Pendant le Printemps de Bourges, nous avons rencontré le groupe d’indie pop Québécois The Seasons ! Nous avons passé un agréable moment en sa compagnie, à discuter de son parcours, de ses attentes pour sa carrière en France, de ses projets…
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> Le 20 avril, vous avez sorti en France votre premier EP Velvet, est-ce le même que celui que vous avez sorti en Amérique et qui s’appelle Pulp ?
A quelques chansons près. On avait déjà sorti un album qui s’appelait Velvet, qui est plutôt le même à une ou deux chansons près, mais sinon Pulp, notre album complet, va sortir en France en septembre. L’EP s’appelle quand même Velvet mais on a essayé de changer les titres. Quant à faire ça sur un nouveau territoire, on s’est dit qu’on allait essayer quelque chose de nouveau, donc les chansons ne sont pas tout à fait les mêmes, elles sont prises de notre prochain album qui va sortir.
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> Comment s’est passée la composition de l’album ?
Les chansons sont toujours composées par Hubert et moi, Julien, les deux chanteurs du groupe puis quand la pièce est née on va l’emmener à Rémi et Samuel avec qui on va quand même travailler le son du groupe. C’est comme si Hubert et moi les composions mais qu’on donnait le style et la direction artistique à quatre.
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> Vous avez sorti tout récemment le clip d’Apples, là aussi il y a une version spéciale pour l’Europe. Pourquoi faire le choix de deux versions différentes ?
Il y avait déjà un clip qui était sorti depuis un moment en Colombie. On est déjà assez connus au Canada et au Québec et puis le clip était un peu une sorte de court-métrage, qu’on avait fait avec un réalisateur et on s’était dit que pour l’Europe, on est encore inconnus, ce serait bien de juste nous montrer. Ça a été simple, on est partis avec une amie, avec une caméra et en deux jours on a juste filmé des trucs dans notre ville natale, la ville de Québec. Et on a décidé de faire un petit clip pour l’Europe, plus à notre image, plus simple. Pour que ce soit mieux en tant qu’introduction. Pour le clip qui est sorti en Colombie, on se fait kidnapper et il y a des fusils, on ne voulait que les gens aient cette première image de nous. Mais on invite quand même les gens à regarder les deux clips. Parce qu’il y en a deux et c’est cool comme ça.
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> C’est quelque chose que vous referez plus tard, pour d’autres clips ?
Si on a le budget oui, pourquoi pas. (rires) On verra. Chaque chanson mérite une adaptation propre, donc on verra. S’il y a lieu de la faire, pourquoi pas.
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> Vous réfléchissez déjà à un nouveau clip ?
On aime toucher à toutes les sphères du groupe, que ce soit la musique, la mise en scène et le clip. C’est sûr qu’on est toujours en train de réfléchir à des idées. On a plein d’idées de concepts de vidéo-clip qu’on va surement faire. On les mets sur papier, on les écrits. Mais on ne s’est pas encore mis sur le tournage d’un autre vidéo-clip.
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> Votre répertoire sonne très années 60/70. Vous êtes super jeunes. Comment on arrive à ce genre de musique quand on a votre âge ? D’où ça vous vient ?
On ne sait pas. Ce n’est pas vraiment calculé. C’est sûr que oui on aime les années 60/70, mais aussi les années 80/90. Les années 2000 ça dépend. Lorsqu’on a fait notre musique, le but n’était pas de faire un album qui allait être en mémoire du passé. On n’a pas le discours de certains qui disent « la musique était meilleure dans le temps ». Non, on ne se dit pas ça, il y a de la très bonne musique aujourd’hui et il y avait de la très bonne musique dans le temps. Et puis ça vient naturellement. Je crois qu’il y a peut-être un truc qui fait en sorte que ça fasse ça, c’est qu’on est un groupe qui joue les instruments qu’on met sur l’album. Quand les gars composent, ils ne pensent pas nécessairement à essayer de composer des chansons qui sont années 60/70. Mais nous, quand on est quatre ensemble et qu’on écoute de la musique, ce qui nous plait ce sont des chansons qui ont été faites dans ces années-là, qui ont ce son là, avec de vrais instruments. Mais au niveau de la composition même de la chanson, on n’essaye pas de copier quoique ce soit. Mais après ça, c’est sur qu’on est influencés par les sons et puis les groupes qu’on a aimé. Nous on croit qu’une chanson peut être adaptée de plusieurs manières, les arrangements aussi. On prend beaucoup de temps à travailler les arrangements. Nos exemples ce serait des groupes comme Simon and Garfunkel et tous les groupes des années 60, même aussi les années 70 mais en même temps on ne se limite pas à ça, puis ce n’est pas un exercice de style de vouloir copier une année en particulier. C’est juste naturel. Il y a aussi beaucoup d’éléments dans l’album qui sont assez modernes : les sons de guitare par exemple. Il y en a qui ne sont pas des sons de guitare qui pourraient se retrouver dans les années 60 et qui sont plutôt des sons de guitare des années 90.
