HomeInterviewsAime Simone se confie après la sortie de son 1er album

Aime Simone se confie après la sortie de son 1er album

Quelques jours après la sortie de son premier album Say Yes, Say No, Aime Simone, auteur-compositeur interprète français désormais installé à Berlin, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. L’artiste nous raconte sa façon de travailler, la réalisation de son documentaire, nous parle du passé… Découvrez un bel échange avec un artiste aussi talentueux que passionnant !

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   > Votre premier album Say Yes, Say No est sorti fin juillet. Êtes-vous satisfait des premiers retours que vous avez eu ?

Oui je suis très satisfait. Je n’avais pas particulièrement d’attente, mais je suis content de la réception générale et des retours plus personnels que j’ai pu avoir. Et tout cela me motive pour continuer, écrire les prochaines chansons et développer un nouvel univers pour le prochain album.

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   > Justement, Say Yes Say No est votre premier album, et vous avez développé un univers très particulier. Quel est votre processus de travail, votre façon de faire ? Est-ce que vous écrivez d’abord les paroles, est-ce que vous composez d’abord les mélodies ?

Je prends une guitare et j’improvise en mettant en route un dictaphone. J’improvise pendant 4, 5 ou 6 minutes puis je collecte les improvisions. Par exemple, pour cet album, j’en avais à peu près 120. Par la suite, j’ai regroupé, j’ai édité et j’en ai rassemblé 50 qui me parlaient vraiment, puis je les ai de nouveau regroupé à 20 chansons que j’ai structuré, pour lesquelles j’ai retravaillé les paroles et je les ai produites sur l’ordinateur.

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   > Que faites-vous des improvisations que vous ne choisissez pas ? Vous les mettez de côté ? Vous arrive-t-il d’y revenir plus tard ?

Il y en a beaucoup qui passent à la trappe pendant l’edit. Ce que j’attends surtout d’une chanson c’est l’émotion. Il faut que je me sente connecté à la chanson que j’écris. Si on reste trop technique la chanson perd un peu de sa valeur émotionnelle et l’émotion est l’élément le plus important. J’attends toujours le bon moment et cela peut varier. Cela peut avoir lieu dans la même journée, ou alors une semaine, un mois plus tard… Il n’y a pas de règle.

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   > Pour accompagner la sortie de cet album, vous avez mis en ligne un documentaire. D’où vient l’idée de réaliser ce documentaire et de le sortir en même temps que l’album ?

J’ai toujours été fasciné par les documentaires et j’ai toujours aimé pouvoir rentrer dans l’histoire d’un artiste pour en apprendre davantage sur son art, pour ajouter une forme de profondeur à son œuvre. J’avais envie d’essayer d’en faire et pour le plaisir, ma compagne avait commencé à archiver nos vies dès notre rencontre. Petit à petit nous nous sommes aperçus que nous avions beaucoup de contenu et que nous pouvions en faire quelque chose. Nous avons voulu faire un documentaire qui retrace ma vie et mes challenges pour peut-être apporter quelque chose à la musique, la comprendre, l’écouter d’une autre manière. C’était un essai et ça a été un vrai soulagement de revoir tousces souvenirs et de pouvoir les digérer.

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   > Donc la réalisation de cet album et de ce documentaire était une manière, pour vous, d’extérioriser un vécu un peu tumultueux ?

Oui, la musique a toujours été, pour moi, une façon de guérir. Pas uniquement d’exorciser parce que je ne l’ai pas vécu que dans une forme d’exutoire. Mais le fait de revoir ces souvenirs, de revivre les blessures mais aussi les bons souvenirs, de travailler sur la façon de les mettre musique… c’est un cheminement qui aide à guérir. C’est le centre de mon message, de ma musique : guérir, pardonner, utiliser les énergies positives et l’ amour pour avancer. Cela n’a pas toujours été le cas pour moi, parce que j’ai été auto-destructeur pendant longtemps.

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  > Par le passé, vous avez travaillé dans le milieu de la mode, comment êtes-vous arrivé à la musique ? Qu’est-ce qui vous a décidé à enregistrer votre premier album et à faire découvrir votre univers musical ?

En réalité j’ai commencé par la musique. J’ai commencé à jouer de la guitare à 11 ans et puis j’ai tenu pas mal de carnets de poésie durant mon adolescence. J’étais fasciné par la musique et la littérature. Petit à petit les deux mondes ont fait collision et j’ai commencé à écrire et produire mes propres chansons. Ma décision de dédier ma vie à l’art et à la musique s’est solidifiée lorsque j’ai rencontré Peter Doherty. Pendant un an j’ai beaucoup appris et j’ai fait mes premiers concerts en ouvrant pour ses divers groupes. Le monde de la mode m’a repéré ensuite et j’ai pu travailler avec Hedi Slimane pour Saint Laurent. J’ai beaucoup voyagé pour finalement atterrir à Berlin, un peu par hasard, et je suis tombé amoureux de la ville, de sa population, de son énergie créative. J’ai été inspiré par sa musique, ses clubs, son mode de vie. Elle a eut un impact sur ma propre musique qui est devenue plus moderne et faite pour la scène, le club, tout en conservant la guitare comme source d’écriture. J’ai voulu partager cette musique qui retrace mon histoire. Surtout pendant le confinement. J’ai voulu donner quelque chose à écouter pour échapper à la réalité ou bien, peut-être, offrir des mots pour la comprendre un peu plus.

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> En parlant d’univers, vous avez un style singulier, très personnel. Qu’est-ce qui vous inspire (et pas uniquement en matière de musique) ?

Je suis très inspiré par les gens qui ont réussi à faire de leur vie un art complet. J’aime beaucoup regarder les documentaires d’artistes, d’écrivains, de musiciens. Souvent leur histoire personnelle apporte une certaine profondeur à leur œuvre et je trouve ça très inspirant.

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> D’un point de vue esthétique, vous avez tourné vos clips en noir et blanc, votre documentaire est également en noir et blanc. Est-ce un choix délibéré ? Si oui, pourquoi ?

Le noir et blanc est une esthétique que je trouve très moderne malgré le côté rétro que cela peut donner à l’image. Je trouve qu’aujourd’hui les clips sont saturés d’effets spéciaux et il est de plus en plus difficile d’accéder à l’émotion pure et réelle sous une couche d’artifices, de lire l’expression d’un visage derrière un filtre. Il  a été important pour moi de garder un aspect minimal à mes vidéos et productions afin de faciliter la connexion émotionnelle et humaine avec mon audience.

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> Le contexte sanitaire actuel vous empêche certainement de présenter votre album sur scène. N’est-ce pas trop frustrant ? Comment vivez-vous la situation ?

C’est très frustrant! Mais dans mon cas la frustration encourage la créativité.

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Un grand merci à Aime Simone pour cette discussion et à Camille pour nous avoir donné la possibilité d’échanger !

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www.facebook.com/aimesimone
Photo © Letizia Guel

 

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Actuellement chargée de communication, je suis passionnée par les musiques actuelles. J'observe, j'écoute, j'interroge et j'écris.

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