Pendant Le Printemps de Bourges, nous avons eu l’occasion d’échanger avec le groupe français Eagles Gift ! Nous avons parlé du deuxième album, de son passage au Texas et de sa collaboration avec Brett Orrison, mais aussi de ses projets à venir.
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> Vous avez créé le groupe en 2013, puis vous avez sorti un album, joué aux Transmusicales de Rennes, au Printemps de Bourges… tout s’enchaine plutôt bien non ?
Oui, c’est assez rapide. Ça s’enchaine un peu trop bien. On a de la chance, surement, un petit peu. Un bon karma.
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> Vous avez sorti votre premier album en décembre 2013, après vous avez lancé une demande de participation collaborative avec la plateforme Kisskissbankbank, qui s’est terminée en juillet 2014. Du coup, vous en êtes où du deuxième album, puisque la demande de participation était pour ça ?
Oui, la participation c’était pour l’enregistrement de l’album, qu’on a enregistré juste après le Kisskissbankbank, l’été dernier. Là, il y a encore du mixage et des retouches à faire sur l’album donc c’est encore en cours de travail. La sortie potentielle, c’est fin octobre. Donc voilà, ce n’est pas encore terminé. On prend notre temps. L’idée c’était aussi de trouver une structure pour le sortir.
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> Et vous l’avez trouvé ?
Pas encore. On a des pistes. On compte sur le concert d’aujourd’hui au Printemps de Bourges et ceux des prochains mois.
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> On peut en savoir un petit peu plus concernant cet album ? Un nom… ?
Les morceaux qu’on va jouer ce soir sont sur l’album. On les joue déjà en concert pour que le live soit prêt à la sortie de l’album. Mais il n’y a rien de disponible sur le net pour l’instant. On a sorti un clip aujourd’hui, mais c’est pour un titre qui était sur une compilation et qui ne fera pas partie de l’album.
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> Ce morceau dont vous parlez, c’est celui que vous avez sorti pour la compilation Levitations ?
Exactement !
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> Expliquez-nous un peu comment s’est déroulé l’enregistrement du premier album puis du deuxième.
Le premier album a été enregistré par nos propres moyens, chez nous, à Angers. Pour le deuxième on a aussi enregistré à Angers mais avec Brett Orrison, le technicien son des Black Angels, qui vient du Texas. On n’a pas enregistré chez lui, c’est lui qui est venu. A la base on devait enregistrer au Texas mais c’était plus simple de le faire venir, ça faisait moins de billets d’avion. Et on a un studio sur Angers qui a ouvert entre temps et qui est très bien.
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> Vous avez quand même été au Texas, pour un festival. Vous avez partagé l’affiche avec les Dandy Warhols et les Black Angels justement, cela a du être une expérience incroyable ?
Oui. C’était incroyable. Il y a eu beaucoup de choses, on ne s’en souvient plus trop. (rires) On n’a pas réalisé. C’est aller très vite. On est arrivés, on a directement pris nos marques là-bas. Et on n’est pas restés si longtemps que ça non plus. C’était assez court mais par contre oui, c’était intense. On a eu des retours assez bons là-bas, voire même excellents sur les magazines, le public… On savait qu’on serait à la hauteur mais bon, on avait un petit peu de pression et en fait ça l’a vraiment très bien fait, on a eu un super accueil. Plein de choses ont suivi dont Brett Orrison des Black Angels qui nous a proposé après de produire l’album. Donc oui c’était beaucoup de choses, les artistes étaient assez proches de nous aussi. On a discuté avec les Dandys Warhols assez facilement. Il y a une ambiance assez particulière sur ce festival là.
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> Une ambiance assez différente de la France ?
Oui. Déjà c’est un style de musique assez à part. Et l’ambiance du festival là-bas, que ce soit au niveau de l’accueil du public, l’accueil des artistes… les gens sont vraiment très ouverts et c’est assez agréable d’être dans ce genre d’environnement. C’est très différent des festivals plus classiques. C’est super agréable.
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> C’est plus facile pour un groupe français d’aller s’intégrer à un festival américain que pour groupe américain de venir s’intégrer à un festival français ?