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> La pochette de votre album Pulp représente une pomme, cela fait un peu penser aux Beatles. Est-ce que justement c’est une de vos influences ?
En fait le concept n’était pas vraiment de représenter les Beatles. Le truc c’est qu’on a une chanson qui s’appelle Apples et qui est assez connue au Canada. Le concept c’est que la pulpe, on pense que ça vient de l’orange, mais c’est la partie savoureuse d’un fruit, donc toute la chair c’est la pulpe. Donc on voulait avoir une pomme coupée avec des trucs à l’intérieur donc c’est davantage pour représenter le titre de l’album que les Beatles.
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> Vos textes parlent beaucoup de l’idée de changement, est-ce que c’est quelque chose qui vous angoisse ?
Changement dans le sens évolution ? Parce qu’en fait il y a une expression en anglais qui résume bien l’album, c’est « uncoiling of age ». Ça veut dire une évolution, un avancement dans notre personne, en tant qu’humain. Les thèmes qu’on aborde ne sont jamais vraiment conscients. Hubert et moi (Julien), écrivons pratiquement en écriture automatique. C’est à dire que c’est vraiment au feeling, sans trop se poser de questions, on mets les mots qui nous paraissent bien. Après ça, on se recule, on note qu’il y a certains thèmes en commun tout au long de l’album. C’est vrai que le changement revient beaucoup, oui ça peut nous inquiéter, ça peut être quelque chose de troublant mais ça peut être un changement qui est bien aussi. Ça peut être le changement comme celui de la puberté. Il peut y avoir des changements comme celui où l’on passe de l’adolescence à l’âge adulte. Il y a des trucs qui peuvent être troublant, mais vraiment bien aussi. On essaye d’être assez neutres dans nos prises de positions. Quand on écrit on essaye de ne pas trop juger ou de ne pas trop être catégoriques et on essaye plutôt de regarder la chose sous le plus d’angles possibles. C’est un peu une façon de célébrer la complexité de la vie.
> Du coup vous vous inspirez plutôt de votre vécu pour écrire ?
Oui mais on ne raconte pas vraiment non plus d’histoires précises. Notre vécu va nous inspirer quelque chose qu’on va constater, qui est quelque chose de général et qui s’applique à plusieurs situations, plusieurs personnes. On a une chanson qui s’inspire de nous quand on était à l’école et qu’on n’aimait pas les clôtures qui nous empêchaient de sortir d’un périmètre. On parle d’un enfant qui veut devenir plus indépendant mais ça peut aussi être fait à propos de quelqu’un qui a la quarantaine et qui se rend compte qu’il n’aime pas son emploi et qui veut changer. Ce n’est pas limité à une seule expérience.
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> Le Printemps de Bourges est un festival assez symbolique en France parce qu’il y a beaucoup de professionnels. Comment vous sentez-vous par rapport au concert de ce soir ?
On se sent assez bien. On a hâte. Ça fait une semaine qu’on est arrivés en France et on a déjà fait quelques concerts mais je crois que ce soir ce sera notre plus grosse audience jusqu’à maintenant, donc on a hâte de montrer le côté scénique du groupe. On est très fébriles et on a beaucoup entendu parler du festival en bien, donc on est très contents. Même au Québec, les gens étaient impressionnés par le fait qu’on joue au Printemps de Bourges. Le festival a une vraie bonne réputation.
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> Vous êtes donc arrivés récemment à Paris, c’est votre toute première fois ? Et vous vous sentez comment face à votre venue en France ?
Oui ! On adore ça. On adore la France, la culture et puis c’est pas si loin de la ville de Québec quand même, donc on se sent un peu chez nous.
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> Nous avons lu que vous pensiez que la France était un passage capital pour les groupes du Québec, pourquoi pensez-vous ça ?
A cause de la langue. On a des relations de cousins-cousines. Il y a beaucoup d’artistes qu’on connait, qui sont Québécois et qui sont venus ici, comme Peter Peter, Pierre Lapointe qui a joué ici. C’est comme un passage que beaucoup d’artistes prennent et nous on est contents d’y aller aussi. Puis en même temps, on aime beaucoup de musique française. On ne sait pas si vous, vous en êtes conscients, mais il y a toujours eu, au Québec, un souhait pour les artistes d’explorer la France. Ça n’arrive pas à tout le monde mais beaucoup essaye. Donc oui, c’est un peu culte la France, pour les artistes Québecois. Même si nous on chante en anglais.
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> Vous aimeriez chanter en français une fois ?
On verra, on ne se ferme pas. Par contre, en ce moment, on est bien dans ce qu’on fait. Mais, qui sait. Le futur nous le dira.
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Merci à The Seasons pour nous avoir accordé cette entrevue !
theseasons.mu
www.facebook.com/canyouhearthemusic
Pochette © Jonathan Robert Artwork
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