, de notre Twitter, donc on a un rapport assez direct avec le public. Et puis on est souvent au merchandising après les concerts. Mais on ne va pas faire des chats ou des séances de dédicaces, c’est un côté un peu corporel dans le rapport avec les gens qui nous fait chier. On préfère le rapport humain qu’on crée, voir les gens quand on est sur scène.

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     > Il y a une dizaine de jours, vous avez posté une photo sur Facebook avec marqué « 2004-2007 : The Groove Sessions Vol 1. Souvenirs… ». Seriez-vous du genre à être nostalgique ?

Zé Mateo : C’était pour dire que ça faisait dix ans. Ce n’est absolument pas nostalgique chez nous. On est plutôt dans un truc du présent, car, comme le projet ne se fait pas du tout dans un plan de carrière, il ne peut pas vraiment y avoir de regrets.

High Ku : Ou sinon cela voudrait dire qu’on se sentirait un peu dépossédés du projet, et qu’on aurait le sentiment d’être obligés de faire un truc qu’on n’avait pas envie de faire maintenant. Non je pense qu’il y a un moment où on arrive à la fin d’une phase. Là par exemple, on se dit qu’on a fait un énorme truc pour la tournée des dix ans, donc naturellement on a envie de revenir vers des petites salles. Mais ce n’est pas de la nostalgie. Je pense qu’on a de la chance, même après dix ans, de pouvoir faire encore de la musique comme on en faisait à nos débuts. On retourne dans la même maison qu’il y a dix ans, on refait les mêmes choses qu’il y a dix ans.

Zé Mateo : Et puis aussi The Groove Sessions vol.1 était très riche en histoire. Je me suis rendu compte que ce disque avait impacté les gens indirectement, même s’ils ne connaissaient pas spécialement Chinese Man, car les chansons ont beaucoup été diffusées et exploitées. Ça a créé des souvenirs à plein de gens, et à nous aussi. Quand je l’ai mise sur Facebook, plein de gens ont écrit « Ah ouai je me rappelle de tel concert ». A l’époque on faisait des concerts avec des lunettes 3D qui …  ne marchaient pas ! (rires)

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     > Est-ce que c’est difficile de réussir à maintenir son univers, alors qu’il y a beaucoup de groupes qui finissent par sombrer parce qu’ils ne rentrent plus dans les cases des « modes » véhiculées par les gros médias ?

Sly : En étant moins exposés, sans passer sur les grosses radios ou à la TV, ça crée déjà une sorte de protection. On a toujours fait de la musique un peu à côté de ce qui se faisait, donc on n’est pas trop victimes de ces phénomènes de mode.

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    > Vos samples proviennent d’influences assez multiples. Il y en a aussi beaucoup qui sont tirés de films. Comment les choisissez-vous ?

Sly : Maintenant c’est un peu différent, mais c’est vrai qu’au début on utilisait surtout les dialogues de films pour habiller un peu notre musique qui n’est qu’instrumentale. On cherchait un peu plus des thèmes, des trucs comme ça. Alors que maintenant, on utilise plus ça comme des samples musicaux, c’est vraiment plus des clins d’œil, parce qu’une voix sonne bien,…  Le sens n’est pas forcément très important, c’est plus la texture sonore qui nous intéresse.

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     > Et est-ce que le processus inverse, composer pour des films, serait quelque chose qui vous tenterait ?

High Ku : Oui. Mais après avec la difficulté qu’on a qui est qu’on ne peut pas forcément composer à la commande. Cela voudrait dire que quelqu’un capterait un peu notre univers, choisirait des morceaux qu’on a composés, et que nous on retravaillerait en fonction du film. Ça serait peut-être un truc qu’on a toujours rêvé de faire et qu’on n’a encore jamais vraiment fait.

