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Hop Pop Hop 2020 : rencontre avec KITCH

 À l’occasion du festival Hop Pop Hop qui s’est déroulé mi-septembre à Orléans (45), nous avons rencontré le groupe lyonnais KITCH. Jeune groupe plein de promesses, KITCH nous a parlé de ses projets, de son ressenti face à la crise actuelle, de son organisation interne… Un échange riche, qui nous permet d’en savoir davantage sur ce projet qui devrait rapidement faire parler de lui !

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   > Vous avez lancé les festivités du deuxième jour du festival Hop Pop Hop, pas trop difficile de jouer à 14h30 en festival ?

Léo : Un peu dur et il fait chaud… Mais ça fait du bien de jouer devant un public. Rien que de faire un concert, c’est super cool.

Dany : On ne va pas se plaindre, c’est un concert, on a refoulé la scène !

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   > Vous avez sorti votre nouvel album quelques jours avant l’annonce de confinement. Est-ce que vous avez été contraint de changer vos plans ?

Léo : Complètement. Nous avions de la promo, des concerts. Nous devions défendre ce disque. Mais au final nous ne sommes retrouvés comme tout le monde : enfermés. Mais nous avons mis ce temps à profit pour travailler tous les quatre.

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> En parlant de suite, il semblerait que vous prépariez déjà un nouvel album. Ce projet été-t-il déjà prévu avant la crise ou l’inspiration est plutôt venue avec le contexte ?

Léo : Inspirés, peut-être pas mais nous nous sommes dits que nous allions profiter de cette période et de l’annulation des concerts pour composer.

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   > Et où en êtes-vous de cette nouvelle production ? La sortie est-elle prévue pour 2021 ?

Dany : Nous cuisinons, nous papotons. Et la sortie est prévue pour 2021 oui.

Léo : Calame est sorti en mars 2020 ; nous partons sur un album par an. Nous avons déjà bien avancé sur le prochain, nous avons fait les tests que nous voulions faire. Nous avons déjà été en studio, puis nous sommes repartis. Nous allons continuer à travailler de notre côté, tous les quatre, puis nous retournerons en studio… Nous avons la chance d’être accompagné par un studio qui s’appelle La Kasa Nostra, avec Maël qui nous produit et travaille avec nous. C’est aussi un ami proche et il sait exactement comment nous faire travailler. Il a ses idées sur la manière dont nous devons faire les choses et nous sommes très attentifs à la façon dont il pense et voit, ce troisième album.

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  > Calame est un deuxième album assez particulier, dans le sens positif du terme. Quand nous écoutons la deuxième piste Oiseaux puis la dernière, qui est un morceau rap, le changement est surprenant. Alors comment avez-vous construit cet album ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

Thomas : La réalisation de cet album a provoqué beaucoup de transpiration, aussi bien physique qu’humaine. Nous avons vraiment avancé en même temps que l’album. Oiseaux, Transports… tous ces titres qui sont des « interludes » appellent aussi le public à écouter d’autres sonorités, d’autres délires. Léo se dirige beaucoup vers des méthodes de mix, de travail autour du son, du grain… ce sont des choses que nous avons envie de développer et que nous sommes d’ailleurs en train de travailler pour le troisième album. Ce sont des morceaux qui appellent vers d’autres univers.

Léo : Calame nous correspond vraiment à tous les quatre.

Dany : Exactement et c’est aussi bien du rire que de l’exploration. Et la dernière piste plus rap est une track cachée. Nous l’avons créé parce que le rappeur est un copain et que nous adorons son univers. Nous nous croisons souvent en studio et cela faisait longtemps que nous parlions de faire un morceau ensemble. Lui a envie de quitter ce monde du rap où les formules sont toujours un peu les mêmes et nous, nous avons vraiment envie d’aller vers d’autres choses. Nous sommes en train de papoter ensemble.

Thomas : Ça papote beaucoup en fait.
Léo : On s’inspire beaucoup de cette scène hip hop, nous avons envie d’aller au contact avec eux, de comprendre la manière de fonctionner des artistes hip hop. La manière de concevoir, de composer, d’écrire le rap est très proche du rock. Les Beatles fonctionnaient déjà comme ça dans les années 60 et nous avons vraiment envie d’aller chercher ça, d’aller trifouiller…

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   > KITCH n’est donc pas qu’un simple groupe de rock. Alors KITCH, c’est quoi pour vous ? Comment vous définiriez-vous ?

Dany : On va dire… rock alternatif.

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   > Dans le groupe vous êtes quatre, comment vous organivez-vous ? Qui amène les premières idées ? Qui tranche ?

Thomas : Tous les quatre nous nous enfermons souvent ensemble, pour nous amuser, jamer… Plus souvent ce sont Léo et Dany qui ramènent des riffs de guitare. Nous travaillons dessus et Adrien ramène aussi ses idées. Nous créons vraiment tous les quatre.

Léo : Ensemble, nous ne faisons pas que de la musique. Nous partageons beaucoup de choses. Nous vivons ensemble, nous écoutons beaucoup de musique ensemble. Nous échangeons sur le cinéma, la musique… Et l’inspiration vient de là. Et comme l’explique Thomas, tout part souvent d’un riff de guitare parce que c’est la base dans un groupe de rock mais cela va plus loin. Nous avons maquetté des choses pour le troisième album mais à la fin les titres n’auront plus rien à avoir avec les maquettes parce qu’il y a vraiment ce processus de création à quatre.