Pas forcément, c’est vraiment une question de style, parce que les américains sont souvent très contents de venir en Europe car ils trouvent que les conditions d’accueil sont supers par rapport aux États-Unis, où c’est toujours plus rude là-bas. Mais c’est aussi plus leur culture musicale donc c’est vrai que nous on part quand même avec quelques petits points de retard, quand on commence un groupe, parce que ce n’est pas franchement notre culture profonde, en France, ce genre de musique. Alors qu’eux c’est beaucoup plus naturel, donc c’est vrai que tous les groupes qu’on a vu là-bas, même Rhoff et tout, il y avait un niveau vraiment excellent. C’est pour ça qu’on avait un peu la pression aussi.
> Vous venez d’Angers. Il y a plusieurs autres groupes français connus qui viennent aussi d’Angers, comme Pony Pony Run Run… Vous pensez qu’il y a une vraie dynamique musicale au niveau de votre région ?
Oui carrément. On pense plus à des groupes un peu plus anciens, comme les Thugs, qui est un groupe de rock qui a bien fonctionné. Donc il y a eu une scène très dynamique. Après, du temps des Pony, je pense qu’il n’y en avait pas tant que ça non plus. Mais ça se redynamise. J’aurais plutôt dit dans les années 80, après il y a eu un petit creux et là actuellement, il y a peut-être un retour à cette réputation qu’avait Angers. J’ai entendu dire qu’à une époque c’était dans le top 3 des villes rock de France dans les années 80. Mais ce n’était plus le cas ensuite, même à l’époque des Pony Pony Run Run. On avait quand même perdu un petit peu de la réputation. Après Nantes est toujours restée une ville importante, Rennes aussi. Mais Angers, non, c’était assez calme ces dix dernières années. Là ça commence à se redynamiser. Depuis un an ou deux, il y a pas mal de nouvelles choses. Il y a des studios, des groupes, des collectifs, des labels qui se créent.
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> Il y a le Chabada. Ça doit pas mal aider d’avoir une structure comme ça dans une ville non ?
Oui, surtout pour la taille de la ville en fait.
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> Pour en revenir à votre collaboration avec Brett Orrison, comment celle-ci s’est passée ?
Comme les gens pendant le festival étaient très abordables, lui aussi en fait. C’est vraiment quelqu’un de très simple. Et même plus que ça. En plus, on n’avait pas vraiment des moyens énormes donc on l’a payé pour sa prestation et le billet d’avion mais après niveau logement, c’était un petit peu juste mais je lui ai prêté mon appartement et tout, donc c’était des conditions un peu rustiques et lui ça ne l’a absolument pas gêné. Il était vraiment ravi de venir en France, parce que je crois qu’il apprécie aussi le pays. Donc ça s’est très très bien passé. Il était très sympa et très patient avec nous. On a fait des journées de dix heures, parce qu’on avait quand même une assez courte période. On a fait l’album en une semaine. On a fait des grosses journées, on dormait très peu et ça ne l’a pas dérangé. A la fin il avait même la crève sur les deux derniers jours mais il y allait quand même, il enregistrait. Il donnait plein de conseils donc non il a vraiment fait son boulot à fond.
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> Il vous donnait des conseils mais il vous laissait aussi pas mal de libertés ?
On a eu assez peu de temps donc on n’a pas pu trop expérimenter, là c’est plus sur la phase justement en ce moment où on travaille quand même des choses post-enregistrement. On a été vraiment efficaces sur les six jours qu’on a eu d’enregistrement. Donc on a fait ce que nous on avait travaillé et il a plutôt fait la production de son, c’est à dire le chant vraiment, les micros qui allaient bien, le matériel qui allait bien pour enregistrer. C’est plutôt là-dessus, là nous on n’est pas compétents du tout.
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> Et pour un prochain album, vous aimeriez bien prendre davantage de temps pour expérimenter ?
Oui c’est sur. C’est vrai qu’enregistrer sur une courte période c’est un bon défi. C’était bien de le faire à ce moment-là. Après c’est quand même pas facile. Parce que c’est enchainer six jours comme ça, alors que la création c’est quand même quelque chose d’un peu abstrait. C’est un peu rapide oui mais c’est à faire une fois, mais pour les prochains on reviendra à un truc avec plus de temps oui.
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> Comment vous fonctionnez au sein du groupe ? Qui apporte la première idée ?
