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Printemps de Bourges 2018 : Rencontre avec Feu! Chatterton

Retour sur notre échange avec Feu! Chatterton à l’occasion du Printemps de Bourges 2018 !

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   > Vous sentez vous comme des fils de Jacques Higelin, est-ce que vous vous sentez orphelins ? Avez prévu un hommage pour ce soir ?

On se voit plus comme ses neveux, c’est une sorte de grand oncle un peu étrange, comme on ne voit pas tous les jours. Il a été un grand défenseur d’un rock français fantasque et exigeant dans l’exécution. C’est une musique  dont nous sommes proches. En live il y a comme une urgence, c’est ça le vrai rock français, c’est pas un rock imité anglo-saxon, c’est vraiment cette folie. Voila pourquoi on l’aime en particulier, pour les années 70, l’expérimentation, l’audace. Et avec la tournée actuelle nous n’avons pas préparé un morceau satisfaisant et nous avons besoin de travailler en amont, donc là nous ne chanterons pas de chanson du grand Higelin.

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   > Et les chanteurs plus âgés sont-ils attentifs à la nouvelle génération ?

Oui nous avons collaboré avec Bernard Lavillier ou Christophe, beaucoup sont à l’écoute des jeunes générations, cela nous impressionne qu’ils soient encore sincèrement touchés. Christophe continue à passer énormément de temps sur le net pour rester alerte.

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   > Et vous où se trouve votre « terrain de chasse » de talent ?

Le net également. Beaucoup pour le rap, la scène hip hop d’ aujourd’hui. Nous sommes vraiment impressionnés par le travail du son, des basses, on ressent d’ailleurs des influences dans notre disque.

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   >  On vous retrouve ici après un passage il y a quelques années dans les iNOUïS. Est-ce-que Bourges est un peu spécial pour vous ?

Oui c’était un 22, il était midi, on sent le festival de pro, déjà jouer à midi c’est bizarre et face à des pros qui se sont couchés tard c’est encore plus étrange. Ils te regardent comme à travers une glace : « t’aime, t’aime pas toi ? mouais ça a l’air pas mal »  et ça c’est paradoxal, on peut pas préjuger de ce que pense un public de pro. On était parti en vainqueur parce qu’on avait eu un petit article dans Metronews, on était content, c’était hyper important. Là bien sur on arrive plus confortablement, mais il y a toujours cette pression ici, on est content car c’est une étape de passé. La musique c’est pas prouver c’est partager, t’aime t’aime pas c’est pas grave, il faut être intransigeant, intègre simplement.

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   > Vous avez fait une longue tournée, avez-vous eu le temps d’écrire ou faut-il du temps pour s’apaiser, retrouver un rythme ?

Non impossible, on l’a tellement pris en pleine face la première tournée, on est pas des musiciens professionnels. On a appris le métier sur le tas, on a mis quelques semaines à faire redescendre la pression et retrouver l’émerveillement. Nous nous sommes remis dans les mêmes conditions que le premier album, nous avons loué un deux pièces à Paris, on a mis tout notre matériel et nous nous sommes isolés deux mois.

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   > Le groupe Brigitte dit que c’est une histoire de couple un groupe, quel couple êtes vous ?

On est comme tous les couples, on est capable de s’engueuler comme des frères parce qu’on sait  que le lien du sang n’est jamais rompu, on est comme un couple à 5 (rire générale). En plus individuellement c’est l’histoire la plus longue qu’on a vécu ! (rire de plus belle). Il faut savoir se réinventer comme dans tout couple, et surtout on a une confiance humaine et artistique. Il faut l’accord de tous dans notre processus de création, on est conscient du miracle que cela représente et conscient que cela peut s’arrêter…comme c’est romantique ! (rire)

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   > Le deuxième album est clairement plus intime, est ce facile de le partager à 5 puis de l’écrire ?

Je suis parti quelques semaines en Italie, je me suis retrouvé à Naples avec une valise de livres, et c’est en lisant Apollinaire, quand il parle de l’intime… cela résonne, le nom d’une rue, un numéro de porte, le prénom d’une femme finalement c’est très universel, il y a quelque chose de commun à l’humanité, on partage quelque chose. Nous ne voulions pas de complaisance d’amertume, on parle de l’alcool, du deuil, on s’est permis d’en parler de façon lumineuse, la vie donne et prends il faut l’accepter.

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> Êtes vous toujours juste dans l’interprétation ?

Le fantasme est de faire un concert juste de bout en bout. Il y a des fulgurances, comme dans la vie, parfois on joue, c’est une griserie dans l’instant.

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   > Ça vous fait quoi d’être des portes étendards de la scène française ?

Le public est là donc on ne se pose pas trop la question. Ce qui pourrait être inquiétant c’est la décorrélation qu’il y a entre la médiatisation et le succès. Le public nous donne beaucoup de force. Et de voir aujourd’hui que ce que l’on a voulu dire à travers l’album est reçu, est un vrai plaisir, un partage. Il y a cet échange, on ne se pose pas vraiment la question de savoir si l’on est avant ou arrière-garde.

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Merci à Feu! Chatterton pour cet échange !

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Jeune homme de 43 ans (argh) cinglé de cinéma et de musique, j'aime partager et transmettre mes pépites et autres découvertes ! mes goûts peuvent aller de Wagner à NTM tant que la musique m'apporte une émotion ....

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