En 2010, Lilly Wood & The Prick frappe fort avec l’excellent premier album Invincible Friends et ses sonorités folk-rock. Le duo est lancé et ne tarde pas à confirmer son talent deux années plus tard avec The Fight. Plus disco que son prédécesseur, ce deuxième opus a convaincu par ses rythmes dansants et a su prouver la singularité assumée de la formation pour notre plus grand plaisir. Nili et Benjamin étaient donc attendus de pied ferme après l’annonce de leur troisième album, Shadows, dans les bacs depuis le 13 novembre.
Lancé plusieurs mois auparavant par un premier single éponyme, Shadows s’annonçait très prometteur. Enregistré au Mali, le titre affichait d’ores-et-déjà les couleurs de l’album ; une ligne musicale électro atmosphérique soutenue par des rythmes africains. On reconnaissait dans ce virage stylistique la volonté qui a toujours été celle du duo de ne pas rentrer dans des cases, d’expérimenter et d’aller là où on les attend le moins. Ces nouveaux choix d’ambiance font de Shadows un album original et très personnel, ce que l’on ne peut qu’apprécier. Mais l’audace ne fait pas tout, et si on avait adoré le premier single, le reste de l’album apparaît un peu fade par rapport à nos attentes.
Malgré ces immersions dans d’autres styles, on reconnaît la patte de Lilly Wood & The Prick : ses rythmes naviguant sans cesse entre mélancolie et élan dansant, les thèmes abordés ou encore la délicieuse voix de Nili. Mais une fois passé le plaisir de retrouver ce duo tant aimé, et la surprise des nouvelles sonorités, le reste de l’opus manque de sensations. Pris un par un, les titres sont sympathiques, nous balançant entre douceur mélancolique (Le chant des sirènes, I Know I’ll Never Be Young Again), expérimentations sonores électroniques (Box of Noise, L’Enfant) ou rythmes entraînants (I Love You, Collapse). Mais si l’on considère l’album dans son ensemble, le tout est un peu monotone et manque d’une petite touche éclatante. Le côté africain, que l’on retrouve sur Shadows ou sur Forget, aurait pu être plus exploité, mais est malheureusement trop vite éclipsé par les synthés. Ainsi le morceau Mbe’Hera La, dont le titre laissait présager des envolées exotiques, n’exploite pas assez cet aspect malgré une rythmique énergique.
On aime donc retrouver Lilly Wood & The Prick pour son audace expérimentale, pour ses belles mélodies, mais aussi pour ses petites imperfections touchantes et révélatrices de la grande implication personnelle des deux artistes. Mais on est cependant un peu déçu du manque de vrai puissance de l’album. Si les morceaux sont bons, très peu restent cependant ancrés dans nos esprits.
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