HomeInterviewsPrintemps de Bourges 2019 – Rencontre avec Catastrophe

Printemps de Bourges 2019 – Rencontre avec Catastrophe

Le Printemps de Bourges comporte son lot d’échanges passionnants. Exemple avec notre interview sur la création avec le groupe Catastrophe !

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   > La mélancolie est-elle pour vous un moteur à la création ?

Arthur : La mélancolie peut être un indicateur, elle n’est jamais innocente, contrairement à la colère.

Pierre : Par exemple quand Notre Dame de Paris a brulé, j’ai ressenti une forme de mélancolie. Je me suis dis : il y a un matériau, un terrain d’exploration, l’image de la cathédrale trouée après une catastrophe est une image hyper intéressante. La mélancolie est une sorte de détecteur, comme un détecteur de métaux, ça « bip » et l’on se dit qu’il y a quelque chose à creuser.

Carol : Je pense qu’en terme de création la mélancolie est intéressante que si elle est équilibrée, que si elle est un trampoline. La mélancolie peut être contre productive si on ne s’en sert pas pour rebondir ! Il ne faut pas rester hagard face à la mélancolie, il ne faut jamais s’arrêter, rester en mouvement.

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   > Pensez vous que l’on peut changer la perception grâce à l’angle choisi ?

Pierre : Oui bien sur. Pour donner un exemple précis sur l’un des morceaux en live, je demande aux gens quand je claque des doigts de penser à leur premier souvenir sur terre, et tout a coup avec cette phrase cela change l’angle de perception de musique. Les gens vont avoir un autre éclairage de la musique. 

Blandine : On essaye d’être toujours en rupture de registre, de changer d’angles en permanence, comme briser un instant mélo pour créer un kaléidoscope de sensations.

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   > On perçoit une différence entre l’album et les live, comme une distance brisée, un mur tombé…

Arthur : Exactement. Quand on a abordé l’album c’était un travail précis, de studio, et on arrive sur scène avec cet objet. Après, on l’a transformé, dorénavant notre façon d’écrire est nourrie par le live.

Pierre : Nous sommes aujourd’hui quelque chose de complètement différent de la base. Pour le prochain projet nous aimerions inverser le processus, c’est à dire partir du collectif, du live pour ensuite le figer sur le disque.

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   > J’ai lu que vous puisez dans vos rêves pour créer, est-ce vrai ?

Carol : Je note mes rêves depuis longtemps. C’est un matériau fantastique de l’absurde. Ça nous sert parfois sur un plateau des images qui ne seraient jamais venues. 

Blandine : Ce qui est intéressant dans les rêves c’est que ce n’est pas que de l’absurde, il y a une gravité également. Il y a des enjeux dans le rêve. Cela permet de travailler sur le décalage sans rester inconséquent.

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   > Pensez vous que les artistes sont des vampires qui se nourrissent de leur public ?

Blandine : Oui dans le bon sens du terme, dans le sens « échanges ».

Pierre : On croit dans le vampirisme de tout, pas seulement du public mais aussi en terme de création. Tout ressort, les mélodies, les silences, une mèche de cheveux… Après c’est un processus de digestion assez organique en faite. Mais quand on prend on n’enlève pas, cela reste un partage.

Carol : Nous avons un rituel avant de monter sur scène qui consiste à mettre nos énergies en commun pour créer ensuite une sorte de pot d’énergies dans lequel chacun pourra puiser.

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Un grand merci à Catastrophe pour cet échange riche et passionnant !

Photo © Rod Maurice.

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Jeune homme de 43 ans (argh) cinglé de cinéma et de musique, j'aime partager et transmettre mes pépites et autres découvertes ! mes goûts peuvent aller de Wagner à NTM tant que la musique m'apporte une émotion ....

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