Zé Mateo : Ouai parce qu’on avait refusé Scorsese, du coup après il n’a pas arrêté de parler sur notre compte … (rires)

High Ku : « Don’t take Chinese Man ! » (rires) Faudrait travailler avec un réalisateur qui nous plaise, une prod’ avec qui on peut discuter, parce que dans le cinéma ça a l’air d’être encore pire que dans la musique. Donc je pense qu’on y réfléchirait à deux fois. Mais il y a quelques réalisateurs français qu’on aime bien comme Jacques Audiard.

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     > Est-ce qu’il y a d’autres projets comme ça que vous aimeriez bien pouvoir réaliser un jour ?

High Ku : Je me suis toujours dit qu’un jour ça serait mortel qu’un vieux gros label, comme Trojan, nous dise « On vous envoie mille vinyles et vous nous pondez un album en un mois ».

Sly : Oui, mais pas dans l’idée de remix, plus dans l’idée « Servez-vous, piochez dans le catalogue ». Ça c’est cool. Ou la réédition de vinyles difficiles à trouver sinon. Mais c’est toujours pareil, ça demande beaucoup de temps et d’investissement. Mais j’espère qu’on pourra y arriver un jour.

Zé Mateo : Ou faire des tournées axées sur l’innovation, sur la manière de diffuser le projet, d’échanger avec les gens. C’est aussi ce qui fait partie des trucs qui nous font vraiment kiffer. On a toujours essayé de faire des petits cadeaux, ou de trouver une idée originale sans pour autant qu’elle soit démesurée. Par exemple faire un truc un peu itinérant, s’approprier des espaces.

High Ku : Notre ville a un certain problème à laisser les espaces publics…au public. A Marseille, on habite à La Plaine, c’est une grande place, et je me suis toujours dit que ça serait bien de faire un truc là.

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     > Est-ce que justement dans le style itinérant, il y aurait des endroits, des villes où vous rêveriez de jouer ?

Sly : Le Japon !

Zé Mateo : Moi j’aimerais bien aller en Chine. Parce qu’on est allés qu’à Hong-Kong, mais jamais en Chine. Et la Nouvelle-Zélande je crois. Ils écoutent du reggae, ils sont roots, ça marcherait trop bien.

Sly : En gros, tous les pays où on n’a pas encore joué, et il y en a un certain nombre. Pouvoir voyager grâce à la musique, c’était aussi un des buts principaux du projet et on a la chance de pouvoir le faire.

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     > Est-ce que vous sentez une grande différence entre les publics des différents pays ? 

High Ku : En Europe déjà, plus que les publics, c’est les modes de diffusion de la musique qui sont très différents. Par exemple quand on va en Italie, on va jouer dans des squats à 4/5euros l’entrée, et il va y avoir 2 500 personnes. Pour nous, faire des dates comme ça, c’est toujours mortel ! On était à Athènes dans une grande salle, après on a joué en Thaïlande dans des clubs devant des putes, puis en Indonésie, dans la rue devant des mecs en scooters.

Sly : Et puis, ils ne réagissent pas aux mêmes morceaux de la même façon. Même à l’intérieur de la France, ça change. Il n’y a pas la même perception de la musique, ni la même manière d’aller voir un concert. Certains y vont vraiment pour se bourrer la gueule, d’autres sont plus attentifs à la musique,…

High Ku : Il y a aussi la langue. On joue en France, c’est notre pays d’origine, mais les français sont super mauvais en anglais. Ils ne captent pas la moitié de nos paroles. Lorsque tout à coup, quand on est en Angleterre ou en Allemagne, ils se mettent à chanter les refrains de certains morceaux, c’est cool ! Et puis, on retrouve aussi un public qui vient nous voir pour la première fois et donc, forcément, t’as 50% de chance en plus que le mec passe une bonne soirée. Alors qu’en France, quand les mecs ça fait dix fois qu’ils nous voient, c’est plus dur de continuer à les étonner.

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     > Est-ce qu’il y a un pays qui vous a marqués plus qu’un autre ?

High Ku : L’Indonésie je pense, parce qu’on y est beaucoup allés, on a enregistré là-bas, on a des potes.

Sly : En plus, c’est tellement loin que c’est un pays où on ne serait jamais allés sans notre musique, et tu découvres des traits différents avec des gens supers.

