Samedi 13 juillet 2019, jour 2 au festival Terres du son. Pour bien démarrer l’après-midi, nous retrouvons les Tourangeaux Aiôn avant leur concert sur la scène Propul’son. Un échange qui nous a permis de découvrir comment on réussit à réunir huit personnes, du rock et du classique au sein d’une même formation…
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> Bonjour Aiôn, merci d’être avec nous. Pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs ?
Jean-Loïs Fournier (guitare) : On s’appelle Aiôn, ce qui veut dire « le temps ». Le temps, c’est une notion qui nous plaît pas mal, tant sur le côté philosophique, que physique. C’est du grec ancien, c’est le temps qui se partage en trois ; Aiôn, Kairos, Chronos. Et ça nous plaisait. Niveau musique, c’est l’union entre l’énergie rock-pop et la musique de chambre. Ce n’est pas un groupe de rock qui invite de la musique de chambre, c’est un seul et même groupe. Dans l’orchestration, il y a guitare-basse-batterie-chant pour le côté rock, et violon-violoncelle-cor-tuba-piano pour la partie plus acoustique.
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> Le groupe s’est formé en 2014, et vous travaillez actuellement sur un premier album. Pourquoi ne pas avoir sorti d’opus en cinq ans ?
Jean-Loïs : C’est tout simplement pour parvenir à trouver la ligne directrice du groupe ; pour être une équipe qui va dans la même direction, avec les mêmes idées en tête. Et surtout, il s’agit de prendre le temps de vraiment réfléchir sur ce qu’on veut faire et comment le faire.
Jéremie Denimal (chant) : Et puis, il y a quand même eu la grosse première moitié de l’existence du groupe, où on a travaillé le son. Parce qu’il y a des instruments très acoustiques, et à côté la batterie qui fait beaucoup de bruit. Ça a été long avant de trouver un équilibre de son.
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> Et comment vous faites pour travailler tous ensemble, pour gérer la diversité des instruments, et surtout pour mettre tout le monde d’accord ? Car vous êtes nombreux…
Jérémie : Les choix artistiques sont faits avant ; c’est Jean-Loïs qui compose la musique. Puis, j’écris les paroles ; je suis le chanteur. Et ensuite, on joue.
Jean-Loïs : Après, il y a des choses qui sont réarrangées en répétition, mais la musique est déjà écrite avant. Ce qui est à travailler c’est l’équilibre entre le côté électrique, fort, et acoustique ; c’est arriver à faire se rencontrer ces deux entités.
Géraldine Bisi (violon) : Il s’agit de faire en sorte que chaque voix ne soit pas écrasée, et que la balance de chaque instrument soit faite.
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> Est-ce que l’album va être enregistré dans des conditions live ?
Jean-Loïs : Tout à fait, on va essayer de privilégier le live pour garder l’énergie qu’on a en concert et tout particulièrement l’énergie de la musique de chambre, c’est-à-dire de l’instant. Il faut arriver à faire jouer les gens ensemble, et non les uns après les autres.
Jérémie : Plein de groupes en studio refont les prises ; quand il y en a une de pas bonne, on la vire. Mais nous, j’imagine que ça va être du live à 95%, ou des bouts de live ensemble. On n’a pas le choix.
Géraldine : Chaque moment correspond à une atmosphère différente. On reproduit les notes, la justesse, la musique, mais chaque instant est unique ; on ne produit jamais pareil.
Jérémie : C’est aussi pour ça qu’on a mis énormément de temps avant de faire des concerts et d’enregistrer l’album ; c’est le temps que tout ça fonctionne.
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> Chaque instant est très différent et chaque musique aussi, même sur la façon de chanter, comme on le voit sur John Doe et Dream of I on me. Ce dernier se rapproche presque du rap dans la manière de poser la voix… Est-ce que vous allez explorer d’autres styles dans les prochaines chansons ?
Jérémie : Oui, c’est vrai qu’il y a un truc comme ça… Peut-être que dans certains morceaux il y a un chant plus parlé, mais pas rap, avec une voix un peu plus grave.
Géraldine : Notre chanteur a une palette sonore sensuelle ! (rires)
Jérémie : Effectivement, parfois il y a quelque chose de plus posé, de plus dramatique, de presque conté.
Jean-Loïs : J’ai envie de dire que c’est un peu l’avantage d’avoir un groupe où on est nombreux parce que ça réunit plein d’influences et d’envies différentes, et du coup plein d’esthétiques qui se retrouvent dans les morceaux.
> Pour faire ce premier album, vous vous êtes tournés vers le financement participatif. Un choix très certainement budgétaire. Mais était-ce aussi, pour vous, une façon d’impliquer davantage votre public dans ce projet ?
Géraldine : Tout à fait, oui !
Jérémie : Moi, je me suis fait engueulé par ma mère parce que je ne lui avais pas dit… (rires) Elle va sur Facebook de temps en temps, et effectivement, elle n’aurait pas été au courant si elle n’y était pas allée…
Jean-Loïs : Je trouve ça essentiel de faire participer le public. D’autant plus à l’époque des réseaux sociaux où le public fait partie de la musique. Donc, autant l’intégrer le plus possible au projet, à nos envies et à nos besoins.
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> Est-ce que vous vous sentez également soutenus par les infrastructures locales ? Vous êtes lauréats du dispositif Télescope de Jazz à Tours. Dans quelle mesure cela vous aide-t-il ?
Jean-Loïs : Ça nous aide beaucoup car ça nous permet de rencontrer des gens. On a pu faire un stage avec des intervenants. Il nous a permis d’expérimenter des choses et de peaufiner encore plus notre son et notre disposition scénique ; de rentrer dans des détails pour que ça soit d’autant plus pertinent. Et, ça nous permet aussi de rencontrer d’autres groupes, ceux du festival, et d’avoir accès à des professionnels et des acteurs de la musique de la région, et donc d’avoir une exposition grâce à ce dispositif.
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> Vous avez travaillé sur un projet pédagogique avec des écoles. Est-ce que cela rentrait dans le cadre de ce dispositif Télescope ?
Jean-Loïs : Non, c’est un projet en-dehors. On a travaillé avec l’école de musique de Chambray-les-Tours et avec des écoles primaires aux alentours. On a fait venir les élèves sur un orchestre en même temps que nous, ainsi qu’un chœur d’enfants. On a également fait des interventions sur des formations musicales à l’école de musique de Chambray-les-Tours pour qu’ils composent des bouts sur notre musique. Et ils ont pu le restituer sur scène. C’était assez extraordinaire pour nous, car on a pu faire nos morceaux avec une centaine d’élèves autour de nous, ce qui a donné lieu à des morceaux orchestrés de manière encore plus grandiose.
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L’interview touche malheureusement à sa fin, mais nous espérons pouvoir, un jour, découvrir en vidéo cette restitution scénique. Merci Aiôn pour cet agréable échange !
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Photos © Laure CLARENC pour Can You Hear The Music ?
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