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   > Vos concerts sont assez différents de ce qui ressort des enregistrements. C’est plus intense, plus énergique… Est-ce un choix ? Un parti pris de vouloir faire autrement, autre chose, sur scène ?

Thomas : Nous essayons de différencier. Nous en parlions tout à l’heure, Léo arrive sur des techniques de mix qu’il nous a apporté en studio, que nous avons combiné avec le travail de Maël. Nous nous cassons vraiment la tête sur des prises de son etc. Le live est un autre exercice donc nous essayons de différencier les deux. Cela demande du travail. Mais oui, ce sont deux approches complètement différentes.

Léo : Le studio c’est le labo. Sur scène nous n’arrivons pas forcément à nous contenir (rire) donc c’est plus pêchu. Un morceau comme Updown, l’avant dernière piste de l’album, qui est très calme, très trip hop, avec des boîtes à rythme, sur scène il devient plus rock et la fin est épique. Nous avons envie d’envoyer et cela vient tout seul.

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   > Une préférence entre le studio et live ?

Thomas : Ce sont deux boulots différents.

Dany : Et nous avons tous un avis différent.

Léo : Le studio à quelque chose de mystique. Celui de Maël est dans une cave dans le vieux Lyon. Il est atypique. Et ce sont des moments précieux.

Thomas : Moi j’aime beaucoup le studio. Mais sur scène il y a une autre liberté. Avec KITCH nous sommes vraiment sur un 50/50. Pour d’autres projets, la préférence pourrait être le studio mais pas avec KITCH.
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   > Nous parlions de cinéma tout à l’heure. Vous avez produit un mini-documentaire pour la sortie de Calame. D’où est venue cette idée et pourquoi ? Est-ce que le visuel a une importance particulière pour vous ?

Dany : Carrément. Et d’ailleurs gros big up à Rémy Badout qui nous a suivi. Cette idée de documentaire est venue lors de la première résidence de création de Calame. Rémy, qui est photographe, nous a accompagnés, il avait du matériel et à la fin, nous nous sommes rendus compte qu’il avait des rush et qu’il fallait les exploiter. Nous sommes un jeune groupe, nous commençons tout juste et nous sommes encore en train de chercher notre image, de définir là où nous voulons aller et quoi dire. Donc nous faisons des essais.

Léo : C’est vraiment une idée de Rémy, qui s’était inspiré d’un documentaire qui avait été réalisé sur Foals. Au début, cette idée de documentaire nous parlait pas vraiment, c’était particulier d’envisager un documentaire, des interviews, de parler de nous sur quelque chose que nous sortons nous-même… C’était un peu « trop » pour nous. Mais quand Rémy nous a montré les premiers rushs nous avons découvert autre chose. Il a tourné différemment, il a aussi vraiment réussi à retransmettre l’ambiance qu’il y avait lors de cette résidence et le lieu était assez mystique. Finalement l’excercice nous a plu.

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   > Tout à l’heure, Dany, tu disais que vous étiez encore en train de vous chercher, dans votre image, dans votre propos… Pour toi et pour tout le groupe, la musique doit-elle forcément faire passer un message ? C’est quelque chose qui doit vous permettre de prendre la parole, de revendiquer ?

Dany : Je vais parler à titre personnel. Je vais avoir des idées mais je ne vais jamais imposer ces idées aux trois copains. Bien sûr nous avons des choses à dire, nous en parlons, nous sommes touchés, sensibles, mais nous n’allons pas non plus aller trop loin dans la tête de l’autre. Nous sommes plutôt dans la recherche d’une atmosphère qui va pouvoir créer une bulle. Et nous sommes jeunes, donc nous nous cherchons et je trouve que nous commençons à être sur une bonne lancée. Nous avons confiance en nous, nous nous aimons… Tout permet de nous dire que cela fonctionne bien.

Léo : Nous sommes très contents de ce que nous commençons à avoir pour le troisième album.

Thomas : Oui, nous sommes vraiment en train de travailler sur un troisième album qui nous rend un peu fiers (rire).

Léo : On commence à se dire que nous touchons du bout du doigt quelque chose qui nous intéresse.

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   > Alors le futur, comment l’envisagez-vous ?
Léo : Nous travaillons sur le prochain album. Nous pensons résidence, création, studio. Nous avions des concerts qui étaient prévus mais la situation est compliquée actuellement, les dates se calent puis s’annulent… Donc pour le moment c’est studio, travail et faire de la musique.
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.   > La situation actuelle ne vous fait pas peur ? Cela ne vous effraye pas de vous lancer actuellement ?

Dany : Ce serait mentir de dire que nous n’avons pas peur. Nous faisons des sacrifices. Ce n’est pas anodin de dire que nous nous lançons dans la musique. Mais nous sommes ensemble, nous commençons aussi à grandir ensemble. Cela fait peur mais on le fait quand même.  Les choses évoluent tout le temps… Nous nous adapterons.

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Merci à KITCH pour cette interview !
Photo © Laure CLARENC

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www.facebook.com/KITCHofficiel
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Actuellement chargée de communication, je suis passionnée par les musiques actuelles. J'observe, j'écoute, j'interroge et j'écris.

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