High Ku : Le Brésil aussi. On écoute de la musique brésilienne depuis toujours. Il y en a qui y sont allés en vacances, on a fait une grosse tournée là-bas.

Sly : Ouai, ça va me rendre nostalgique tout ça… (rires)

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     > Et est-ce qu’au contraire il y a un pays que vous avez moins aimé ?

Sly : Je déteste la France ! (rires)

High Ku : C’est dur de détester des choses. Moi par exemple, j’adore la Thaïlande, mais j’ai pas kiffé jouer là-bas, parce que tu joues que devant des expatriés dans des clubs. On a eu un peu cette réaction-là dans certains pays, un peu moins quand tu vas jouer dans des ambassades françaises. Mais quand tu vas jusqu’en Thaïlande pour jouer dans une boite de nuit qui est la même qu’en Europe, devant que des français, bon…

Zé Mateo : L’Angleterre. J’ai un problème avec l’Angleterre. Enfin sans être méchant, mais c’est juste que c’est pas du tout la même façon d’accueillir, de penser la musique. Des fois t’as envie de dire « Non mais si vous n’avez pas envie qu’on soit là, faut nous le dire ».

Sly : C’est un pays où c’est tellement riche musicalement que c’est plus dur en tant qu’artiste. En France franchement, on est très chanceux parce qu’on est super bien accueillis, techniquement c’est toujours de super bonne qualité.

Zé Matéo : Même un peu trop bien des fois. Lorsque c’est vrai qu’en Angleterre, il n’y a pas d’intermittents donc c’est privé de chez privé.

Sly : Après, le public est souvent super cool. Mais techniquement, c’est un peu plus dur pour nous.

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     > La différence entre les publics doit aussi se ressentir entre un public de festival qui ne vient pas exclusivement pour vous, et un public d’un de vos concerts en tête d’affiche ?

High Ku : Ah si, ils viennent toujours pour nous, ne viens pas faire mal à notre petit cœur ! (rires)

Zé Mateo : Oui dans des salles c’est plus sympa pour la proximité et pour le temps de jeu et d’installation. Et puis, quand la salle de concert est dans une ville, tu peux aussi te balader l’après-midi et découvrir là ou t’es. Après dans les festivals c’est autre chose, c’est une grande énergie, une intensité très folle. C’est vraiment différent, on aime bien aussi. Là à Paris, à la fin de l’année on sera au Trianon pour une petite série de concerts parce qu’on aime bien aussi un rapport de salle plus proche, ça permet d’autres choses.

Sly : En festival, t’as 50 min, et tu dois convaincre des gens qui ne te connaissent pas et qui ne sont pas venus te voir. Donc ce n’est pas le même ressenti, et pour les gens, et pour nous. Même si c’est cool aussi. On aime bien les salles un petit peu moyennes, où t’as le temps en 1h30/2h de concert de donner l’esprit de ton projet, de mettre des morceaux un peu plus calmes, de casser le rythme.

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     > Les concerts au Trianon vont vous changer de votre tournée des Zéniths de l’année dernière. Comment ça c’était passé ?

High Ku : Très bien, c’était une super expérience ! Mais après, ce n’est clairement pas le truc qu’on fera tous les ans parce que le projet était lourd, et puis c’est simplement des salles un petit peu trop impersonnelles. Donc c’est vachement plaisant parce que t’as plein de gens, et comme en festival tu sens cette énergie, mais je pense que notre musique est plus adaptée pour des jauges plus petites.

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Un grand merci à Chinese Man pour avoir pris le temps de répondre à ces questions. La formation sera sur les routes de France cet été et en concerts au Trianon les 6 et 7 novembre.

www.chinesemanrecords.com
www.facebook.com/chineseman

 

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Etudiante, je suis une passionnée d'art, et plus particulièrement de musique et de cinéma. Attirée par le milieu du journalisme et de la communication, j'aime partager mes petites découvertes artistiques avec les autres.

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