C’est moi Romain. En fait j’ai lancé le groupe avec des morceaux déjà existants. Du coup on est restés sur cette dynamique parce que ça a marché tout de suite. Au début je composais tout seul, parce que j’étais tout seul et qu’ils m’ont rejoints ensuite, donc il y avait déjà quelques morceaux créés. Du coup on a refait un peu pareil pour le deuxième. On verra comment on fait par la suite.
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> A la base, on a lu que tu étais plutôt style rock garage, punk, comme tu en es venu à faire du psyché avec Eagles Gift ?
En fait, j’en ai pas trop écouté. C’est vrai que sur Angers, au Chabada j’ai pas le souvenir d’avoir vu beaucoup de concerts psyché dans la programmation depuis que je vais y voir des concerts et j’en écoutais pas non plus, mes parents n’étaient pas de cette culture-là. C’est vrai que je n’ai jamais eu vraiment l’occasion de découvrir. Et un jour au Chabada, j’ai vu un groupe qui s’appelle Crocodiles, un groupe New-Yorkais, qui avait justement, ce jour-là, beaucoup forcé sur le côté psyché, effets très réverbérés. Et en fait j’avais vraiment adoré. Il y en avait beaucoup dans la salle qui n’avait pas aimé le concert mais moi j’avais trouvé ça super intéressant et de là, je suis parti de ce groupe là et j’ai écouté des groupes similaires. Je suis revenu sur des références beaucoup plus anciennes. Voilà, je ne connaissais pas tant que ça ce style et j’ai découvert. Les gars eux, par contre, étaient déjà des aficionados, plus que moi quand ils m’ont rejoints.
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> Tu avais aussi un projet parallèle, Scarlet. Ça tourne encore ?
Il y a eu une pause parce qu’Eagles Gift a pris pas mal de temps et d’autres projets aussi qui ont démarré. Mais là on a re-composé un album qui sortira à la rentrée aussi. On change un petit peu de direction, ce sera moins rock garage mais plus rock western on va dire, un peu blues.
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> Il y a d’autres membres qui ont des projets parallèles ou tu es le seul dans le groupe ?
Non non, ils ont tous plus ou moins des projets.
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> Et ce n’est pas compliqué de tout gérer en même temps ?
Non, ça fonctionne plutôt bien. Des fois il arrive qu’on ait des semaines assez complètes, tu joues avec trois groupes différents, dans trois villes différentes donc c’est un peu… Mais non ça va, ce n’est jamais trop la faute d’un groupe qui nous empêche de faire des dates. C’est plutôt les mariages. (rires)
> Le nom du groupe est le titre d’un roman de Carlos Castaneda, un auteur américain qui parle beaucoup de ses expériences chamaniques et dont tu t’es inspiré pour l’univers et les textes du groupe. Il y a d’autres auteurs qui t’inspirent ?
Oui. Huxley, un petit peu, j’aime bien. Mais c’est vraiment Castaneda où j’ai vraiment accroché. C’est pareil, je ne lisais pas tant que ça ce genre de bouquins, qui sont en même temps un peu des romans et en même temps des expériences vécues. Et en fait j’ai lu vraiment toute la série de Carlos Castaneda, six ou sept bouquins. J’ai vraiment bien aimé le style même si sur la fin ça devient vraiment bien barré. Et voilà, j’ai accroché à ce truc-là mais sans être un fan non plus.
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> Il y a d’autres choses qui vous inspirent pour votre musique, en dehors de la littérature, en cinéma, art graphique… ?
Oui, il y a Jodorowsky, les films un peu New-Age. David Lynch aussi.
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> Après le Printemps de Bourges, vous avez d’autres festivals prévus pour cet été ?
Avant l’été, il y a quelques dates. On sera à Paris, au Point Éphémère, le 18 mai. C’est aussi une date importante pour notre recherche de label.
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> Il y a un label qui vous plairait ?
Oui ! Il y a quelques pistes déjà. On a plus ou moins un label américain avant d’avoir un label européen. Mais ça n’aide pas forcément pour la sortie. Il faudrait qu’il y ait une sortie plutôt dans notre pays, logiquement c’est ce qui se vendra le mieux en premier. Donc on y travaille.
Merci à Eagles Gift d’avoir répondu à nos questions !
www.eaglesgift.fr
www.facebook.com/eaglesgiftmusic
Photos © Laure Clarenc